Prêtres, vous complotez de nous sauver, à l’aide 
Des ténèbres, qui sont en effet le remède 
Contre l’astre et le jour ; 
Vous faites l’homme libre au moyen d’une chaîne ; 
Vous avez découvert cette vertu, la haine, 
Le crime étant l’amour.

Vous êtes l’innombrable attaquant le sublime ; 
L’esprit humain, colosse, a pour tête la cime 
Des hautes vérités ; 
Fatalement ce front qui se dresse dans l’ombre 
Attire à sa clarté le fourmillement sombre 
Des dogmes irrités. 

En vain le grand lion rugit, gronde, extermine ; 
L’insecte vil s’acharne ; et toujours la vermine 
Fit tout ce qu’elle put ; 
Nous méprisons l’immonde essaim qui tourbillonne ; 
Nous vous laissons bruire, et contre Babylone 
Insurger Lilliput. 

Pas plus qu’on ne verrait sous l’assaut des cloportes 
Et l’effort des cirons tomber Thèbe aux cent portes 
Et Ninive aux cent tours, 
Pas plus qu’on ne verrait se dissiper le Pinde, 
Ou l’Olympe, ou l’immense Himalaya de l’Inde 
Sous un vol de vautour,

On ne verra crouler sous vos battements d’ailes 
Voltaire et Diderot, ces fermes citadelles, 
Platon qu’Horace aimait, 
Et ce vieux Dante ouvert, au fond des cieux qu’il dore, 
Sur le noir passé, comme une porte d’aurore 
Sur un sombre sommet. 

Ce rocher, ce granit, ce mont, la pyramide, 
Debout dans l’ouragan sur le sable numide, 
Hanté par les esprits, 
S’aperçoit-il qu’il est, lui l’âpre hiéroglyphe, 
Insulté par la fiente ou rayé par la griffe 
De la chauve-souris ? 

Non, l’avenir ne peut mourir de vos morsures. 
Les flèches du matin sont divines et sûres ; 
Nous vaincrons, nous voyons ! 
Erreurs, le vrai vous tue ; ô nuit, le jour te vise ; 
Et nous ne craignons pas que jamais l’aube épuise 
Son carquois de rayons.

Donc, soyez dédaignés sous la voûte éternelle. 
L’idéal n’aura pas moins d’aube en sa prunelle 
Parce que vous vivrez. 
La réalité rit et pardonne au mensonge. 
Quant à moi, je serai satisfait, moi qui songe 
Devant les cieux sacrés, 

Tant que Jeanne sera mon guide sur la terre, 
Tant que Dieu permettra que j’aie, ô pur mystère ! 
En mon âpre chemin, 
Ces deux bonheurs où tient tout l’idéal possible, 
Dans l’âme un astre immense, et dans ma main paisible 
Une petite main.

Victor Hugo

Cliquez ci-dessous pour découvrir un poème sélectionné au hasard.

Plus de Poésie Gratuite sur Poetica Mundi

- Coloriage et écriture créative : Profitez des bienfaits de ces activités.
- Livres numériques : Anthologies et recueils célèbres.
- Poésie à encadrer : Poèmes à imprimer.
- Newsletter : Poèmes par e-mail.
- Poetica Mundi sur YouTube et Instagram.

Merci de me permettre de vous offrir plus de 16000 poèmes, de la poésie sur YouTube et des activités de méditation créatrice !

Blogueur et amateur de poésie, je suis heureux de pouvoir partager notre belle poésie française avec mes lecteurs. Qu'elle fasse partie de votre quotidien comme elle fait partie du miens et vous apporte de la détente et de la joie.
Johann - Poetica Mundi