D'un triste désespoir ma vie je bourrelle, Je la veux obscurcir d'une nuit éternelle, Puisque je suis si loin de mon heureux soleil, Car sans âme je vis, sans poumon je respire, Et absent de mon bien mon douloureux martyre Ensevelit mon cœur sous l'oublieux sommeil....
Mon sang est tout gelé, je n'ai plus dans le cœur De pouvoir pour encor entretenir ma vie, Mes nerfs sont retirés et je sens amortie La vertu qui tenait mes esprits en chaleur. Mes os n'ont plus en eux cette agréable humeur Qui les entretenait, et ma force est...
Perdez, froissez, tuez cette âme vagabonde, Qui délaissant ce jour cherche votre manoir, Ô puissances d'en-bas, si vous avez pouvoir Sur les captifs d'amour qui dédaignent ce monde. Vous Esprits, qui toujours allez faisant la ronde A l'entour de nos cœurs, tâchant...
Quand vous considérez en cette claire glace De vos perfections les belles raretés, Non, vous n'y voyez point cette parfaite grâce Que tout œil reconnaît aux traits de vos beautés. De quoi vous peut servir de savoir être belle ? C'est cela que sans plus vous montre le...
Un jour reconnaissant que je suis incapable, Belle, de vous servir, j'en vins au désespoir, Et prenant le chemin du désert effroyable, Je voulus m'y cacher pour jamais ne rien voir. C'est bien avoir des yeux de voir ce qui s'adresse, Et de le discerner. Mais voir...
Voulez-vous voir mon cœur, ouvrez-moi la poitrine, Vous y verrez les traits de vos rares beautés, Vous verrez en mon sang mille diversités Émues par l'amour qui par vous y domine. Vous y verrez l'ardeur de ma flamme divine, Vous verrez tout au près mes poumons agités...
Ainsi qu'on voit pleurer la chaste tourterelle Quand la mort a éteint la moitié de son cœur, Je veux en accusant ma fortune cruelle, Éloigné de vos yeux soupirer ma douleur. N'ai-je pas bien raison de faire ouïr ma plainte, Puis qu'à votre départ mon cœur s'en va de...
De feu, d'horreur, de mort, de peine, de ruine, Jours, nuits, ans, temps, moments, je me sens tourmenté, Et sous les fers meurtriers de ma captivité, Je vois l'amour cruel qui mon âme ruine. Je me perds de langueur, de douleurs je me mine, Ma vie fuit de moi par trop...
De fureur, de souci, mon âme tourmentée Sous votre cruauté, désire contre un fer, Caché dedans mon cœur, trébucher en l'enfer, Pour s'aller rafraîchir en l'onde Achérontée : Mais lors que de tel soin je la sens agitée, Voulant dedans mon sang teindre un mortel acier,...
De mon sang exhalé toute l'humeur périe Me laisse desséché, et l'esprit de mon cœur Éteint par trop d'ennui, me pousse en ma douleur Aux extrêmes effets de la mélancolie. Ha ! presque hors de moi forcenant de furie, Tué, brisé, rompu, accablé de malheur, J'ai souci,...
Faut-il qu'incessamment passionné je traîne Les rigoureux liens de l'amour qui me gêne, Et que sans espérer de me voir en repos Je loge le souci pour toujours en mes os, Que lamentant en vain mon malheur je soupire, Sans pouvoir m'alléger en mon cruel martyre,...
Je change de désirs, non pas de volonté, Je change de fortune, et non pas d'espérance, Je change de conseil, et non pas d'assurance, Je change de liens, non de captivité. De mourir pour vos yeux mes désirs ont été, Et ma fortune était en mon mal patience, Mon conseil,...
Je ne suis plus celui qui respirait la vie De vos yeux, mon soleil, je ne suis qu'un vain corps. Amour qui m'a frappé de ses traits les plus forts Pour triompher de moi, a mon âme ravie. Mon esprit erre en bas en la plaine obscurcie, Et mon corps au tombeau croît le...
Je veux seul, écarté, ores dans un bocage, Ores par les rochers, soupirer mon dommage, Et plaindre sous l'horreur du destin irrité, Je veux auprès des eaux tristement murmurantes, Et près l'obscurité des grottes effrayantes, Soulager mon esprit de soucis tourmenté....
Maintenant que l'Amour renaît heureusement Et qu'à ce beau printemps il commande qu'on plante D'un Mai long et dressé la désirable plante Il faut suivre l'arrêt de son commandement. J'ai un Mai long et gros et fort également, Poussant devers le haut une verdeur...
Mon âme languissait, et d'une longue haleine, Par mes tristes soupirs, j'allégeais en ma peine Mon éternel regret, et logeais en mes os Les soucis importuns qui m'ôtaient le repos. Tout m'était déplaisant et ma gêne cruelle Me pressait sous l'horreur de sa force...