I La Lyre est l’amie éternelle ! L’Art montre l’éternel chemin ! Tout bonheur durable est en Elle, En Lui gît tout l’honneur humain ! Aux saintes cordes de la Lyre Vibre, après l’amoureux délire, Le réveil de notre fierté. A notre cœur même arrachées, Elles chantent,...
Dans ce marbre héroïque en creusant ta statue, Un artiste inconnu fixa l’éternité, O toi dont la splendeur nous fait vivre et nous tue, Femme de qui les temps connurent la Beauté. Il te fit cette image immortelle et profonde Où nos premiers regards retrouvent,...
Mai passe dans les champs comme un enfant de chœur, De ses petites mains versant avec délices, Dans les grands lys ouverts ainsi que des calices, Des larmes du matin la céleste liqueur. Devant l’ostensoir d’or que le soleil vainqueur Dresse sous le dais bleu du ciel...
L’été ne sait pas les chansons Que le printemps chantait au saule ; L’été marche et sur son épaule S’entasse l’or de la moisson ; Dans sa chevelure superbe Fleurissent les fleurs de la gerbe. — L’été ne sait pas les chansons Que le printemps chante au brin d’herbe....
Dans la tiède haleine des fleurs Le printemps passe par bouffées, Brodant l’aile aux mille couleurs Des libellules et des fées. Son vol accroche aux réseaux verts Des broussailles ébouriffées, Dépouille errante des hivers, De longs fils de soie, en trophées. L’air du...
Sous la calme splendeur de son front ingénu Quelle pensée habile ou quel rêve sommeille ? On croirait voir encor sur sa bouche vermeille Un mystique sourire imprégné d’inconnu. Le col harmonieux se dresse, pur et nu, Sous la nuque arrondie aux gerbes d’or pareille. Un...
I Le bleu du ciel pâlit. Comme un cygne émergeant D’un grand fleuve d’azur, l’Aube, parmi la brume, Secoue à l’horizon les blancheurs de sa plume Et flagelle l’air vif de son aile d’argent. Un long tressaillement autour d’elle s’éveille, Et, par flots onduleux...
Sous le poids des ans révolus Se sont penchés nos fronts moroses, Si bien que nous ne savons plus Pourquoi les printemps ont des roses. Les oublis et les abandons Ont mis sur nous leur main méchante, Si bien que nous nous demandons D’où vient que le rossignol chante....
Quand, penché sur le bord de la vie éternelle, Gouffre que le néant emplit silencieux, Tristement vers l’azur indifférent des cieux, Pour la dernière fois se tendra ma prunelle, Comptant le peu de bien que la vie eut en elle Et les obscurs déclins de mes jours...
O lampes des tombeaux, astres, feux symboliques Allumés dans la nuit sereine où nous mourons, Gazons qui fleurissez les humaines reliques, Vous n’êtes pas encor tout ce que nous serons ! Grands bois debout dans l’ombre où naissent les mystères, Nuages qui passez,...
Après vingt ans d’exil, de cet exil impie Où l’oubli de nos cœurs enchaîne seul nos pas, Où la fragilité de nos regrets s’expie, Après vingt ans d’exil que je ne comptais pas, J’ai revu la maison lointaine et bien-aimée Où je rêvais, enfant, de soleils sans déclin, Où...
Sous les premiers soleils qui déchirent la nue L’air plus doux s’allanguit de parfums hésitants. Ô mon unique amour, que ne t’ai-je connue Sur le seuil embaumé d’un éternel printemps ! L’air plus doux s’allanguit de parfums hésitants : Déjà l’âme des fleurs frissonne...
Du grand rêve païen par les âges déchue, Femme, cette douceur amère t’est échue De garder, sur ton front cher et découronné, Rameau toujours vivant, le laurier de Daphné. Si tu n’es plus debout, aux temps durs où nous sommes Entre l’amour des Dieux et le culte des...
Quand la pairie était comme l’herbe fauchée Sous les pieds et la dent féroce du vainqueur. Poète, j’ai pleuré du profond de mon cœur Et sa splendeur éteinte et sa gloire couchée. Devant les morts sacrés dont elle était jonchée, J’ai dit mon désespoir, ma haine, ma...
Je sais une maison fleurie D’où mon cœur n’est pas revenu, Et qui m’est comme une patrie Où l’exil m’a fait inconnu. Comme une feuille au vent fanée, A son seuil de lierre jeté, En n’y restant qu’une journée J’y laissai mon éternité. Car mon rêve, au lierre fidèle...
Les grands chênes, pareils à de sombres amants, Tordent dans l’air leurs bras où pend leur chevelure, Et, debout sous le vent, ont la sinistre allure Des mornes désespoirs et des accablements. Comme un prince très vieux dont la tête vacille Sous le poids des longs...
Je veux que le matin l’ignore Le nom que j’ai dit à la nuit, Et qu’au vent de l’aube, sans bruit Comme une larme il s’évapore. Je veux que le jour le proclame L’amour qu’au matin j’ai caché, Et, sur mon cœur ouvert penché, Ainsi qu’un grain d’encens l’enflamme. Je...
Dans le vieil hôtel catholique J’aime surtout la grande cour Où veille un fantôme de tour Sur lequel un lierre s’applique. Un platane mélancolique Y garde avec un vague amour Une urne à l’austère contour Où dort, sans doute, une relique Dans sa niche aux coins...
Au seuil de la maison dont vous étiez l’exemple, Nous demeurons pensifs, alors que vous partez, Alexis ! — Car, en vous, notre regret contemple L’honneur de tant de jours par des succès comptés ! Un demi-siècle est là qui garde la mémoire Des types immortels que votre...
Tout pleins de caresses vermeilles Des frissons d’or venus du ciel, S’envolent, comme des abeilles De ta chevelure de miel. Et ces filles de la lumière, L’aile vibrante de plaisir, Ont fait de ta blonde crinière La ruche où pose mon désir. Leur essaim sur tes lèvres...