19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
Vous n’avez pas de flair, Ollivier. C’est dommage. Comment ! Vous vous mettez à changer de plumage Juste à temps pour vous faire appeler renégat ; Quand il ne reste plus même un peu de nougat Sur la table où Rouher a joué des mâchoires ! Rien sur la nappe, rien même...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
On n’a pas eu besoin de les chasser. D’eux-mêmes Ils se sont esquivés, furtifs, grotesques, blêmes, La main à leur derrière ainsi qu’un bouclier, Perdant, l’un son toupet, l’autre son râtelier. Dégringolant, soufflant, suant à grosses gouttes, Ils se sont culbutés le...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
Voici le soir : pareils au clair de lune, Tes yeux charmants rêvent sous tes cils longs ; L’air est léger ; si tu veux, nous allons Dormir au bord de la mer, sur la dune. Un chant s’élève entendu par mon cœur, Un chant d’amour exhalé par ton âme. Triste et bien doux,...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
C’est un château galant, trianon germanique, Qu’un bottier de Cassel, laissant là sa manique, Construisit en l’honneur des grâces et des ris. Les fourrés sont épais, les sentiers sont fleuris ; L’ombre est douce, l’eau court dans le parc, les statues Agacent le...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
Ainsi que l’alouette Au bord du champ, Le paisible poëte Et dominant l’Fera son chant. De sa voix attendrie Il redira Ton angoisse, ô patrie ! Il chantera Ta grandeur dans l’épreuve Et ton courroux, Et tes voiles de veuve, Sacrés pour tous. Il dira, chère France,...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
Dans ces murs où l’écho répète les hoquets De son oncle Jérôme, au milieu des laquais Qui lui disent encor : « Sire, » le Bonaparte, Par instants, fixe un œil abruti sur la carte. Il voit les prussiens avancer sur Paris ; Il ricane. Un exprès annonce qu’on a pris Un...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
« Ils osent résister ! » disent-ils. Nous osons. Parce qu’ils ont chez eux l’homme des trahisons, Ils pensent nous trouver abattus. Bêtes brutes ! Mais ce coup décisif et fatal que vous crûtes Nous porter, s’est tourné contre vous justement. Décapité d’un roi, le bon...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
O France claire et gaie, amante au fier visage ! Toi qu’enivre, au milieu d’un riant paysage, La chanson de Ronsard et de Victor Hugo, Toi qui jettes aux cœurs un charmant quos ego ! Belle fille qui fuis, moqueuse, vers les saules, Regarde… un tas de gueux,...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
Ô sombre hiver ! Nuit de l’année, Viens ! Ne garde plus enchaînée La tempête désordonnée. Accours des quatre points des cieux ; Laisse l’ouragan furieux Briser les chênes soucieux. Âpre bise, ouragan sonore, Accourez tous, je vous implore Comme le soleil et l’aurore !...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
Mademoiselle Valentine A les yeux clairs et le teint blanc ; Comme un calice étincelant, Elle ouvre sa bouche enfantine. Le rondeau, le sonnet galant Semblent croître sous sa bottine ; Mademoiselle Valentine A les yeux clairs et le teint blanc. Son épaule ondule,...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
Victime au cœur blessé par les flèches d’Éros, Lorsque tu fatiguais les échos de Naxos Du bruit de tes sanglots, douloureuse Ariane, Pâle, le front caché dans ta main diaphane, Que le jour traversait de ses roses rayons, Savais-tu, savais-tu que, vainqueur des lions,...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
... Mais je prendrais mon cour meurtri, mon cœur qui saigne Et je l'enfilerais, pareil à ceux qu'on voit Galamment transpercés et peints sur une enseigne, Avec ces mots : - Ici l'on mange, ici l'on boit ! J'en ferais un hochet bien ciselé pour celle Dont la superbe...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
Que l'on m'enterre un matin De soleil, pour que nul n'essuie, Suivant mon cortège incertain, De vent, de bourrasque ou de pluie. Car, n'ayant jamais fait de mal A quiconque ici, je désire, Quand mon cadavre sépulcral Aura la pâleur de la cire, Ne pas, en m'en allant,...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
La douce Isabelle d’Espagne Songeait dans son appartement, Patrocinio, sa compagne, Priait le ciel dévotement, Quand on vint lui dire : « L’empire De votre ami Napoléon, À l’heure où nous parlons, expire, Reine de Castille et Léon. » Puis on lui conta la déroute De...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
Oh ! nous lui porterons nos souvenirs encore À cet esprit charmant, à cet être joyeux, À ce visage ouvert et franc comme une aurore, Et dont la mort, hélas ! vient de clore les yeux. Pauvres comédiens poursuivant une étoile Qui nous guide, au hasard des plaines et des...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
Proscrite par la haine implacable d’Héré, Latone au peplos bleu fuyait. Les noirs rivages, Où bouillonne l’épaisse écume aux bonds sauvages, Refusaient leur sol dur à son pas abhorré. Parfois, devant la gueule horrible des repaires, Où les fauves grondants abritent...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
C'est toi, chère exilée ! Oh ! Laisse que j'adore Ta figure divine où rayonne l'aurore, Ô république, amour vivace de nos cœurs ! La fosse où, dix-huit ans, de sinistres vainqueurs T'ont murée, est ouverte, et tu viens, souriante, Claire étoile aux rayons de qui tout...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
À Gustave Flaubert. Ainsi mourut la fille d’Hamilcar pour avoir touché au manteau de Tanit. Quand elle eut, de sa main curieuse, touché Au manteau de lumière et d’étoiles broché ; Quand ses yeux éperdus et troublés, que dilate Le désir, eurent bu l’azur et l’écarlate...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
Vous dont les rêves sont les miens, Vers quelle terre plus clémente, Par la pluie et par la tourmente, Marchez-vous, doux Bohémiens ? Hélas ! dans vos froides prunelles Où donc le rayon de soleil ? Qui vous chantera le réveil Des espérances éternelles ? Le pas grave,...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
Est-ce vous que j’aimai la première, Lucile, Lorsque j’eus mes quinze ans ? est-ce vous, indocile Écolière, toujours courant par les buissons ? Ne serait-ce point vous, Laurette ? Vos chansons Étaient d’un rossignol qui chante sous la nue, Et nous admirions tous votre...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
J’ai rêvé la douceur des joyeuses caresses Près de la femme aimée, au grand cœur, aux beaux yeux ; Les femmes, secouant les trésors de leurs tresses, À mon noir abandon m’ont livré soucieux. J’ai désiré la gloire. Ô haines vengeresses ! La gloire, dont j’aimais le...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
Strasbourg en flammes ; Toul qui se change en brasier ; Metz criant au secours dans un cercle d’acier ; Verdun où les obus s’abattent sans relâche ; Bitche et Phalsbourg poussant des râles ; Nancy lâche, O douleur ! Wissembourg dont on dit : « C’était là ! » Champ...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
Par les soirs où le ciel est pur et transparent, Que tes flots sont amers, noire mélancolie ! Mon cœur est un lutteur fatigué qui se rend, L'image du bonheur flotte au loin avilie. Que tes flots sont amers, noire mélancolie ! Oh ! qu'il me fait de mal ton charme...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
« Accourez tous !… battez la caisse !… le spectacle, Si la mauvaise humeur du temps n’y met obstacle, Sera fort curieux. Depuis Rome, cela Ne s’était jamais vu !… c’est un royal gala ! César de Prusse, ainsi que les césars antiques, Traînant après son char, avec leurs...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
Nous n’avons demandé le secours d’aucun roi ; Mais on te peut tout dire et confier, à toi, Soldat républicain, cœur loyal, homme juste Dont rien n’a pu lasser le dévoûment robuste. Nous sommes en danger, Garibaldi ! Depuis Deux sombres mois plus noirs et plus lourds...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
Dimanche : le soleil, dont les pâles rayons Nous font renaître encor lorsque nous les voyons, Luit dans le brouillard froid et gris ; les cheminées Se dressent sur les toits, noires, chaperonnées De tôle ; sur la place, écoutant les accords D’un orchestre guerrier,...
19ème siècle, Albert Glatigny, Poèmes
Le Destin a voulu que vous fussiez charmante, Et vous l’êtes. Riez, miss Mary, regardez : Vous charmez toute chose et tout vous complimente ; Les cœurs courent à vous, par vos beaux yeux guidés. Et vos cheveux sont d’or, l’air de mai les tourmente, Votre frais rire...