L’Automne - François Fabié

A toute autre saison je préfère l’automne ; Et je préfère aux chants des arbres pleins de nids La lamentation confuse et monotone Que rend la harpe d’or des grands chênes jaunis. Je préfère aux gazons semés de pâquerettes Où la source égrenait son collier d’argent...

Les Moineaux - François Fabié

La neige tombe par les rues, Et les moineaux, au bord du toit, Pleurent les graines disparues. " J’ai faim ! " dit l’un ; l’autre : " J’ai froid ! " " Là-bas, dans la cour du collège, Frères, allons glaner le pain Que toujours jette – ô sacrilège ! – Quelque écolier...

Notre nid - François Fabié

A Madelaine F. Un jardin tout planté de poiriers en plein vent, Auxquels depuis trente ans le pinson est fidèle, Une blanche maison où revient l’hirondelle, Voilà le nid heureux que je rêve souvent. Un bouquet de sureaux au parfum énervant, Par les midis en feu,...

Paysanne de guerre - François Fabié

Héroïque, elle aussi, de cœur haut, de bras ferme, La veuve paysanne à qui, depuis vingt mois, Incombent les labours, les marchés, les charrois Et le gouvernement tout entier de la ferme. Au début on lui prend soudain ses trois garçons (Et deux sont morts déjà), son...

Terre de France - François Fabié

Oui, partout elle est bonne et partout elle est belle, Notre terre de France aux mille aspects divers ! Belle sur les sommets où trônent les hivers, Et dans la lande fauve à l'araire rebelle, Belle au bord des flots bleus, belle au fond des bois verts ! Belle et bonne...

Les genêts - François Fabié

Les genêts, doucement balancés par la brise, Sur les vastes plateaux font une boule d'or ; Et tandis que le pâtre à leur ombre s'endort, Son troupeau va broutant cette fleur qui le grise ; Cette fleur qui le fait rêver d'amour, le soir, Quand il roule du haut des...

Le laboureur soldat - François Fabié

Laboureur ! - Il n'était, ne voulut jamais être Que laboureur ; - un beau laboureur, lent et doux Et fort comme ses bœufs, qui l'aimaient entre tous Leurs bouviers, et venaient très docilement mettre, Dès son premier appel, leurs cornes et leurs cous Sous le dur joug...

Berger d'abeilles - François Fabié

Le doux titre et l'emploi charmant : Être, en juin, un berger d'abeilles, Lorsque les prés sont des corbeilles Et les champs des mers de froment ; Quand les faucheurs sur les enclumes Martèlent la faux au son clair, Et que les oisillons dans l'air Font bouffer leurs...

Ma libellule - François Fabié

En te voyant toute mignonne, Blanche dans ta robe d'azur, Je pensais à quelque madone Drapée en un pan de ciel pur ; Je songeais à ces belles saintes Que l'on voyait, du temps jadis, Sourire sur les vitres peintes, Montrant du doigt le paradis ; Et j'aurais voulu,...

Ma maison - François Fabié

Face au midi, bien adossée A l'ancien étang féodal Dont elle épaule la chaussée, Elle fut le moulin banal Où deux ou trois pauvres villages Et quelques petits mas perdus, Avec leurs maigres attelages Plusieurs siècles sont descendus Moudre, au tic tac vieillot et...

Savoir vieillir - François Fabié

Vieillir, se l'avouer à soi-même et le dire, Tout haut, non pas pour voir protester les amis, Mais pour y conformer ses goûts et s'interdire Ce que la veille encore on se croyait permis. Avec sincérité, dès que l'aube se lève, Se bien persuader qu'on est plus vieux...

Terre sainte - François Fabié

Lorsque tu reviendras, mon petit, de là-haut, ― Et je crois, malgré tout, que ton retour est proche, ― Si tu n'es cul-de-jatte, aveugle ni manchot, Et si tu comprends bien que tu dois au plus tôt Raccrocher ton fusil et reprendre ta pioche, Rapporte dans ton sac ou ta...

Voix éteinte - François Fabié

Elle perdit d'abord et par degrés sa voix Qu'elle avait chaude et grave, émue et pénétrante Comme la voix du loriot au fond des bois... En l'écoutant chanter pour ses amis, parfois, Même quand nul encor ne la savait souffrante, Je me sentis le cœur traversé du soupçon...