La vague roule et s'effondre… - Francis Vielé-Griffin

La vague roule et s'effondre, Se reploie et remonte et s'éploie : - Son culte étreint le monde D'un océan de joies. La vague se dresse et s'écroule, S'assemble et brandit sa clarté : - Elle donne une âme à la foule Et la pare de sa beauté. La vague surgit et nous...

N'importe ? pensée, Alerte ! - Francis Vielé-Griffin

N'importe ? pensée, Alerte ! L'écho de nos pas nous approuve ; Marchons vers la vaste mer verte Sur la route qui s'ouvre. Je t'interpelle dans l'ombre, Ou me tais pour entendre ta voix - Le ciel s'est fait bas et sombre Et pèse comme la voûte des bois - Alerte, vers...

N'est-il une chose au monde… - Francis Vielé-Griffin

« N'est-il une chose au monde, Chère, à la face du ciel - un rire, un rêve, une ronde, Un rayon d'aurore ou de miel N'est-il une chose sacrée - un livre, une larme, une lèvre, Une grève, une gorge nacrée, Un cri de fierté ou de fièvre N'est-il une chose haute, Subtile...

La ronde ailée des heures… - Francis Vielé-Griffin

La ronde ailée des heures Tourne dans la prairie. Pas une qui demeure Qu'elle pleure, qu'elle rie. Elles fuient entraînées Vers le couchant de gloire… Quel soir (de quelle année ?) Se mire au flot de Loire ? Qui voudrait ressaisir, Fantômes clairs et chantants, La...

Reflets - Francis Vielé-Griffin

Sous l'eau du songe qui s'élève, Mon âme a peur, mon âme a peur ! Et la lune luit dans mon cœur, Plongé dans les sources du rêve. Sous l'ennui morne des roseaux, Seuls les reflets profonds des choses, Des lys, des palmes et des roses, Pleurent encore au fond des eaux....

On part à sa guise et l'on chante… - Francis Vielé-Griffin

On part à sa guise et l'on chante - Quel écho dira le refrain ? Ce sont nos vieux airs qui me hantent, Et comme une angoisse m'étreint On part à son heure et sans hâte - Et le pas s'est précipité On a choisi la route plate - Nous allons gravir le sentier ; On part...

On part… et l'automne morose… - Francis Vielé-Griffin

On part… et l'automne morose Que l'on croise au tournant du chemin Flétrit d'un souffle les roses Qu'on emportait dans la main ; On part, et la pluie, éployée Comme une aile, vous frôle la joue : La pluie banale a noyé Tes larmes et les mêle à la boue. On part vers...

Rester ? tu es folle, pensée ! - Francis Vielé-Griffin

Rester ? tu es folle, pensée ! On serait seul – rien ne dure Rester comme une ombre aux croisées, Comme un portrait qui sourit au mur ? C'est déjà trop qu'on s'attarde ; Notre heure est loin sur la route - Qu'est-ce donc que tu regardes Là-bas ? Qu'est-ce que tu...

N'es-tu lasse, aussi, de rêver d'hier ? - Francis Vielé-Griffin

N'es-tu lasse, aussi, de rêver d'hier ? N'es-tu prête à prophétiser ? Je suis triste et seul et fier De mon rêve maîtrisé. Ne veux-tu pas songer à l'ombre Enfin ! où nous entrons ce soir ; Et voudrais-tu que je renombre Mes vieux et mes jeunes espoirs ? Je suis...

Son temple est vaste et morose… - Francis Vielé-Griffin

Son temple est vaste et morose ; Son culte est fébrile et sans fin ; La prière, sans une pause, S'élève d'hier en demain ; Et seul le choeur varie : Tantôt maintes voix, tantôt une, Aux accords du vent se marient Au-dessus de la grève et des dunes ; On chante de voix...

D'autres viendront par la prée… - Francis Vielé-Griffin

D'autres viendront par la prée S'asseoir au banc de la porte ; Tu souriras belle et parée, Du seuil, à ta jeune escorte : Ils marcheront à ta suite Aux rayons de ton printemps - Qu'ont-ils à courir si vite ? Moi, j'eus, aussi, leurs vingt ans Ils auront tes sourires...

Je suis riche de soirs et d'aurores… - Francis Vielé-Griffin

Je suis riche de soirs et d'aurores, De chants, de parfums, de clarté ; Quel fruit cueillerais-je encore Au verger de ta beauté ? Je suis ivre d'étés et d'automnes, De fleurs, de fruits et de vins ; Tu m'as fait de toi-même aumône : Qu'aurais-je imploré demain ? Mon...

Qui taillera cette vigne… - Francis Vielé-Griffin

Qui taillera cette vigne Au pâle soleil d'hiver ? - Là-haut, passeront des cygnes ; Là-bas, les blés seront verts S'il te regarde d'ici, Il te verra frileuse et fine ; Mais il aura d'autres soucis Que ta fine beauté divine ; Et nul autre, d'heures en heures, Jour par...

C'est peu que ces dix années - Francis Vielé-Griffin

C'est peu que ces dix années Au cours de ta vie en fleur : Les siècles te sont donnés ; Nous n'avons que des heures. C'est peu ; et c'est toute la fleur, Pourtant, de ma vie éphémère ; La fleur est fanée et j'ai peur, Car le fruit de la vie est amer. Tes roses...

Tu n'as rien pris de mon âme… - Francis Vielé-Griffin

Tu n'as rien pris de mon âme Que je ne te l'aie donné ; Mon rêve est tendre et calme De l'œuvre de ma journée ; Je n'ai rien pris de ta lèvre Qu'un baiser et qu'un refrain ; Le soir vient, je me lève, Et je reprends le chemin ; Je te quitte, tu me laisses aller - Toi,...

Mon pas, sur la route d'automne… - Francis Vielé-Griffin

Mon pas, sur la route d'automne, Berce la chanson des adieux Au rythme monotone De la plaine grise et des cieux ; Je me sens si fort et si leste Que je marche au son de mes pas, Entre le double geste Balancé de mes bras ; Ma pensée monte, lente, Comme l'étoile du soir...

Je chante haut pour m'entendre… - Francis Vielé-Griffin

Je chante haut pour m'entendre, Car la nuit est noire et sans voix ; - La route est molle et la terre est tendre Il a plu trois jours sur les bois. Je frappe le sol en cadence Du bout de mon bâton ferré - Ici, l'ombre des bois est si dense Qu'en plein jour on n'y...

On se prouve que tout est bien… - Francis Vielé-Griffin

On se prouve que tout est bien ; Qu'il est sage de changer de rêve ; Que tout sera mieux, demain ; Que le passé s'y achève ; Qu'il est bon de rompre un lien ; De fouler les feuilles mortes ; Qu'hier est déjà trop ancien Pour qu'on en cause encor de la sorte ; Que la...

Demain est aux vingt ans fiers… - Francis Vielé-Griffin

Demain est aux vingt ans fiers ; Leurs rires passent, et l'on reste accoudé ; On a honte, un peu, de ses joyeux hiers, Comme d'un habit démodé. Demain, c'est l'automne qui parle De plus près à l'oreille qui l'écoute. Je suis sans regret, mais j'ai mal ; Je suis sans...

J'emporte comme un fardeau léger… - Francis Vielé-Griffin

J'emporte comme un fardeau léger, Comme une gerbe de fleurs et de feuilles, Toute l'ombre de ton verger, Toute la lumière de ton seuil ; Le poids est si doux qu'il m'enivre D'un baiser de lys sur la bouche ; Faut-il donc tout ceci pour, enfin, que tu livres L'aveu de...