Fragment d'un fabliau. VERS ECRITS SUR L'ALBUM DE MADAME LA DUCHESSE DE SAINT LEU. Ils vous diront que vostre doulx langaige Les cueurs humains aliene et engaige, Et que l'accueil de vos doulces manières Peult appaiser Mars entre ses banières. Si vous touchez...
D'un souvenir si doux l'erreur évanouie Laisse au fond de mon âme un long étonnement. Madame DESBORDES-VALMORE. La chose n'est pas nouvelle, ce n'est pas la première lois que vous l'éprouvez ; et si vous vivez long-temps, ce ne sera pas la dernière. Imitation de J....
Fragment du poème d'Erinne Erinne a fait peu de choses ; ses vers sont peu nombreux, mais on y sent la présence des Muses. Aussi sa mémoire est immortelle, et la nuit obscure du temps ne la couvrira pas de ses ailes noires, pendant que des myriades entières de poètes...
…. Nature might stand up And say lo all the world : This was a man ! Shakspeare. La nature pouvait se lever, et dire au monde entier : C'était un homme ! Telle, aux regards surpris d'un jeune passager, Jeté par le hasard sous un ciel étranger, Où d'un monde inconnu...
Era la donzella ornata dî sembianze mirabili, di leggiadro conlegno, di voce molle, d'insinuante loquela. A. VERRI. La jeune fille était parée d'une merveilleuse beauté, d'un gracieux maintien, d'une voix douce, d'une séduisante parole. Que de ses blonds anneaux ton...
Fragment du poème d'Erinne Vous qui passez près de ce monument baigné de larmes, quand vous descendrez chez Pluton, dites-lui : Dieu des enfers, que tu es jaloux de la beauté ! ÉRINNE. Heureuse, ô jeunes Lesbiennes, La prêtresse du dieu des vers, Dont les vierges...
O mon oiseau dépaysé, oiseau chéri ! la terre étrangère jouit de toi, et moi j'ai la douleur de ton absence. Chant grec, trad. de Fauriel. …. Toujours la France aima la Grèce. N. -L. LEMERCIER. Jeune oiseau voyageur, fils du vautour des mers Qui d'une aile puissante,...
Humble et chétive fleur, par le sort condamnée, Sur le flanc d'un volcan pourquoi donc es-tu née ? Qu'as-tu fait à ce sort, dont l'injuste dédain Te refusa l'enclos d'un rustique jardin ? Au gré de sa faveur, ta grâce solitaire Eût fait même l'orgueil d'un somptueux...
La voilà, dites-vous ? Quoi ! c'est la jeune fille, Dont j'admirai naguère, au sein de sa famille, Dans leur pure fraîcheur les attraits séduisants ? Se peut-il que déjà cette fleur soit fanée, Et qu'en passant dix fois, l'année Ait vieilli ce front de seize ans ?...
Un jour aussi je voulus être Reine : D'ambition quel cœur n'est entaché ? Je me suis fait un Empire caché, Monde inconnu, hors a sa Souveraine : Mon Trône, est humble et n'a rien d'éclatant ; Mais nul péril aussi qu'on me le prenne : Combien de Rois n'en diraient pas...
Qui la méconnaîtrait cette terre sacrée, Si chère à la valeur, des beaux-arts honorée, Qu'un rayon du soleil, un seul cri des combats, Couvre soudain de fleurs, de fruits et de soldats ; Qui, pareille à l'épi courbé par la tempête, Au premier vent propice a relevé sa...
Déjà tu la connais, tu grandis sous son aile, Jeune enfant aux yeux noirs ; demeure-lui fidèle : Les fils de l'Hélicon, de leurs plus doux accords, A tes heureuses mains ont livré les trésors. Mais toi, brillant rameau d'une tige choisie, Féconde, et dès longtemps...
Ô monde ! ô vie ! ô temps ! fantômes, ombres vaines, Qui lassez, à la fin, mes pas irrésolus, Quand reviendront ces jours où vos mains étaient pleines, Vos regards caressants, vos promesses certaines ? Jamais, ô jamais plus ! L'éclat du jour s'éteint aux pleurs où je...
Qui ! Moi, moi l'envier, la chercher ou l'attendre ? Moi, d'un immense écho flatter ma faible voix ? Non, je n'y prétends point, mais je crois la comprendre ; Et je m'applaudis de mon choix ! Porter dans ses travaux la flamme au ciel ravie ; Nouveau fils de Japet...
Entre mes doigts guide ce lin docile, Pour mon enfant tourne, léger fuseau ; Seul tu soutiens sa vie encore débile, Tourne sans bruit auprès de son berceau. Les entends-tu, chaste Reine des anges ; Ces tintements de l'airain solennel ? Le peuple en foute entourant ton...
Lasse enfin de courir, vagabonde pensée, Ne reprendras-tu point ton allure passée ? Ton pas doit-il fouler le pavé des chemins, Et ta main, sans pudeur, toucher toutes les mains ? N'as-tu pas regretté, dans tes labeurs profanes, Forcée à te couvrir de grossiers...
Je connais dans les bois, sur le front des montagnes, La fleur qui sert d'asile aux songes incertains. Cours, ô jeune beauté, dépouille les campagnes ; Que leurs dons parfumés s'assemblent sous tes mains. Hâtons-nous de former la guirlande légère Qui doit rendre...
Ne blâmez point la molle rêverie Qui m'aide à fuir les pensers glorieux : Je ne puis rien aux maux de ma patrie ; Je veux du moins en détourner les yeux. Festins, où naît l'éclatante saillie, Apportez-moi vos plaisirs renaissants : La coupe d'or, l'amour et la folie...
Que je voudrais te voir, quand la tardive aurore Annonce le réveil de nos derniers beaux jours ! Ces derniers jours si doux, bien que déjà si courts, A tes côtés, pour moi, seraient plus doux encore ! Que je voudrais te voir ! Que je voudrais te voir ! Ici le tiède...
Merci, gentilles Jouvencelles, M'avez reçu dans le châtel. Soyez tendres autant que belles, Saurez les chants du ménestrel ; Les retins de mon noble maître, Car ai tout appris dans sa cour ; Vous conterai LA MORT D'AMOUR, Et vous verrai plorer peut-être ! N'est plus...
Seigneur, Seigneur ! Se peut-il que l'on meure ? Quittez enfin cette étroite demeure, Venez à nous ! Christ, Fils de Dieu, né du sein d'une femme, Qu'attend le ciel, que la terre réclame, Réveillez-vous ! L'ANGE DE LA PASSION. Le Christ est au tombeau ! Je l'ai vu !...
Une brise inconnue a passé sur la lyre, La lyre lui répond par un lugubre accord, Et de vagues terreurs tout bas semblent me dire : C'est un souffle de mort ! Je vois sur l'Hélicon un long crêpe s'étendre ; De ses harpes en deuil les gémissantes voix S'élèvent, et le...
Sur nos faubourgs l'aube venait de luire ; Son gai rayon sur ta couche brillait, Et dans ton cœur une voix semblait dire : « C'est aujourd'hui le quatorze juillet ; Ce beau soleil vit tomber la Bastille, De ce grand jour que le retour est doux ! » Ce beau soleil luit...
Qu'elle est gracieuse et belle ! Est-il rien d'aussi beau qu'elle ? Me diras-tu, matelot, Sur ta galère fidèle, Si la galère, ou le flot, Ou l'étoile est aussi belle ? Me diras-tu, chevalier, Toi dont l'épée étincelle, Si l'épée, ou le coursier, Ou la guerre est aussi...
Connaissez-vous ces monts dont la tête immobile Oppose son silence au bruit des flots mouvants ? Au sein de leurs rochers est un pieux asile Cher aux êtres souffrants. C'est là que chaque jour de fervents solitaires A la Reine du ciel répètent dans leurs vœux : «...
Que de ses blonds anneaux ton beau front se dégage ; Au ciel, jeune Mary, lève tes grands yeux bleus ! Vois-tu sur l'horizon monter ce blanc nuage, Dont le soleil naissant teint les flancs onduleux ? Celui-là dans son sein n'enferme point d'orage : Riant comme ta vie,...
Oui, si dans mes beaux jours, comme aujourd'hui, poète, Vous m'étiez apparu, mains jointes devant vous, Vous alors, à mes yeux, ange, saint ou prophète, J'aurais courbé la tête Et fléchi les genoux. Hélas ! à chaque pas nous sentons sur sa route, De ses jeunes...
Des feux du soir l'horizon se colore ; J'entends gronder un tonnerre lointain ; L'air embrasé semble irriter encore Ce mal brûlant qui dévore mon sein. Un bruit, un mot, tout accroît mon martyre : Epoux, amis, éloignez-vous de moi ; Que mon désir ne cause point...
J'aime à voir dans ces chants, nobles fils du génie, Qu'enfantait immortels l'aveugle d'Ionie, L'impétueux Ajax ceindre le fer d'Hector Et parer le Troyen de son baudrier d'or ; J'aime, après ces héros de l'antique épopée, A voir nos paladins échanger leur épée, Puis,...
Dans le vaste manoir tout se tait ou sommeille, Tout, hormis la fontaine au murmure argentin, Ou le vent, messager des roses qu'il éveille, Mêlant au bruit de l'eau quelque soupir lointain. Il est plus de minuit. D'une huile parfumée Les lampes, tour à tour, ont tari...
« S'il a plu à Dieu de nous honorer de quelques-uns de ses beaux dons, qu'ils ne soient consacrés qu'à notre propre perfectionnement et à rendre heureux ceux qui nous entourent, qui ont droit à jouir, et à jouir seuls de tout ce que nous pouvons être. » Éliza...
Ils étaient là tous trois ! A travers les nuages, La lune révélait sur leurs mâles visages D'un héroïque espoir les présages vainqueurs : Sous leurs habits grossiers battaient de nobles cœurs. Un serment généreux sort de ces bouches pures, Et l'écho menaçant, par...
Vieux Temple, antique honneur de la cité royale Où Clovis inclina sa tête martiale Et sentit, sous la main du pontife sacré, L'onde sainte mouiller son front régénéré : N'as-tu pas vu, du sein de ta froide poussière, Des siècles endormis, se lever l'ombre altière ?...
Charme puissant qui nous maîtrise, Esprit léger, Pareil au duvet, que les brises Font voltiger ; Pauvre de tes douceurs absentes, Que j'ai passé de nuits pesantes, Que de longs jours ! De ces jours, dont la lente suite, Sans rien laisser d'eux que leur fuite, Passe...
Le temps ce soir est gros d'orage ; Déjà, sous cet épais nuage, Il gronde là-bas faible et sourd : L'éclair est pâle, le ciel lourd, Et l'air muet, qu'en vain j'implore, Au front du prochain monument Laisse retomber pesamment Les plis du drapeau tricolore. Du soir, le...
Loin de moi, séduisante fée, Loin de moi ton prisme imposteur ! Trop souvent ton souris menteur Apaisa ma plainte étouffée. Pourquoi te plaire à m'égarer, Pourquoi ces perfides caresses ? Je ne crois plus à tes promesses, Non, je ne veux plus espérer. Les appuis que...
Ils me l'ont dit : parfois, d'un mot qui touche, J'ai réveillé le sourire ou les pleurs, Quelques doux airs ont erré sur ma bouche, Sous mes pinceaux quelques fraîches couleurs. Ils me l'ont dit ! connaissent-ils mon âme, Pour lui vouer sympathie ou dédain ? Non, je...
Je veux me fier A cette galère, Et d'un marinier Etre marinière. Il faut, ô ma mère, Pour ne pas rester, Que de te quitter L'amour me requière ! Cet enfant altier Me tient prisonnière, Et d'un marinier Me fait marinière. Adieu donc la terre, Pour ce pont flottant ;...
Tous en beauté croissaient ensemble, Sous le toit qui leur était cher ; Cherchez quel tombeau les rassemble ! Les monts, les fleuves et la mer ! Au soir, la même et tendre mère Suivait sous l'ombre de leurs cils De leurs rêves l'ombre éphémère ! Hélas ! les rêveurs où...
D'où vient que l'âme humaine est ainsi disposée, Que jamais ses regards troublés et mécontents N'ont pu s'accoutumer à la marche du temps ? Sur l'éternel chemin, chaque borne posée Nous attriste. D'où vient ? Je ne sais ; mais toujours Le vertige nous prend à voir...
Le jour fuit, la nuit tombe, et ses ombres glacées Ajoutent leur tristesse à mes tristes pensées ! Pour moi, tout est besoin, souffrance, isolement, Mon feu s'éteint, mon corps languit sans aliment, J'ai froid, j'ai faim. Pourtant du fond de mon asile J'entends le...
Oh ! pourquoi de ce Temps, l'étoffe de la vie, Ne pouvons-nous, dis-moi, jouir à notre envie, Sans le déchirer par lambeau ? Des trois formes qu'emprunte une essence commune, Passé, présent, futur, l'homme n'en connaît qu'une Du sein maternel au tombeau. Des uns,...
La paix, toujours et vainement briguée, La paix me fuit ; oh ! je suis fatiguée ! Je voudrais vivre, et ne veux plus courir : Vivre, pour moi, serait ne rien entendre, Ne rien prévoir, surtout ne rien attendre, Rêver enfin, car penser c'est souffrir. Que j'ai de fois,...
Laissez, ne troublez pas l'heure qui m'est donnée ; Que je puisse au bonheur reprendre un peu de foi ! Innombrables liens dont ma vie est gênée, Pensers de chaque instant, soins de chaque journée, Laissez, ô laissez-moi ! Je veux oublier tout, oui, tout pour cette...
Chrétien, la cloche t'appelle, Viens donc, viens donc, Viens prier à la chapelle, Viens chercher le saint pardon. C'est pour l'Église romaine L'instant du deuil et des pleurs, Que cet instant qui ramène Aux champs leurs mille couleurs ; Là, tous les cœurs se...
Pourquoi des anciens jours réveiller la mémoire ? Ma voix suffirait elle à leur immense gloire ? Laissez, laissez dormir les antiques douleurs, Ne forcez point mes yeux à se mouiller de pleurs. Parti du fond de la Syrie, Quel cri d'effroi glace nos cœurs ? Ô mort !...
Quand de la vie essayant le voyage, L'enfant sourit à son naissant destin, La Mort est là ; comme un léger nuage Elle apparaît à l'horizon lointain : Sans redouter cette ombre fugitive, Qu'aperçoit seule une mère craintive, Il rit, bercé d'ignorance et d'espoir ; Son...
Sur les monts vaporeux la nuit jette ses voiles ; Mon œil suit lentement sa marche dans les cieux ; Et je vois s'avancer, resplendissant d'étoiles, Son char silencieux. Le vent du soir émeut les feuilles vacillantes ; L'hymne de Philomèle éveille les échos ; Et des...
Oh ! ne puis-je étouffer les vains bruits de la vie, Éloigner son calice amer, Fuir cette route obscure, où je suis asservie, Pour des aspects plus doux, un horizon plus clair ! Viens donc, oh ! viens à moi, bienfaisante immortelle, Seule consolatrice à mes ennuis...
Si peu nombreux encore, tes jours coulent bien sombres, Jeune année, et ton front est enveloppé d'ombres. De ces nuages noirs, qui déguisent les cieux, Descendant les frimas à flots silencieux. Comme le froid chagrin sur une âme oppressée, La neige sur le sol tombe...
L'éclair luit, le tonnerre gronde ! Le voile d'une nuit profonde S'étend sur la face des cieux. D'où vient qu'en mon âme oppressée S'agite l'image effacée De jours déjà loin de nies yeux ? Ces jours, où la terre natale Aux mains d'une ligue fatale Livrait ses foyers...
Soleil, tu disparais sous l'aile de la nuit, Et mon triste regard vainement te poursuit. Demain ces monts d'azur te reverront encore ; Mais Julia demain ne verra pas l'aurore. De mes jours languissants, que la douleur flétrit, La flamme vacillante à chaque instant...
Ô qu'il est beau cet esprit immortel, Gardien sacré de notre destinée ! Des fleurs d'Eden sa tête est couronnée, Il resplendit de l'éclat éternel. Dès le berceau sa voix mystérieuse, Des vœux confus d'une âme ambitieuse, Sait réprimer l'impétueuse ardeur, Et d'âge en...
Qui les a vus franchir la puissante limite ? Comment de nos soldats ont-ils vaincu l'élite, Ces nombreux bataillons de guerriers inconnus ? Jusqu'aux murs de Lyon comment sont-ils venus ? Quoi ! déjà leurs coursiers s'abreuvent dans le Rhône ; Et des feux ennemis le...
« Délivrez-moi de ma lourde parure ; Ces longs habits, cette riche coiffure, Doublent encore la fatigue du soir. L'heure s'avance, et déjà du manoir Les murs épais sont enveloppés d'ombre. Seuls, du soldat veillant dans la nuit sombre, Les pas égaux font retentir les...
De force, au chemin qui nous coule, Pourquoi, Seigneur, nous pousser tous ? Si le Christ a fraye la route, Il savait ! Et que savons-nous ? Il souffrait pour sauver le monde, Pour laver la tache profonde De péchés longtemps amassés ! Mais traîner, victime inutile, De...
Dites-moi, bords féconds de l'antique Neustrie, Voisins des flots amers, Ce que va demander, si loin de sa patrie, Tout ce peuple à vos mers ? L'Alsace, dès longtemps, vaillante sentinelle Du pays menacé, A-t-elle tressailli d'une alarme nouvelle Dans son poste avancé...
Alors que sur les monts l’ombre s’est abaissée, Des jours qui ne sont plus s’éveille la pensée ; Le temps fuit plus rapide, il entraîne sans bruit Le cortège léger des heures de la nuit. Un songe consolant rend au cœur solitaire Tous les biens qui jadis l’attachaient...
Verts gazons où fleurit la blanche marguerite, Ombrage qu’au printemps la violette habite, Vallons, bocage, humble sentier, Dont la mousse reçoit cette pluie argentine Qui tombe au gré des vents du front de l’aubépine Ou des rameaux de l’églantier. Prés dont mes...
RÉCITATIF. Dieu des beaux-arts, père de l’harmonie, Vois régner en ces lieux la guerre et ses fureurs ! Tu m’abandonnes !... Dans les pleurs S’éteint le feu de mon génie. O douleur ! je verrai des vainqueurs insolens Dans ces murs apporter la flamme ; Nos autels...
Muse, est-ce vous ? dans ces bois dépouillés Où l’Aquilon au loin gronde et murmure, D’un long regard, aux bosquets effeuillés, Vous demandez leur riante parure. C’est vainement. L’impitoyable hiver Détruit les fleurs ; mais son souffle perfide Vous laisse au moins ce...
Vieux château de Windsor, dont les pierres gothiques Éveillent d’Albion les harpes romantiques, Livre au barde étranger quelque grand souvenir, Qu’il puisse avec ses chants léguer à l’avenir. Naguère j’ai cru voir, sous tes portiques sombres, De tes hôtes royaux errer...
Messager discret et fidèle, Dit un jour Amour au Zéphir, Je veux étonner l’avenir Du prix que j’accorde à ton zèle ! A mes yeux tu l’as mérité, Quand j’ai vu mes aveux timides Et les soupirs de la beauté Portés sur tes ailes rapides. Viens chez les heureux favoris Du...
Heureux qui, dans l’essor d’une verve facile, Soumet à ses pensers un langage docile ; Qui ne sent point sa voix expirer dans son sein, Ni la lyre impuissante échapper à sa main, Et cherchant cet accord, où l’âme se révèle, Jamais n’a dû maudire une note rebelle !......
Mon œil rêveur suit la barque lointaine Qui vient à moi, faible jouet des flots ; J’aime à la voir déposer sur l’arène D’adroits pécheurs, de joyeux matelots. Mais à ma voix, nulle voix qui réponde ! La barque est vide, et je n’ose approcher. Nacelle vagabonde, A la...
Vierges du Pinde, où cachez-vous ma Lyre ? L’ai-je égarée aux bosquets que j’aimais ? De son destin ne sauriez-vous m’instruire ? M’est-elle donc enlevée à jamais ? Pour la trouver, de la double colline Mes tristes pas deux fois ont fait le tour ; Mais vainement,...
Viens ! ô viens avec moi sur la mer azurée ; Qu’aux vents capricieux ma barque soit livrée. Tu seras ma compagne, alors que le soleil Colore l’Océan de son éclat vermeil, Ou lorsque, s’échappant de la nue orageuse, La neige au sein des flots tombe silencieuse. Que...
Le jour paraît, Zéphir s’éveille, Abandonne le sein des fleurs, Où, s’enivrant de leurs odeurs ; Il sommeillait depuis la veille. Sur son aile il porta cent fois Aux Dieux l’encens d’un sacrifice, Des accords à l’écho des bois. Ce jour, guidé par le caprice, Il...
Déjà la rapide journée Fait place aux heures du sommeil, Et du dernier fils de Vannée S’est enfui le dernier soleil. Près du foyer, seule, inactive, Livrée aux souvenirs puissants, Ma pensée erre, fugitive, Des jours passés aux jours présents. Ma vue, au hasard...
Viens, charmante saison, jeunesse de l’année, Viens animer encor le luth des Troubadours, Des fleurs que tu fais naître accours environnée, Elles seront le prix de nos chansons d’amours. Voici venir le jour où la Reine des anges, Seule, au pied de la croix, répandit...
Sur l’azur plus pâle des cieux Le crépuscule étend son voile, Des bergers la bleuâtre étoile Pare son front silencieux. Des oiseaux le peuple sonore Suspend ses concerts éclatans, Seul, un Rossignol chante encore, De ceux qu’un précoce printemps Pour nos plaisirs a...
L’air était pur ; un dernier jour d’automne, En nous quittant, arrachait la couronne Au front des bois ; Et je voyais d’une marche suivie Fuir le soleil, la saison et ma vie, Tout à la fois. Près d’un vieux tronc, appuyée en silence , Je repoussais l’importune...
Connaissez-vous ces bords qu’arrose la Baltique, Et dont les souvenirs, aimés du Barde antique, Ont réveillé la harpe amante des torrens ? Connaissez-vous ces champs qu’un long hiver assiège, L’orgueil des noirs sapins que respecte la neige, Ces rocs couverts de...
Pauvre harpe du barde, au lambris suspendue, Tu dormais, dès longtemps poudreuse et détendue. D’un souffle vagabond la brise de la nuit Sur ta corde muette éveille un léger brait : Telle dort en mon sein cette harpe cachée, Et que seule la Muse a quelquefois touchée....
Aux bords du Bendemir est un berceau de roses Que jusqu’au dernier jour on me verra chérir ; Le chant du rossignol, dans ses fleurs demi-closes, Charme les flots du Bendemir. J’aimais à m’y bercer d’un songe fantastique ; M’enivrant de parfums, de repos, d’avenir,...
Vers la France, ô légers nuages, Que chasse un vent rapide et frais , Portez à ses joyeux rivages Mes vœux, mes soupirs, mes regrets. Pays si cher à ma mémoire, Objet constant de mes désirs, Tu gardes mes songes de gloire, D’amour, de joie et de plaisirs. Loin de toi...