0 ma si fragile compagne, Puisque nous souffrons à Paris, Envolons-nous dans la campagne Au milieu des gazons fleuris. Loin, bien loin des foules humaines, Où grouillent tant de cœurs bourbeux, Allons passer quelques semaines Chez les peupliers et les bœufs. Fuyons...
Si vous souhaitez lire ou relire les poèmes les plus célèbres et les plus beaux de Maurice Rollinat, vous êtes au bon endroit. Bien que l’art soit subjectif, j’ai tenté de sélectionner des poèmes incontournables de ce poète en me basant sur mes préférences...
Une nuit, dans un vieux cimetière pas riche, Ivre, le père Éloi, sacristain-fossoyeur, Parlait ainsi, d'un ton bonhomique et gouailleur, Gesticulant penché sur une tombe en friche : « Après que j'suis sorti d'l'auberge En sonnant l'Angelus, à c'soir, J'm'ai dit comme'...
À Albert Wolff. De la tourterelle au crapaud, De la chevelure au drapeau, À fleur d'eau comme à fleur de peau Les frissons courent : Les uns furtifs et passagers, Imperceptibles ou légers, Et d'autres lourds et prolongés Qui vous labourent. Le vent par les temps bruns...
Ce frais matin tout à fait sobre De vent froid, de nuage errant, Est le sourire le plus franc De ce mélancolique octobre. Lumineusement, l'herbe fume Vers la cime des châtaigniers Qui se pâment — désenfrognés Par le soleil qui les rallume. Les collines de la bruyère,...
Le braconnier ayant lu sur sa vieille ardoise Que je lui demandais son histoire, sourit, Et, dans son clair regard me dardant son esprit, Ainsi parla, de voix bonhomique et narquoise : « C'que j'vas vous dir' c'est pas au mensong' que j'l'emprunte ! J'suis sourd, mais...
À Georges Lorin. Un parfum chante en moi comme un air obsédant : Tout mon corps se repaît de sa moindre bouffée, Et je crois que j'aspire une haleine de fée, Qu'il soit proche ou lointain, qu'il soit vague ou strident. Fils de l'air qui les cueille ou bien qui les...
À Charles Keller. Venus des quatre coins de l'horizon farouche, De la cime des pics et du fond des remous, Les aquilons rageurs sont d'invisibles fous Qui fouettent sans lanière et qui hurlent sans bouche. Les ruisseaux n'ont jamais que des bruits susurreurs Dans leur...
Un jour que je pêchais dans sa rivière fraîche, Assis contre un bouleau qui brandillait au vent, Le vieux meunier Marchois par le discours suivant Sut me distraire de la pêche : « Voyez ! j'vis seul dans c'grand moulin Dont plus jamais l'tic tac résonne ; J'm'en...
Au cabaret, un jour de grand marché forain, Un bel ivrogne, pâle, aux longs cheveux d'artiste, Dans le délire ardent de son esprit chagrin, Ainsi parla, debout, d'une voix âpre et triste : « R'bouteux, louv'tier, batteur d'étangs et de rivière, Menuisier, Avec tous...
Loin des oreilles importunes, Le gars mangeant avec le vieux, D'un ton fier et malicieux Lui conte ses bonnes fortunes, De quelle sorte il fait sa cour, Et ce qu'il pense de l'amour. « Oui ! j'ai tout' les fill', mon pèr' Jacques ! N'import' laquell', quand j' la veux...
Ne sortant pas de faire jeûne, Une fois, le père Lucas, Sincère, et du fond de son âme, Disait à ses quatre grands gars, Tous, de l'aîné jusqu'au plus jeune, Bien en âge de prendre femme : « Mes enfants, faut peupler d'son espèc' ! Ya pas d'trêve ! Faut q'tout c'qui...
« Ah ! monsieur ! mon métier d'domestique a changé, Me dit le grand Charly, son béret sur l'oreille : En yentrant, j'croyais pas trouver un' plac' pareille, Et j'n'ai jamais encor si bien bu, ni mangé. Mon maîtr' ? C'est un homm' simpl' qui rest' dans sa nature, Sans...
I. Jean était un franc débonnaire, Jovial d'allure et de ton, Égayant toujours d'un fredon Son dur travail de mercenaire. Soucis réels, imaginaires, Aucuns n'avaient mis leur bridon À son cœur pur dont l'abandon Était le besoin ordinaire. Je le retrouve : lèvre amère...
Ses jupons troussés court comme sa devantière, Sous ses gros bas bleus bien tirés Laissant voir ses mollets cambrés À mi-chemin des jarretières, S'en vient près du vieux cantonnier La femme rousse du meunier : Cheveux frisés sur des yeux mièvres, Blanche de peau,...
La belle fille blanche et rousse, De la sorte, au long du buisson, Entretient la mère Lison À voix mélancolique et douce : « Moi cont' laquell' sont à médire Les fill' encor ben plus q' les gars, J' tiens à vous esposer mon cas, Et c'est sans hont' que j' vas vous l'...
En gardant ses douze cochons Ainsi que leur mère qui grogne, Et du groin laboure, cogne, Derrière ses fils folichons, La sœurette, bonne d'enfant, Porte à deux bras son petit frère Qu'elle s'ingénie à distraire, Tendre, avec un soin émouvant. C'est l'automne : le ciel...
À Edmond Haraucourt. La mauvaise pensée arrive dans mon âme En tous lieux, à toute heure, au fort de mes travaux, Et j'ai beau m'épurer dans un rigoureux blâme Pour tout ce que le Mal insuffle à nos cerveaux, La mauvaise pensée arrive dans mon âme. J'écoute malgré moi...
Il pleuvasse avec du tonnerre... Il est déjà tard... quand on voit Dans le bourg entrer le convoi De la défunte octogénaire. La clarté du jour s'est enfuie. Tristement, la voiture à bœufs A repris son chemin bourbeux : Le cercueil attend sous la pluie. Un lent...
Par un soir d'hiver triste et bien de circonstance, Un homme encor tout jeune et tout blanc de cheveux, En ces termes, devant le plus claquant des feux, Raconta le Lutin nié par l'assistance : — C'est pas à vous autr', c'est certain ! Fit-il, parlant d'une manière À...