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Rimes familières - En Espagne - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

Guitares et mandolines Ont des sons qui font aimer. Tout en croquant des pralines Pépa se laisser charmer Quand jetant dièzes, bécarres, Mandolines et guitares Vibrent pour la désarmer. Mandoline avec guitare Accompagnent de leur bruit Les amants suivant le phare De...

Rimes familières - La Libellule - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

Près de l’étang, sur la prêle Vole, agaçant le désir, La Libellule au corps frêle Qu’on voudrait en vain saisir. Est-ce une chimère, un rêve Que traverse un rayon d’or ? Tout à coup elle fait trêve À son lumineux essor. Elle part, elle se pose, Apparaît dans un éclair...

Rimes familières - La Statue - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

Le sculpteur modèle l’argile ; Puis, prenant le marbre indocile, Le pétrit dans sa main habile Avec un patient effort ; Ou bien sous sa fière tutelle Il soumet le bronze rebelle : Si la matière en est moins belle, Pour vaincre le temps il est fort ; Et contre ce temps...

Rimes familières - Le Chêne - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

Le chêne a-t-il grandi ? tient-il bien sa promesse, Ami des anciens jours ? Et ce que tu disais de lui dans sa jeunesse, Le penses-tu toujours ? Oui, c’était bien un chêne, et d’une fleur de serre Il n’a pas l’agrément ; Son écorce est rugueuse et sombre : en pleine...

Rimes familières - Le Japon - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

Rêve de laque et d’or, le Japon merveilleux, Planète inaccessible, étonnement des yeux, Brillait là-bas. Ce qu’il accomplissait naguère, Aucun peuple n’a su ni ne saura le faire ; C’était surnaturel à force d’être exquis ; Son génie éclatait dans le moindre croquis....

Rimes familières - Les Heures - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

Toutes nous blessent, la dernière Nous tue, ayant enfin pitié Quand elle achève sans colère L’œuvre faite plus d’à moitié. Les autres, même la plus douce, Hélas ! nous usent lentement, Et chacune d’elle nous pousse Vers le funèbre monument. Funèbre ? non. Quelle...

Rimes familières - Mea culpa - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

Meâ culpâ ! je m’accuse De n’être point décadent. Dans les fruits trop verts, ma Muse N’ose pas mettre la dent. Les gambades périlleuses Ne sont pas de mon ressort : Ces gaîtés sont dangereuses Pour qui n’est pas assez fort. La témérité m’enchante Chez les jeunes...

Rimes familières - Modestie - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

Plus d’un croit à sa victoire, N’étant pas très érudit ; À qui connaît mieux l’Histoire Tout orgueil est interdit. Tu pensais, triste éphémère, Atteindre au comble de l’art ! Poète, regarde Homère ! Ou, musicien, Mozart ! À tous ces géants énormes Que nous montre le...

Rimes familières - Mors - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

Pourquoi craindre la mort ? pourquoi s’effrayer d’elle ? La mort est chose naturelle : Naître, vivre et mourir, c’est tout l’homme en trois mots. Comme aux flots succèdent les flots, Comme un clou chasse l’autre, un homme prend la place De celui qui vivait hier, et...

Rimes familières - Ne soyons pas trop débonnaires - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

Ne soyons pas trop débonnaires ; Aimer quand même est lâcheté. Pour les méchants restons sévères, Gardons aux bons notre bonté. Pardonnez ! dit-on. —C’est facile, Et doux même aux cœurs bien placés. L’âpre vengeance est inutile ; Le mépris venge bien assez. Mais...

Rimes familières - À Augusta Holmès - L’Irlande t’a donnée à nous - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

L’Irlande t’a donnée à nous. Ta gloire est telle Qu’un double rayon brille à ton front : Astarté, Aussi belle que toi, ne savait qu’être belle ; Sapho qui t’égalait n’avait pas ta beauté. Tu chantes, comme vibre une forêt superbe Qu’agite la fureur des grands vents...

Rimes familières - Prélude - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

Te souviens-tu de la tonnelle Où nous déjeunâmes si bien ? De l’étincelante prunelle De la servante, et de son chien ? De l’omelette savoureuse ? De notre langage indiscret ? De la route au soleil poudreuse Et des chênes de la forêt ? En déjeunant, la Poésie Fut le...

Rimes familières - À Augusta Holmès - Il est beau de passer la stature commune - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

Il est beau de passer la stature commune ; Mais c’est un grand danger : Le vulgaire déteste une gloire importune Qu’il ne peut partager. Tant qu’on a cru pouvoir vous tenir en lisière Dans un niveau moyen, On vous encourageait, souriant en arrière Et vous disant :...

Rimes familières - Sæva Mater Amorum - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

Tu m’as persécuté toujours dans ta colère ; Tu n’as pas pardonné, O Vénus ! qu’au grand art, à l’étude sévère Mon cœur se fût donné ; Et tu m’as mis au flanc la chimère éternelle De l’Idéal rêvé : L’amour pur comme l’eau des lacs, profond comme elle, Que je n’ai pas...

Rimes familières - À Grenade - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

L’Alhambra, qu’ont bâti les enfants du prophète, Contre la vétusté vaillamment se défend. Il est toujours paré comme pour une fête ; On dirait qu’il espère : on dirait qu’il attend. Qui sait— (toujours l’Islam agrandit son empire !) Si les fils de Mahom, enchantement...

Rimes familières - La mer tente ma lyre avec ses épouvantes - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

La mer tente ma lyre avec ses épouvantes, Ses caresses de femme et ses goëmons verts. O mer trois fois perfide ! alors que tu me hantes Sur mon indignité j’ai les yeux grands ouverts. Je pourrais comme un autre en alignant des rimes Dire ton glauque azur aux vastes...

Rimes familières - À Madame Pauline Viardot - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

Gloire de la Musique et de la Tragédie, Muse qu’un laurier d’or couronna tant de fois, Oserai-je parler de vous, lorsque ma voix Au langage des vers follement s’étudie ? Les poètes guidés par Apollon vainqueur Ont seuls assez de fleurs pour en faire une gerbe Digne de...

Rimes familières - À M. Gabriel Fauré - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

Ah ! tu veux échapper à mes vers, misérable ! Tu crois les éviter. Ils sont comme la pluie : il n’est ni Dieu ni Diable Qui les puisse arrêter. Ils iront te trouver, franchissant les provinces Et les départements, Ainsi que l’hirondelle avec ses ailes minces Bravant...

Rimes familières - Adieu - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

Je pars. Le vaisseau superbe Qui m’emportera demain Comme un sanglier dans l’herbe Dort, puissant, calme et hautain. Trouverai-je la tempête ? Le cyclone, cet enfer ? Qu’importe ! c’est une fête De s’évader sur la mer. Je vais dans une île verte Que couronnent les...

Rimes familières - À M. Jacques D… - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

Jeune homme heureux à qui tout sourit dans la vie, Garde bien ton bonheur ! Tu n’as jamais connu la haine ni l’envie ; La paix est dans ton cœur. Ta mère n’est plus là : mais ton père est un frère Et ta femme est un ciel ; La coupe qui souvent n’a qu’une lie amère...

Rimes familières - Cave canem - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

Le chien n’est qu’un animal ; Mais l’homme, par qui tout change, De l’animal fait un ange, De la bête un idéal ; D’un museau noir, un poème De jais brillant au soleil. Rien sous les cieux n’est pareil Aux pattes du chien qu’on aime, À ses oreilles, tombant Avec grâce,...

Rimes familières - À M. Pierre B… - Camille Saint-Saëns

19ème siècle, Camille Saint-Saëns, Poèmes

Pierre, je t’ai vu naître et de ta jeune gloire J’aimerais à fêter les lauriers radieux. D’où vient donc ton silence et quelle est l’humeur noire Qui fait plier ton aile et te ferme les cieux ? Je la connais ; je sais qu’une triste chimère A toujours assombri ton âme....
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