Ô entre tes beautés, que ta constance est belle. C’est ce cœur assuré, ce courage constant, C’est parmi tes vertus, ce que l’on prise tant : Aussi qu’est-il plus beau, qu’une amitié fidèle ? Or ne charge donc rien de ta sœur infidèle, De Vézère ta sœur : elle va...
Jà reluisait la benoîte journée Que la nature au monde te devait, Quand des trésors qu’elle te réservait Sa grande clé, te fut abandonnée. Tu pris la grâce à toi seule ordonnée, Tu pillas tant de beautés qu’elle avait : Tant qu’elle, fière, alors qu’elle te voit En...
Toi qui oys mes soupirs, ne me sois rigoureux Si mes larmes à part toutes miennes je verse, Si mon amour ne suit en sa douleur diverse Du Florentin transi les regrets langoureux, Ni de Catulle aussi, le folâtre amoureux, Qui le cœur de sa dame en chatouillant lui...
Or dis-je bien, mon espérance est morte. Or est-ce fait de mon aise et mon bien. Mon mal est clair : maintenant je vois bien, J’ai épousé la douleur que je porte. Tout me court sus, rien ne me réconforte, Tout m’abandonne et d’elle je n’ai rien, Sinon toujours quelque...
Ô cœur léger, ô courage mal sûr, Penses-tu plus que souffrir je te puisse ? Ô bonté creuse, ô couverte malice, Traître beauté, venimeuse douceur. Tu étais donc toujours sœur de ta sœur ? Et moi trop simple il fallait que j’en fisse L’essai sur moi ? Et que tard...
Puisqu’ainsi sont mes dures destinées, J’en soûlerai, si je puis, mon souci. Si j’ai du mal, elle le veut aussi. J’accomplirai mes peines ordonnées Nymphes des bois qui avez étonnées, De mes douleurs, je crois quelque merci, Qu’en pensez-vous ? puis-je durer ainsi, Si...
C’était alors, quand les chaleurs passées, Le sale Automne aux cuves va foulant, Le raisin gras dessous le pied coulant, Que mes douleurs furent encommencées. Le paisan bat ses gerbes amassées, Et aux caveaux ses bouillants muids roulant, Et des fruitiers son automne...
Ce sont tes yeux tranchants qui me font le courage. Je vois sauter dedans la gaie liberté, Et mon petit archer, qui mène à son côté La belle gaillardise et plaisir le volage. Mais après, la rigueur de ton triste langage Me montre dans ton cœur la fière honnêteté. Et...
Ce n’est pas moi que l’on abuse ainsi : Qu’à quelque enfant ses ruses on emploie, Qui n’a nul goût, qui n’entend rien qu’il oie : Je sais aimer, je sais haïr aussi. Contente-toi de m’avoir jusqu’ici Fermé les yeux, il est temps que j’y voie : Et qu’aujourd’hui, las et...
Toy qui oys mes souspirs, ne me sois rigoureux, Si mes larmes à part, toutes mienes, je verse, Si mon amour ne suit en sa douleur diverse Du Florentin transi les regretz langoureux, Ny de Catulle aussi, le foulastre amoureux, Qui le cœur de sa dame en chastouillant...
Oh l’ai-je dit ? Hélas l’ai-je songé ? Ou si pour vrai j’ai dit blasphème-t-elle ? S’a fausse langue, il faut que l’honneur d’elle De moi, par moi, de sur moi, soit vengé. Mon cœur chez toi, ô madame, est logé : Là donne-lui quelque gêne nouvelle : Fais-lui souffrir...
Tu m'as rendu la veuë, Amour, je le confesse. De grace que c'estoit à peine je sçavoy, Et or toute la grace en un monceau je voy, De toutes parts luisant en ma grande maistresse. Or de voir et revoir ce thresor je ne cesse, Comme un masson qui a quelque riche paroy...
Quand à chanter ton los, parfois je m’aventure, Sans oser ton grand nom, dans mes vers exprimer, Sondant le moins profond de cette large mer, Je tremble de m’y perdre, et aux rives m’assure. Je crains en louant mal, que je te fasse injure. Mais le peuple étonné d’ouïr...
Un Lundy fut le jour de la grande journee Que l'Amour me livra : ce jour il fut vainqueur Ce jour il se fit maistre et tyran de mon cœur : Du fil de ce jour pend toute ma destinee. Lors fut à mon tourment ma vie abandonnee, Lors Amour m'asservit à sa folle rigueur....
Ce dit maint un de moi, de quoi se plaint-il tant, Perdant ses ans meilleurs en chose si légère ? Qu’a-t-il tant à crier, si encore il espère ? Et s’il n’espère rien, pourquoi n’est-il content ? Quand j’étais libre et sain j’en disais bien autant. Mais certes celui-là...
Vous qui aimez encore ne sçavez, Ores, m'oyant parler de mon Leandre, Ou jamais non, vous y debvez aprendre, Si rien de bon dans le cœur vous avez. Il oza bien, branlant ses bras lavez, Armé d'amour, contre l'eau se deffendre Qui pour tribut la fille voulut prendre,...
Vous qui aimer encore ne savez, Ores m’oyant parler de mon Léandre, Ou jamais non, vous y devez apprendre, Si rien de bon dans le cœur vous avez, Il osa bien branlant ses bras lavés, Armé d’amour, contre l’eau se défendre, Qui pour tribut la fille voulut prendre,...
C'est fait mon cœur, quittons la liberté. De quoi me huy servirait la défense, Que d'agrandir et la peine et l'offense ? Plus ne suis fort, ainsi que j'ai été. La raison fut un temps de mon côté, Or révoltée elle veut que je pense Qu'il faut servir, et prendre en...
PARDON AMOUR, pardon, ô Seigneur je te voue Le reste de mes ans, ma voix et mes écrits, Mes sanglots, mes soupirs, mes larmes et mes cris : Rien, rien tenir d’aucun que de toi, je n’avoue. Hélas comment de moi, ma fortune se joue. De toi n’a pas long temps, amour, je...
Ô vous maudits sonnets, vous qui prîtes l’audace De toucher à ma dame : ô malins et pervers, Des Muses le reproche, et honte de mes vers : Si je vous fis jamais, s’il faut que je me fasse Ce tort de confesser vous tenir de ma race, Lors pour vous les ruisseaux ne...
N’ayez plus mes amis, n’ayez plus cette envie Que je cesse d’aimer, laissez-moi obstiné, Vivre et mourir ainsi, puisqu’il est ordonné, Mon amour c’est le fil, auquel se tient ma vie. Ainsi me dit la fée, ainsi en Æagrie Elle fit Méléagre à l’amour destiné, Et alluma...
J’ai tant vécu, chétif, en ma langueur, Qu’or j’ai vu rompre, et suis encore en vie, Mon espérance avant mes yeux ravie, Contre l’écueil de sa fière rigueur. Que m’a servi de tant d’ans la longueur ? Elle n’est pas de ma peine assouvie : Elle s’en rit, et n’a point...
Quand tes yeux conquérants étonné je regarde, J’y vois dedans au clair tout mon espoir écrit, J’y vois dedans amour, lui-même qui me rit, Et me montre mignard le bonheur qu’il me garde. Mais quand de te parler parfois je me hasarde, C’est lors que mon espoir desséché...
Si contre amour je n’ai autre défense Je m’en plaindrai, mes vers le maudiront, Et après moi les roches rediront Le tort qu’il fait à ma dure constance. Puisque de lui j’endure cette offense. Au moins tout haut, mes rythmes le diront, Et nos neveux, alors qu’ils me...
Enfant aveugle, nain, qui n'as autre prouësse, Sinon en trahison quelque flesche tirer, Qui n'as autre plaisir sinon de deschirer En cent pieces les cœurs de la folle jeunesse ; Le corps sans honte nud si ton pere te laisse, Il monstre qu'on se doit loing de toy...
Lors que lasse est de me lasser ma peine, Amour, d'un bien mon mal refreschissant, Flate au cœur mort ma playe languissant, Nourrit mon mal, et luy faict prendre alaine. Lors je conçoy quelque esperance vaine ; Mais aussi tost ce dur tyran, s'il sent Que mon espoir se...
Quand tes yeux conquerans estonné je regarde, J'y veoy dedans à clair tout mon espoir escript ; J'y veoy dedans Amour luy mesme qui me rit, Et m'y monstre, mignard, le bon heur qu'il me garde. Mais, quand de te parler par fois je me hazarde C'est lors que mon espoir...
Helas ! combien de jours, helas ! combien de nuicts J'ay vescu loing du lieu, où mon cueur fait demeure ! C'est le vingtiesme jour que sans jour je demeure, Mais en vingt jours j'ay eu tout un siecle d'ennuis. Je n'en veux mal qu'à moy, malheureux que je suis, Si je...
Maint homme qui m'entend, lors qu'ainsi je la vante, N'ayant oncq rien pareil en nulle autre esprouvé, Pense, ce que j'en dis, que je l'aye trouvé, Et croit qu'à mon plaisir ces louanges j'invente. Mais si rien de son los en sa faveur l'augmente, Si de mentir pour...
Quand viendra ce jour là, que ton nom au vray passe Par France dans mes vers ? combien et quantes fois S'en empresse mon cœur, s'en demangent mes doits ? Souvent dans mes escris de soy mesme il prend place. Maulgré moy je t'escris, maulgré moy je t'efface. Quand...
J'allois seul remaschant mes angoisses passes : Voici (Dieux destournez ce triste mal-encontre !) Sur chemin d'un grand loup l'effroyable rencontre, Qui, vainqueur des brebis de leur chien delaissees, Tirassoit d'un mouton les cuisses despecees, Le grand deuil du...
N'ayez plus, mes amis, n'ayez plus ceste envie Que je cesse d'aimer ; laissés moi, obstiné, Vivre et mourir ainsi, puisqu'il est ordonné : Mon amour, c'est le fil auquel se tient ma vie. Ainsi me dict la fee ; ainsi en Aeagrie, Elle feit Meleagre à l'amour destiné, Et...
Quant à chanter ton los par fois je m'adventure, Sans ozer ton grand nom dans mes vers exprimer, Sondant le moins profond de ceste large mer, Je tremble de m'y perdre, et aux rives m'assure ; Je crains, en loüant mal, que je te face injure. Mais le peuple, estonné...
J'ay fait preuve des deux, meshuy je le puis dire : Sois je pres, sois je loing, tant mal traicté je suis, Que choisir le meilleur à grand' peine je puis, Fors que le mal present me semble tousjours pire. Las ! en ce rude choix que me fault il eslire ? Quand je ne la...
Ô cœur léger, ô courage mal seur, Penses tu plus que souffrir je te puisse ? Ô bonté creuze, ô couverte malice, Traitre beauté, venimeuse doulceur ! Tu estois donc tousjours seur de ta sœur ? Et moy, trop simple, il falloit que j'en fisse L'essay sur moy, et que tard...
Quoy ? qu'est ce ? ô vans, ô nuës, ô l'orage ! A point nommé, quand moy d'elle aprochant, Les bois, les monts, les baisses vois tranchant, Sur moy, d'aguest, vous passez vostre rage. Ores mon cœur s'embrase d'avantage. Allez, allez faire peur au marchant Qui dans la...
J'ay tant vescu, chetif, en ma langueur, Qu'or j'ay veu rompre, et suis encor en vie. Mon esperance avant mes yeulx ravie, Contre l'escueil de sa fiere rigueur. Que m'a servy de tant d'ans la longueur ? Elle n'est pas de ma peine assouvie : Elle s'en rit, et n'a point...
Ô l'ai je dict ? helas ! l'ai je songé ? Ou si, pour vrai, j'ai dict blaspheme telle ? Ça, faulce langue, il faut que l'honneur d'elle, De moi, par moi, desus moy, soit vangé. Mon cœur chez toi, ô Madame, est logé : Là donne lui quelque geine nouvelle, Fais luy...
Reproche moy maintenant, je le veux, Si oncq de toy j'ay eu faveur aucune, Traistre, legere, inconstance fortune. Reproche moi hardiment, si tu peux. Depuis le jour qu'en mal'heure mes yeux Voyent du ciel la lumiere importune, Je suis le but, la descharge commune De...
J'ay un Livre Thuscan, dont la tranche est garnie Richement d'or battu de l'une et l'autre part ; Le dessus reluit d'or ; et au dedans est l'art Du comte Balthasar, de la Contisanie. Où que je sois, ce livre est en ma compagnie. Aussi c'est un present de celle qui...
Ô qui a jamais veu une barquette telle, Que celle où ma maistresse est conduitte sur l'eau ? L'eau tremble, et s'esforçant sous se riche vaisseau, Semble s'enorgueillir d'une charge si belle. On diroit que la nuict à grands troupes appelle Les estoiles, pour voir...
Si contre Amour je n'ay autre deffence, Je m'en plaindray, mes vers le maudiront, Et apres moy les roches rediront Le tort qu'il faict à ma dure constance. Puis que de luy j'endure cette offence, Au moings tout haut, mes rithmes le diront, Et nos neveus, a lors qu'ilz...
Amour, lors que premier ma franchise fut morte, Combien j'avois perdu encor je ne sçavoy, Et ne m'advisoy pas, mal sage, que j'avoy Espousé pour jamais une prison si forte. Je pensoy me sauver de toy en quelque sorte, Au fort m'esloignant d'elle ; et maintenant je voy...
J'ay veu ses yeulx perçans, j'ay veu sa face claire ; Nul jamais, sans son dam, ne regarde les Dieux : Froit, sans cœur me laissa son œil victorieux, Tout estourdy du coup de sa forte lumiere : Comme un surpris de nuict aux champs, quand il esclaire, Estonné, se...
Ô vous, mauditz sonnetz, vous qui prinstes l'audace De toucher à Madame ! ô malings et pervers, Des Muses le reproche, et honte de mes vers ! Si je vous feis jamais, s'il fault que je me face Ce tort de confesser vous tenir de ma race, Lors, pour vous, les ruisseaux...
Si ma raison en moy s'est peu remettre, Si recouvrer asthure je me puis, Si j'ay du sens, si plus homme je suis, Je t'en mercie, ô bien heureuse lettre. Qui m'eust (hélas), qui m'eust sceu recognoistre, Lors qu'enragé, vaincu de mes ennuys, En blasphemant, Madame je...
Au milieu des chaleurs de Juillet l'alteré, Du nom de Marguerite une feste est chomee, Une feste à bon droit de moy tant estimee : Car de ce jour tout l'an ce me semble est paré. Ce beau et riche nom, ce nom vrayment doré, C'est le nom bienheureux dont ma Dame est...
J'estois prest d'encourir pour jamais quelque blasme, De colere eschaufé, mon courage brusloit, Ma fole voix au gré de ma fureur branloit, Je despitois les Dieux, et encores Madame, Lors qu'elle, de loing, jecte un brefuet dans ma flamme : Je le sentis soudain comme...
Ô, entre tes beautez, que ta constance est belle ! C'est ce cœur asseuré, ce courage constant, C'est, parmy tes vertus, ce que l'on prise tant : Aussi qu'est il plus beau qu'une amitié fidelle ? Or, ne charge donc rien de ta sœur infidele, De Vesere, ta sœur : elle va...
Si onc j'eus droit, or j'en ay de me plaindre : Car qui voudroit que je fusse content Estant loing d'elle ? Et je ne sçay pourtant, En estant pres, si mon mal seroit moindre. Ou pres, ou loing, le mal me vient atteindre ; J'ay beau fuir, en tous lieux il m'attend...
C'est Amour, c'est Amour, c'est luy seul, je le sens : Mais le plus vif amour, la poison la plus forte A qui onq pauvre cœur ait ouverte la porte. Ce cruel n'a pas mis un de ses traictz perçans, Mais arcq, traits et carquois, et luy tout, dans mes sens. Encor un mois...
Jà reluisoit la benoiste journee Que la nature au monde te devoit, Quand des thresors qu'elle te reservoit Sa grande clef te feust abandonnee. Tu prins la grace à toy seule ordonnee, Tu pillas tant de beautez qu'elle avoit, Tant qu'elle fiere, a lors qu'elle te veoit,...
Or, dis je bien, mon esperance est morte. Or est ce faict de mon ayse et mon bien. Mon mal est clair : maintenant je veoy bien, J'ay espousé la douleur que je porte. Tout me court sus, rien ne me reconforte, Tout m'abandonne, et d'elle je n'ay rien, Sinon tousjours...
J’ai vu ses yeux perçants, j’ai vu sa face claire : (Nul jamais sans son dam ne regarde les dieux) Froid, sans cœur me laissa son œil victorieux, Tout étourdi du coup de sa forte lumière. Comme un surpris de nuit aux champs quand il éclaire, Étonné, se pâlit si la...
C'est faict, mon cœur, quitons la liberté. Dequoy meshuy serviroit la deffence, Que d'agrandir et la peine et l'offence ? Plus ne suis fort, ainsi que j'ay esté. La raison fust un temps de mon costé, Or, revoltée, elle veut que je pense Qu'il faut servir, et prendre...
Je ne croiray jamais que de Venus sortisse Un tel germe que toy. Or ta race j'ay sceu, Ô enfant sans pitié : Megere t'a conceu, Et quelque louve apres t'a baillé pour nourrisse. Petit monstre maling, c'est ta vieille malice, Qui te tient acroupi ; aucun ne t'a receu...
Ores je te veux faire un solennel serment, Non serment qui m'oblige à t'aimer d'avantage, Car meshuy je ne puis ; mais un vray tesmoignage A ceulx qui me liront, que j'aime loyaument. C'est pour vray, je vivray, je mourray en t'aimant. Je jure le hault ciel, du grand...
C'est amour, c'est amour, c'est lui seul, je le sens, Mais le plus vif amour, la poison la plus forte. À qui onc pauvre cœur ait ouverte la porte : Ce cruel n'a pas mis un de ses traits perçants, Mais arc, traits et carquois, et lui tout dans mes sens. Encore un mois...
C'estoit alors, quand, les chaleurs passees, Le sale Automne aux cuves va foulant Le raisin gras dessoubz le pied coulant, Que mes douleurs furent encommencees. Le paisan bat ses gerbes amassees, Et aux caveaux ses bouillans muis roulant, Et des fruictiers son automne...
Je publiëray ce bel esprit qu'elle a, Le plus posé, le plus sain, le plus seur, Le plus divin, le plus vif, le plus meur, Qui oncq du ciel en la terre vola. J'en sçay le vray, et si cest esprit là Se laissoit voir avecques sa grandeur, Alors vrayment verroit l'on par...
Où qu'aille le Soleil, il ne voit terre aucune, Où les maulx que tu fais ne te facent nommer. Mais de toy icy bas qu'en doit l'on presumer, Quand de ton pere aussi tu n'as mercy pas une ? Ta force en terre, au ciel, par tout le monde est une : L'oiseau par l'air...
Je vois bien, ma Dordogne encore humble tu vas : De te montrer Gasconne en France, tu as honte. Si du ruisseau de Sorgue, on fait ores grand conte, Si a-t-il bien été quelquefois aussi bas. Vois-tu le petit Loir comme il hâte le pas ? Comme déjà parmi les plus grands...
Ce dict maint un de moy : " De quoy se plaint il tant, Perdant ses ans meilleurs, en chose si legiere ? Qu'a il tant à crier, si encore il espere ? Et, s'il n'espere rien, pour quoy n'est il content ? " Quand j'estois libre et sain, j'en disois bien autant ; Mais...
"Je sçay ton ferme cueur, je cognois ta constance : Ne sois point las d'aimer, et sois seur que le jour, Que mourant je lairray nostre commun sejour, Encor mourant, de toy j'auray la souvenance. J'en prens tesmoing le Dieu qui les foudres eslance, Qui ramenant pour...
Ou soit lors que le jour le beau Soleil nous donne, Ou soit quand la nuict oste aux choses la couleur, Je n'ay rien en l'esprit que ta grande valeur, Et ce souvenir seul jamais ne m'abandonne. A ce beau souvenir tout entier je me donne, Et s'il tire avec soy tousjours...
J’étais près d’encourir pour jamais quelque blâme. De colère échauffé mon courage brûlait, Ma folle voix au gré de ma fureur branlait, Je dépitais les dieux, et encore ma dame. Lorsqu’elle de loin jette un brevet dans ma flamme Je le sentis soudain comme il me...
Ce jourd'huy du Soleil la chaleur alteree A jauny le long poil de la belle Ceres : Ores il se retire ; et nous gaignons le frais, Ma Marguerite et moy, de la douce seree, Nous traçons dans les bois quelque voye esgaree : Amour marche devant, et nous marchons apres. Si...
Je tremblois devant elle, et attendois, transi, Pour venger mon forfaict quelque juste sentence, A moi mesme consent du poids de mon offence, Lors qu'elle me dict : " Va, je te prens à merci. Que mon loz desormais par tout soit esclarci : Emploie là tes ans, et, sans...
Pardon, Amour, Pardon : ô seigneur, je te voüe Le reste de mes ans, ma voix et mes escris, Mes sanglots, mes souspirs, mes larmes et mes cris : Rien, rien tenir d'aucun que de toy, je n'advoüe. Helas ! comment de moy ma fortune se joue ! De toy, n'a pas long temps,...
Je tremblais devant elle, et attendais, transi, Pour venger mon forfait quelque juste sentence, À moi-même con(sci)ent du poids de mon offense, Lorsqu’elle me dit, va, je te prends à merci. Que mon los désormais partout soit éclairci : Employe là tes ans : et sans...
Ce n'est pas moy que l'on abuse ainsi : Qu'à quelque enfant, ces ruzes on emploie, Qui n'a nul goust, qui n'entend rien qu'il oye : Je sçay aymer, je sçay hayr aussi. Contente toy de m'avoir jusqu'ici Fermé les yeux ; il est temps que j'y voie, Et que meshui las et...
Je veux qu'on sçache au vray comme elle estoit armee Lors qu'elle print mon cœur au dedans de son fort, De peur qu'à ma raison on n'en donne le tort, Et de m'avoir failli qu'elle ne soit blasmee. Sa douceur, sa grandeur, ses yeulx, sa grace aimee, Fut le reng qui...
Puis qu'ainsi sont mes dures destinees, J'en saouleray, si je puis, mon soucy, Si j'ay du mal, elle le veut aussi : J'accompliray mes peines ordonnees. Nymphes des bois, qui avez, estonnees, De mes douleurs, je croy, quelque mercy, Qu'en pensez-vous ? Puis-je durer...
Si ma raison en moi s’est pu remettre, Si recouvrer asteure je me puis, Si j’ai du sens, si plus homme je suis, Je t’en mercie, ô bienheureuse lettre. Qui m’eût (hélas) qui m’eût su reconnaître Lorsqu’enragé vaincu de mes ennuis, En blasphémant ma dame je poursuis ?...
Ce sont tes yeux tranchans qui me font le courage. Je veoy saulter dedans la gaïe liberté, Et mon petit archer, qui mene à son costé La belle gaillardise et plaisir le volage ; Mais apres, la rigueur de ton triste langage Me monstre dans ton cœur la fiere honesteté ;...
Je voy bien, ma Dourdouigne, encor humble tu vas : De te monstrer Gasconne, en France, tu as honte. Si du ruisseau de Sorgue on fait ores grand conte, Si a il bien esté quelquefois aussi bas. Voys tu le petit Loir comme il haste le pas ? Comme desjà parmy les plus...
Quand celle j'oy parler qui pare nostre France, Lors son riche propos j'admire en escoutant ; Et puis s'elle se taist, j'admire bien autant La belle majesté de son grave silence. S'elle escrit, s'elle lit, s'elle va, s'elle dance, Or je poise son port, or son maintien...
Quoi ? qu’est-ce ? ô vents, ô nues, ô l’orage ! À point nommé, quand d’elle m’approchant Les bois, les monts, les baisses vois tranchant Sur moi d’aguet vous poussez votre rage. Ores mon cœur s’embrase davantage. Allez, allez faire peur au marchand, Qui dans la mer...
Elle est malaade, helas ! que faut-il que je face ? Quel confort, quel remede ? Ô cieux, et vous m'oyez Et tandis devant vous, ce dur mal vous voyez Oultrager sans pitié la douceur de sa face ! Si vous l'ostez, cruels, à ceste terre basse, S'il faut d'elle là haut que...
L'un chante les amours de la trop belle Hélène, L'un veut le nom d'Hector par le monde semer, Et l'autre par les flots de la nouvelle mer Conduit Jason gaigner les trésors de la laine. Moy je chante le mal qui à mon gré me meine : Car je veus, si je puis, par mes...
Quand j'ose voir Madame, Amour guerre me livre, Et se pique à bon droit que je vay follement Le cercher en son regne ; et alors justement Je souffre d'un mutin temeraire la peine. Or me tiens-je loing d'elle, et ta main inhumaine, Amour, ne chomme pas : mais si...
Quand viendra ce jour là, que ton nom au vrai passe Par France, dans mes vers ? Combien et quantes fois S’en empresse mon cœur, s’en démangent mes doigts ? Souvent dans mes écrits de soi-même il prend place. Malgré moi je t’écris, malgré moi je t’efface. Quand Astrée...