Voici une petite sélection des plus beaux poèmes d'amour de François de Malherbe. Bien que l’art soit subjectif, j’ai tenté de sélectionner les poèmes les plus beaux et les plus connus en me basant sur mes préférences personnelles et leur présence dans plusieurs...
Si vous souhaitez lire ou relire les poèmes les plus célèbres et les plus beaux de François de Malherbe, vous êtes au bon endroit. Bien que l’art soit subjectif, j’ai tenté de sélectionner des poèmes incontournables de ce poète en me basant sur mes préférences...
(Sur la réduction de Marseille à l'obéissance de ce roi, sous les ordres du duc de Guise, gouverneur de Provence.) 1596. Enfin, après tant d'années, Voici l'heureuse saison, Où nos misères bornées Vont avoir leur guérison. Les dieux, longs à se résoudre, Ont fait un...
(M. Puget qui fut ensuite Évêque de Marseille.) 1614. (Le mari parle.) Celle qu'avait Hymen à mon cœur attachée, Et qui fut ici-bas ce que j'aimais le mieux, Allant changer la terre à de plus dignes lieux, Au marbre que tu vois sa dépouille a cachée. Comme tombe une...
Alcandre plaint la captivité de sa maîtresse. 1609. Que d'épines, Amour, accompagnent tes roses ! Que d'une aveugle erreur tu laisses toutes choses À la merci du sort ! Qu'en tes prospérités à bon droit on soupire ! Et qu'il est mal aisé de vivre en ton empire, Sans...
FRAGMENTS D'UNE ODE AU ROI HENRI LE GRAND. 1596. Soit que, de tes lauriers la grandeur poursuivant, D'un cœur où l'ire juste et la gloire commande Tu passes comme un foudre en la terre flamande, D'Espagnols abattus la campagne pavant ; Soit qu'en sa dernière tête...
1611. Plus Mars que Mars de la Thrace, Mon père victorieux Aux rois les plus glorieux Ota la première place. Ma mère vient d'une race Si fertile en demi-dieux, Que son éclat radieux Toutes lumières efface. Je suis poudre toutefois, Tant la Parque a fait ses lois...
Pour Henri le Grand, sous le nom d'Alcandre. 1609. Quelque ennui donc qu'en cette absence Avec une injuste licence Le Destin me fasse endurer, Ma peine lui semble petite Si chaque jour il ne l'irrite D'un nouveau sujet de pleurer ! Paroles que permet la rage À...
(Pour le premier ballet de monseigneur le Dauphin, dansé au mois de janvier 1610.) Voici de ton État la plus grande merveille, Ce fils où ta vertu reluit si vivement ; Approche-toi, mon prince, et vois le mouvement Qu'en ce jeune Dauphin la musique réveille. Qui...
Sur le départ de la vicomtesse d'Auchy. 1608. Ils s'en vont ces rois de ma vie,Ces yeux, ces beaux yeux,Dont l'éclat fait pâlir d'envieCeux mêmes des cieux.Dieux, amis de l'innocence,Qu'ai-je fait pour mériterLes ennuis où cette absenceMe va précipiter ? Elle s'en va...
Pour Henri le Grand, sur la dernière absence de la princesse de Condé. 1609. Que n'êtes-vous lassées, Mes tristes pensées, De troubler ma raison, Et faire avecque blâme Rebeller mon âme Contre ma guérison ! Que ne cessent mes larmes, Inutiles armes ! Et que n'ôte des...
Après la guerre de 1621 et 1622 contre les Huguenots. 1623. Muses, je suis confus ; mon devoir me convie À louer de mon roi les rares qualités ; Mais le mauvais destin qu'ont les témérités Fait peur à ma faiblesse et m'en ôte l'envie. À quel front orgueilleux n'a...
Fragments d'une ode. Les peuples, pipés de leur mine, Les voyant ainsi renfermer, Jugeaient qu'ils parlaient de s'armer Pour conquérir la Palestine, Et borner de Tyr à Calis L'empire de la fleur de lis : Et toutefois leur entreprise Était le parfum d'un collet, Le...
Pour Alcandre, au retour d'Oranthe à Fontainebleau. 1609. Revenez, mes plaisirs, ma dame est revenue ; Et les vœux que j'ai faits pour revoir ses beaux yeux. Rendant par mes soupirs ma douleur reconnue, Ont eu grâce des cieux. Les voici de retour ces astres adorables...
FRAGMENT. 1604. L'Orne comme autrefois nous reverrait encore, Ravis de ces pensers que le vulgaire ignore, Egarer à l'écart nos pas et nos discours, Et, couchés sur les fleurs comme étoiles semées, Rendre en si doux ébat les heures consumées, Que les soleils nous...
Sur l'éloignement prochain de la comtesse de La Roche, ou de la vicomtesse d'Auchy. 1608. Le dernier de mes jours est dessus l'horizon ;Celle dont mes ennuis avaient leur guérisonS'en va porter ailleurs ses appas et ses charmes.Je fais ce que je puis, l'en pensant...
STANCES. 1586. Si des maux renaissants avec ma patience N'ont pouvoir d'arrêter un esprit si hautain, Le temps est médecin d'heureuse expérience ; Son remède est tardif, mais il est bien certain. Le temps à mes douleurs promet une allégeance, Et de voir vos beautés se...
(Sous le nom de Rodanthe.) 1622 ou 1623. Chère beauté que mon âme ravie Comme son pôle va regardant, Quel astre d'ire et d'envie Quand vous naissiez marquait votre ascendant, Que votre courage endurci, Plus je le supplie, moins ait de merci ? En tous climats, voire au...
Stances pour M. le duc de Montpensier qui demandait en mariage Madame Catherine, La princesse de Navarre, sœur d'Henri IV. 1591 ou 1592. Beau ciel, par qui mes jours sont troubles ou sont calmes, Seule terre où je prends mes cyprès et mes palmes, Catherine, dont l'œil...
Pour M. Le duc de Bellegarde. Sur la guérison de Chrysante. 1616. Les destins sont vaincus, et le flux de mes larmes De leur main insolente a fait tomber les armes ; Amour en ce combat a reconnu ma foi ; Lauriers, couronnez-moi. Quel penser agréable a soulagé mes...
Au nom du duc de Bellegarde. 1610. Enfin l'ire du ciel et sa fatale envie, Dont j'avais repoussé tant d'injustes efforts, Ont détruit ma fortune, et, sans m'ôter la vie, M'ont mis entre les morts. Henri, ce grand Henri, que les soins de nature Avaient fait un miracle...
(Sur sa bienvenue en France.) Peuples, qu'on mette sur la tête Tout ce que la terre a de fleurs ; Peuples, que cette belle fête À jamais tarisse nos pleurs : Qu'aux deux bouts du monde se voit Luire le feu de notre joie ; Et soient dans les coupes noyés Les soucis de...
Beauté, mon cher souci, de qui l'âme incertaine A, comme l'Océan, son flux et son reflux, Pensez de vous résoudre à soulager ma peine, Ou je me résoudrai à ne la souffrir plus. Vos yeux ont des appas que j'aime et que je prise, Et qui peuvent beaucoup dessus ma...
Au Roi Henri III. 1587. Ce n'est pas en mes vers qu'une amante abusée Des appas enchanteurs d'un parjure Thésée, Après l'honneur ravi de sa pudicité, Laissée ingratement en un bord solitaire, Fait de tous les assauts que la rage peut faire Une fidèle preuve à...
(Sur la mort de Mgr. le duc d'Orléans, son second fils.) 1611. Consolez-vous, madame ; apaisez votre plainte : La France, à qui vos yeux tiennent lieu de soleil, Ne dormira jamais d'un paisible sommeil, Tant que sur votre front la douleur sera peinte. Rendez-vous à...
C'est faussement qu'on estime Qu'il ne soit point de beautés Où ne se trouve le crime De se plaire aux nouveautés. Si ma dame avait envie D'aimer des objets divers, Serait-elle pas suivie Des yeux de tout l'univers ? Est-il courage si brave Qui pût avecque raison Fuir...
Au roi Henri Le Grand. 1607 ou 1608. Mon roi, s'il est ainsi que des choses futures L'école d'Apollon apprend la vérité, Quel ordre merveilleux de belles aventures Va combler de lauriers votre postérité ! Que vos jeunes lions vont amasser de proie, Soit qu'aux rives...
(Pour M. de La Ceppède, premier président de la Chambre Des Comptes de Provence, au sujet de ses Théorèmes Spirituels sur la vie et la passion de Notre Seigneur, etc...) 1612. J'estime La Ceppède, et l'honore, et l'admire, Comme un des ornements des premiers de nos...
Est-ce à jamais, folle Espérance, Que tes infidèles appas Empêcheront la délivrance Que me propose le trépas ? La raison veut, et la nature, Qu'après le mal vienne le bien : Mais en ma funeste aventure Leurs règles ne servent de rien. C'est fait de moi, quoi que je...
Aux Dames, pour les demi-Dieux marins conduits par Neptune, dans le carrousel des quatre Eléments, En mars 1606. Ô qu'une sagesse profondeAux aventures de ce mondePréside souverainement,Et que l'audace est mal appriseDe ceux qui font une entrepriseSans douter de...
1619. Race de mille rois, adorable Princesse, Dont le puissant appui de faveurs m'a comblé, Si faut-il qu'à la fin j'acquitte ma promesse, Et m'allège du fait dont je suis accablé. Telle que notre siècle aujourd'hui vous regarde, Merveille incomparable en toute...
Chantée au ballet du triomphe de Pallas. 1615. Cette Anne si belle, Qu'on vante si fort, Pourquoi ne vient-elle ? Vraiment elle a tort. Son Louis soupire Après ses appas ; Que veut-elle dire De ne venir pas ? S'il ne la possède Il s'en va mourir ; Donnons-y remède,...
Pour M. le duc de Bellegarde, à une femme qui s'était imaginé qu'il était amoureux d'elle. 1606. Philis, qui me voit le teint blême,Les sens ravis hors de moi-même,Et les yeux trempés tout le jour,Cherchant la cause de ma peine,Se figure, tant elle est vaine,Qu'elle...
Au sujet de son Histoire Sainte. 1628. La Garde, tes doctes écrits Montrent les soins que tu as pris À savoir tant de belles choses ; Et ta prestance et tes discours Étalent un heureux concours De toutes les grâces écloses. Davantage tes actions Captivent les...
1614. Sus, debout, la merveille des belles ! Allons voir sur les herbes nouvelles Luire un émail dont la vive peinture Défend à l'art d'imiter la nature. L'air est plein d'une haleine de roses, Tous les vents tiennent leurs bouches closes ; Et le soleil semble sortir...
De la Renommée du Roi Henri le Grand, dans le Ballet de la Reine, dansé au mois de mars 1609. Pleine de langues et de voix, Ô roi, le miracle des rois, Je viens de voir toute la terre, Et publier en ses deux bouts Que pour la paix ni pour la guerre Il n'est rien de...
(Sur ses œuvres spirituelles.) 1611. Tu me ravis, Du Maine, il faut que je l'avoue ; Et tes sacrés discours me charment tellement, Que le monde aujourd'hui ne m'étant plus que boue, Je me tiens profané d'en parler seulement. Je renonce à l'amour, je quitte son empire,...
STANCES. Composées en Bourgogne. 1609. Complices de ma servitude, Pensers, où mon inquiétude Trouve son repos désiré, Mes fidèles amis et mes vrais secrétaires, Ne m'abandonnez point en ces lieux solitaires ; C'est pour l'amour de vous que j'y suis retiré. Partout...
Stances au Roi Henri Le Grand. 1610. À la fin tant d'amants, dont les âmes blessées Languissent nuit et jour, Verront sur leur auteur leurs peines renversées, Et seront consolés aux dépens de l'Amour : Ce public ennemi, cette peste du monde, Que l'erreur des humains...
Sonnet. 1624. À ce coup nos frayeurs n'auront plus de raison, Grande âme aux grands travaux sans repos adonnée Puisque par vos conseils la France est gouvernée, Tout ce qui la travaille aura sa guérison. Tel que fut rajeuni le vieil âge d'Eson, Telle cette princesse...
Pour Henri le Grand, sous le nom d'Alcandre, au sujet de l'absence de la princesse de Condé, sous le nom d'Oranthe. 1609. Donc cette merveille des cieux, Pour ce qu'elle est chère à mes yeux, En sera toujours éloignée ! Et mon impatiente amour, Par tant de larmes...
STANCES. 1608. Laisse-moi, Raison importune, Cesse d'affliger mon repos, En me faisant mal-à-propos Désespérer de ma fortune ; Tu perds temps de me secourir, Puisque je ne veux point guérir. Si l'Amour en tout son empire, Au jugement des beaux esprits, N'a rien qui ne...
Fragments d'une ode. 1623 ou 1624. Grand et grand prince de l'église, Richelieu, jusques à la mort, Quelque chemin que l'homme élise, Il est à la merci du sort. Nos jours filés de toutes soies Ont des ennuis comme des joies ; Et de ce mélange divers Se composent nos...
STANCES. 1596. Enfin cette beauté m'a la place rendue, Qu'elle avait contre moi si longtemps défendue ; Mes vainqueurs sont vaincus ; ceux qui m'ont fait la loi, La reçoivent de moi. J'honore tant la palme acquise en cette guerre, Que si, victorieux des deux bouts de...
Pour les Paladins de France, Assaillants dans un combat de barrière. 1605. Et quoi donc ? la France féconde En incomparables guerriers, Aura jusqu'aux deux bouts du monde Planté des forêts de lauriers, Et fait gagner à ses armées Des batailles si renommées, Afin...
1621. Muses, quand finira cette longue remise De contenter Gaston et a écrire de lui ? Le soin que vous avez de la gloire d'autrui Peut-il mieux s'employer qu'à si belle entreprise ? En ce malheureux siècle, où chacun vous méprise, Et quiconque vous sert n'en a que de...
Pour le comte de Charny, qui souhaitait en mariage Mademoiselle de Castille, qu'il épousa en 1620. 1619. Enfin ma patience et les soins que j'ai prisOnt, selon mes souhaits, adouci les espritsDont l'injuste rigueur si longtemps m'a fait plaindre.Cessons de soupirer...
Ceux-ci, de qui vos yeux admirent la venue, Pour un fameux honneur qu'ils brûlent d'acquérir Partis des bords lointains d'une terre inconnue, S'en vont au gré d'Amour tout le monde courir. Ce grand démon, qui se déplaît D'être profané comme il est, Par eux veut...
Sur un livre de fleurs qu'il avait peintes. 1602 ou 1603. Quelques louanges nonpareilles Qu'ait Apelle encore aujourd'hui, Cet ouvrage plein de merveilles Met Rabel au-dessus de lui. L'art y surmonte la nature : Et si mon jugement n'est vain, Flore lui conduisait la...
Écrit au nom de M. Puget pour sa femme. 1614. Belle âme qui fus mon flambeau, Reçois l'honneur qu'en ce tombeau Je suis obligé de te rendre. Ce que je fais te sert de peu : Mais au moins tu vois en la cendre Comme j'en conserve le feu. François de...
Pour le roi allant en Limousin. 1605. Ô Dieu, dont les bontés, de nos larmes touchées, Ont aux vaines fureurs les armes arrachées, Et rangé l'insolence aux pieds de la raison ; Puisqu'à rien d'imparfait ta louange n'aspire, Achève ton ouvrage au bien de cet empire, Et...
Que mon fils ait perdu sa dépouille mortelle, Ce fils qui fut si brave et que j'aimai si fort, Je ne l'impute point à l'injure du sort, Puisque finir à l'homme est chose naturelle. Mais que de deux marauds la surprise infidèle Ait terminé ses jours d'une tragique...
Quel astre malheureux ma fortune a bâtie ? A quelles dures lois m'a le Ciel attaché, Que l'extrême regret ne m'ait point empêché De me laisser résoudre à cette départie ? Quelle sorte d'ennuis fut jamais ressentie Egale au déplaisir dont j'ai l'esprit touché ? Qui...
Ô Sagesse éternelle, à qui cet univers Doit le nombre infini des miracles divers Qu’on voit également sur la terre et sur l’onde ! Mon Dieu, mon Créateur, Que ta magnificence étonne tout le monde ! Et que le ciel est bas au prix de ta hauteur ! Quelques...
Quelques louanges nonpareiIles Qu'ait Apelle encor aujourd'hui, Cet ouvrage plein de merveilles Met Rabel au-dessus de lui. L'art y surmonte la nature, Et si mon jugement n'est vain, Flore lui conduisait la main Quand il faisait cette peinture. Certes il a privé mes...
Les funestes complots des âmes forcenées Qui pensaient triompher de mes jeunes années Ont d’un commun assaut mon repos offensé. Leur rage a mis au jour ce qu’elle avait de pire : Certes, je le puis dire ; Mais je puis dire aussi qu’ils n’ont rien avancé. J’étais dans...
Quoi donc c'est un arrêt qui n'épargne personne Que rien n'est ici-bas heureux parfaitement, Et qu'on ne peut au monde avoir contentement, Qu'un funeste malheur aussitôt n'empoisonne. La santé de mon prince en la guerre était bonne : Il vivait aux combats comme en son...
N'espérons plus, mon âme, aux promesses du monde ; Sa lumière est un verre, et sa faveur une onde Que toujours quelque vent empêche de calmer. Quittons ces vanités, lassons-nous de les suivre : C'est Dieu qui nous fait vivre, C'est Dieu qu'il faut aimer. En vain, pour...
Passants, vous trouvez à redire Qu’on ne voit ici rien gravé De l’acte le plus relevé Que jamais l’histoire ait fait lire : La raison qui vous doit suffire, C’est qu’en un miracle si haut Il est meilleur de ne rien dire Que ne dire pas ce qu’il faut. François de...
La Consolation à M. Du Périer sur la mort de sa fille (1599) est un des plus beaux poèmes de François de Malherbe, dont les œuvres sont pourtant rarement personnelles. Cette réécriture de La Consolation à Cléophon (1592) est dédiée au père de Marguerite du Périer,...
Belle âme, aux beaux travaux sans repos adonnée, Si parmi tant de gloire et de contentement Rien te fâche là-bas, c'est l'ennui seulement Qu'un indigne trépas ait clos ta destinée. Tu penses que d'Yvry la fatale journée, Où ta belle vertu parut si clairement, Avecque...
Que mon fils ait perdu sa dépouille mortelle, Ce fils qui fut si brave, et que j’aimai si fort, Je ne l’impute point à l’injure du sort, Puisque finir à l’homme est chose naturelle. Mais que de deux marauds la surprise infidèle Ait terminé ses jours d’une tragique...
Mopse, entre les devins l'Apollon de cet âge Avait toujours fait espérer Qu'un soleil qui naîtrait sur les rives du Tage, En la terre du lis nous viendrait éclairer. Cette prédiction semblait une aventure Contre le sens et le discours, N'étant pas convenable aux...
L’art, aussi bien que la nature, Eût fait plaindre cette peinture : Mais il a voulu figurer Qu’aux tourments dont la cause est belle La gloire d’une âme fidèle Est de souffrir sans murmurer. François de Malherbe
« Enfin l'ire du ciel et sa fatale envie, Dont j'avais repoussé tant d'injustes efforts, Ont détruit ma fortune, et sans m'ôter la vie, M'ont mis entre les morts. « Henri, ce grand Henri, que les soins de nature Avaient fait un miracle aux yeux de l'univers, Comme un...
Les destins sont vaincus, et le flux de mes larmes De leur main insolente a fait tomber les armes ; Amour en ce combat a reconnu ma foi ; Lauriers, couronnez-moi. Quel penser agréable a soulagé mes plaintes, Quelle heure de repos a diverti mes craintes, Tant que du...
Louez Dieu par toute la terre, Non pour la crainte du tonnerre Dont il menace les humains, Mais pource que sa gloire en merveilles abonde, Et que tant de beautés qui reluisent au monde Sont les ouvrages de ses mains. Sa providence libérale Est une source générale...
Voici de ton Etat la plus grande merveille, Ce fils où ta vertu reluit si vivement ; Approche-toi, mon prince, et vois le mouvement Qu'en ce jeune Dauphin la musique réveille. Qui témoigna jamais une si juste oreille A remarquer des tons le divers changement ? Qui...
Objet divin des âmes et des yeux, Reine, le chef-d’œuvre des cieux, Quels doctes vers me feront avouer Digne de te louer ? Les monts fameux des vierges que je sers Ont-ils des fleurs en leurs déserts, Qui, s’efforçant d’embellir ta couleur, Ne ternissent la leur ? Le...
Tant que vous serez sans amour, Caliste, priez nuit et jour, Vous n’aurez point miséricorde. Ce n’est pas que Dieu ne soit doux : Mais pensez-vous qu’il vous accorde Ce qu’on ne peut avoir de vous ? François de...
Quoi donc ! ma lâcheté sera si criminelle ; Et les vœux que j’ai faits pourront si peu sur moi, Que je quitte ma dame, et démente la foi Dont je lui promettais une amour éternelle ? Que ferons-nous, mon cœur ? Avec quelle science Vaincrons-nous les malheurs qui nous...
Prier Dieu qu’il vous soit propice Tant que vous me tourmenterez, C’est le prier d’une injustice : Faites-moi grâce, et vous l’aurez. François de Malherbe
Qu’autres que vous soient désirées, Qu’autres que vous soient adorées, Cela se peut facilement ; Mais qu’il soit des beautés pareilles À vous, merveille des merveilles, Cela ne se peut nullement. Que chacun sous telle puissance Captive son obéissance, Cela se peut...
Destins je le connais, vous avez arrêté Qu'aux deux fils de mon roi se partage la terre, Et qu'après le trépas ce miracle de guerre, Soit encor adorable en sa postérité. Leur courage aussi grand que leur prospérité, Tous les fronts orgueilleux brisera comme verre : Et...
Qu’avec une valeur à nulle autre seconde, Et qui seule est fatale à notre guérison, Votre courage mûr en sa verte saison Nous ait acquis la paix sur la terre et sur l’onde : Que l’hydre de la France en révoltes féconde, Par vous soit du tout morte, ou n’ait plus de...
Trois ans déjà passés, théâtre de la guerre, J'exerce de deux chefs les funestes combats, Et fais émerveiller tous les yeux de la terre, De voir que le malheur ne m'ose mettre à bas. A la merci du Ciel en ces rives je reste, Où je souffre l'hiver froid à l'extrémité,...
Enfin, après tant d'années, Voici l'heureuse saison Où nos misères bornées Vont avoir leur guérison. Les dieux, longs à se résoudre, Ont fait un coup de leur foudre Qui montre aux ambitieux Que les fureurs de la terre Ne sont que paille et que verre A la colère des...
Que l'honneur de mon prince est cher aux destinées ! Que le démon est grand qui lui sert de support ! Et que visiblement un favorable sort Tient ses prospérités l'une à l'autre enchaînées ! Ses filles sont encor en leurs tendres années : Et déjà leurs appas ont un...
Tu vois, passant, la sépulture D'un chef-d'œuvre si précieux, Qu'avoir mille rois pour aïeux Fut le moins de son aventure. L'experte main de la nature, Et le soin propice des cieux, Jamais ne s'accordèrent mieux A former une créature. On doute pourquoi les destins, Au...
Voyant ma Caliste si belle, Que l'on n'y peut rien désirer, Je ne me pouvais figurer Que ce fût chose naturelle. J'ignorais que ce pouvait être Qui lui colorait ce beau teint, Où l'Aurore même n'atteint Quand elle commence de naître. Mais, Fleurance, ton docte écrit...
Est-ce à jamais, folle espérance, Que tes infidèles appas M'empêcheront la délivrance Que me propose le trépas ? La raison veut, et la nature, Qu'après le mal vienne le bien ; Mais en ma funeste aventure, Leurs règles ne servent de rien. C'est fait de moi, quoi que je...
Mon roi, s'il est ainsi que des choses futures, L'école d'Apollon apprend la vérité, Quel ordre merveilleux de belles aventures Va combler de lauriers votre postérité ! Que vos jeunes lions vont amasser de proie, Soit qu'aux rives du Tage ils portent leurs combats,...
Il n'est rien de si beau (ou Sonnet à Caliste) est un poème classique de François de Malherbe paru dans Les Délices de la poésie française (1620). Ce sonnet inspiré par sa liaison avec la vicomtesse d’Auchy est un éloge pudique de la beauté féminine où le côté...
Ô qu'une sagesse profonde, Aux aventures de ce monde Préside souverainement : Et que l'audace est mal apprise De ceux qui font une entreprise, Sans douter de l'événement. Le renom que chacun admire, Du prince qui tient cet empire, Nous avait fait ambitieux, De mériter...
Jeanne, tandis que tu fus belle, Tu le fus sans comparaison ; Anne à cette heure est de saison, Et ne vois rien si beau comme elle. Je sais que les ans lui mettront Comme à toi les rides au front, Et feront à sa tresse blonde Même outrage qu’à tes cheveux. Mais voilà...
Pleine de langues et de voix, Ô Roi le miracle des rois Je viens de voir toute la terre, Et publier en ses deux bouts Que pour la paix ni pour la guerre Il n'est rien de pareil à vous. Par ce bruit je vous ai donné Un renom qui n'est terminé, Ni de fleuve, ni de...
A la fin tant d'amants dont les âmes blessées Languissent nuit et jour, Verront sur leur auteur leurs peines renversées, Et seront consolés aux dépens de l'Amour. Ce public ennemi, cette peste du monde, Que l'erreur des humains Fait le maître absolu de la terre et de...
Laisse-moi raison importune, Cesse d'affliger mon repos, En me faisant mal à propos Désespérer de ma fortune : Tu perds temps de me secourir, Puisque je ne veux point guérir. Si l'amour en tout son empire, Au jugement des beaux esprits, N'a rien qui ne quitte le prix...
Beauté de qui la grâce étonne la nature, Il faut donc que je cède à l'injure du sort, Que je vous abandonne, et loin de votre port M'en aille au gré du vent suivre mon aventure. Il n'est ennui si grand que celui que j'endure : Et la seule raison qui m'empêche la mort,...
Ma Crisante avec une foi Dont l'âge atteste l'innocence, M'a fait serment qu'en mon absence Elle aura mémoire de moi. Cette faveur si peu commune Me donne tant de vanité Qu'à la même divinité J'ose comparer ma fortune. Peut-être qu'elle me déçoit De m'assurer que cela...
Beaux et grands bâtiments d'éternelle structure,Superbes de matière, et d'ouvrages divers,Où le plus digne roi qui soit en l'universAux miracles de l'art fait céder la nature. Beau parc, et beaux jardins, qui dans votre clôture,Avez toujours des fleurs, et des...
Mes yeux, vous m'êtes superflus ; Cette beauté qui m'est ravie, Fut seule ma vue et ma vie, Je ne vois plus, ni ne vis plus. Qui me croit absent, il a tort, Je ne le suis point, je suis mort. O qu'en ce triste éloignement, Où la nécessité me traîne, Les dieux me...
C'est assez, mes désirs, qu'un aveugle penser, Trop peu discrètement vous ait fait adresser Au plus haut objet de la terre ; Quittez cette poursuite, et vous ressouvenez Qu'on ne voit jamais le tonnerre Pardonner au dessein que vous entreprenez. Quelque flatteur...
C'est faussement qu'on estime, Qu'il ne soit point de beautés, Où ne se trouve le crime De se plaire aux nouveautés. Si Madame avait envie, De brûler de feux divers, Serait-elle pas suivie Des yeux de tout l'univers ? Est-il courage si brave Qui ne pense avoir raison,...
C'est fait, belle Caliste, il n'y faut plus penser : Il se faut affranchir des lois de votre empire ; Leur rigueur me dégoûte, et fait que je soupire Que ce qui s'est passé n'est à recommencer. Plus en vous adorant je me pense avancer, Plus votre cruauté, qui toujours...
N'égalons point cette petite, Aux déesses que nous récite L'histoire des siècles passés. Tout cela n'est qu'une chimère : Il faut dire pour dire assez, Elle est belle comme sa mère. François de Malherbe
Caliste, en cet exil j'ai l'âme si gênée Qu'au tourment que je souffre il n'est rien de pareil : Et ne saurais ouïr ni raison, ni conseil, Tant je suis dépité contre ma destinée. J'ai beau voir commencer et finir la journée, En quelque part des cieux que luise le...
Cette Anne si belle, Qu'on vante si fort, Pourquoi ne vient-elle, Vraiment elle a tort ? Son LOUIS soupire Après ses appas, Que veut-elle dire De ne venir pas ? S'il ne la possède Il s'en va mourir, Donnons-y remède, Allons la querir. Assemblons, MARIE, Ses yeux à vos...