Il est minuit, et tu sommeilles ; Tu dors, et moi je vais mourir. Que dis-je, hélas ! peut-être que tu veilles ! Pour qui ? … L'enfer me fera moins souffrir. Demain quand, appuyée au bras de ta conquête, Lasse de trop d'amour et cherchant le repos, Tu passeras ce...
De tes amis vois la troupe fidèle Pour te fêter s'unir à tes enfants : Tu nous parais toujours fraîche et nouvelle Comme la fleur qu'ils t'offrent tous les ans. Par la vertu quand la grâce est produite, Son charme au temps ne peut être soumis ; Des jours pour toi nous...
L'autel est prêt ; la foule l'environne : Belle Zélie, il réclame ta foi. Viens, de ton front est la blanche couronne Moins virginale et moins pure que toi. J'ai quelquefois peint la grâce ingénue Et la pudeur sous ses voiles nouveau : Ah ! si mes yeux plus tôt...
Le roi don Juan Un jour chevauchant Vit sur la montagne Grenade d’Espagne ; Il lui dit soudain : Cité mignonne, Mon cœur te donne Avec ma main. Je t’épouserai, Puis apporterai En dons à ta ville Cordoue et Séville. Superbes atours Et perles fines Je te destine Pour...
ou le tombeau de la reine de Prusse Le gardien. Un jour il deviendra le terme de tes courses : O voyageur ! c’est un tombeau. Le voyageur. Qui repose en ces lieux ? Le gardien. Un objet plein de charmes. Le voyageur. Qu’on aima ? Le gardien. Qui fut adoré. Le...
Le vigilant derviche à la prière appelle Du haut des minarets teints des feux du couchant. Voici l’heure au lion qui poursuit la gazelle ; Une rose au jardin moi je m’en vais cherchant. Musulmane aux longs yeux, d’un maître que je brave Fille délicieuse, amante des...
Romance. Air des Folies d’Espagne. Prêt à partir pour la rive africaine, Le Cid armé, tout brillant de valeur, Sur la guitare, aux pieds de sa Chimène, Chantait ces vers que lui dictait l’honneur : Chimène a dit : Va combattre le Maure ; De ce combat surtout reviens...
Donc reconnaissez-vous au fond de vos abîmes Ce voyageur pensif, Au cœur triste, aux cheveux blanchis comme vos cimes, Au pas lent et tardif ? Jadis de ce vieux bois, où fait une eau limpide, Je sondais l’épaisseur Hardi comme un aiglon, comme un chevreuil rapide, Et...
Sors des demeures souterraines, Néron, des humains le fléau ! Que le triste bruit de nos chaînes Te réveille au fond du tombeau. Tout est plein de trouble et d’alarmes : Notre sang coule avec nos larmes ; Ramper est la première loi : Nous traînons d’ignobles entraves...
Dans les airs frémissants j’entends le long murmure De la cloche du soir qui tinte avec lenteur ; Les troupeaux en bêlant errent sur la verdure ; Le berger se retire et livre la nature A la nuit solitaire, à mon penser rêveur Dans l’orient d’azur l’astre des nuits...
Que de ces prés l’émail plaît à mon cœur ! Que de ces bois l’ombrage m’intéresse ! Quand je quittai cette onde enchanteresse, L’hiver régnoit dans toute sa fureur. Et cependant mes yeux demandoient ce rivage ; Et cependant d’ennuis, de chagrins dévoré. Au milieu des...
Londres, 1797. Charles avait péri : des bourreaux-commissaires, Des lois qu’on appelait révolutionnaires, L’exil et l’échafaud, la confiscation. C’était la France enfin sous la Convention. Dans les nombreux suivants de l’étendard du crime L’Angleterre voyait un homme...
Mais des nuits d’automne Goûtons les douceurs ; Qu’aux aimables fleurs Succède Pomone. Le pâle couchant Brille encore à peine ; De Vénus, qu’il mène. L’astre va penchant ; La lune, emportée Vers d’autres climats, Ne montrera pas Sa face argentée. De ces peupliers, Au...
Savez-vous, ô pécheur ! quel est ce Dieu jaloux Quand l’œuvre de l’impie allume son courroux ? Sur un char foudroyant il roule dans l’espace ; La Mort et le Démon volent devant sa face ; Les trois cieux, dont il fait trembler l’immensité, S’abaissent sous les pas de...
donné par la marquise de Grollier à M. le baron de Humbolt Vous qui vivrez toujours, comment pourrez-vous croire Qu’on vous offre des fleurs si promptes à mourir ? " Présentez, direz-vous, ces filles du Zéphyr A la beauté, mais non pas à la gloire. " Des dons de...
Lydie, es-tu sincère ? Excuse mes alarmes : Tu t'embellis en accroissant mes feux ; Et le même moment qui t'apporte des charmes Ride mon front et blanchit mes cheveux. Au matin de tes ans, de la foule chérie, Tout est pour toi joie, espérance, amour ; Et moi, vieux...
Imitation d'un poète écossais. Oui, je me plais, Clarisse, à la saison tardive, Image de cet âge où le temps m'a conduit ; Du vent à tes foyers j'aime la voix plaintive Durant la longue nuit. Philomèle a cherché des climats plus propices ; Progné fuit à son tour :...
Je voudrais célébrer dans des vers ingénus Les plantes, leurs amours, leurs penchants inconnus, L'humble mousse attachée aux voûtes des fontaines, L'herbe qui d'un tapis couvre les vertes plaines, Sur ces monts exaltés le cèdre précieux Qui parfume les airs, et...
Forêt silencieuse, aimable solitude, Que j'aime à parcourir votre ombrage ignoré ! Dans vos sombres détours, en rêvant égaré, J'éprouve un sentiment libre d'inquiétude ! Prestiges de mon cœur ! je crois voir s'exhaler Des arbres, des gazons une douce tristesse : Cette...
Des vastes mers tableau philosophique, Tu plais au cœur de chagrins agité : Quand de ton sein par les vents tourmenté, Quand des écueils et des grèves antiques Sortent des bruits, des voix mélancoliques, L'âme attendrie en ses rêves se perd, Et, s'égarant de penser en...
Compagnons, détachez des voûtes du portique Ces dons du voyageur, ce vêtement antique, Que j'avais consacrés aux dieux hospitaliers. Pour affermir mes pas dans la course prochaine, Remettez dans ma main le vieil appui de chêne Qui reposait à mes foyers. Où vais-je...
Combien j’ai douce souvenance Du joli lieu de ma naissance ! Ma sœur, qu’ils étaient beaux les jours De France ! Ô mon pays, sois mes amours Toujours ! Te souvient-il que notre mère Au foyer de notre chaumière Nous pressait sur son cœur joyeux, Ma chère ! Et nous...
Vallée au nord, onduleuse prairie, Déserts charmants, mon cœur, formé pour vous, Toujours vous cherche en sa mélancolie. A ton aspect, solitude chérie, Je ne sais quoi de profond et de doux Vient s'emparer de mon âme attendrie. Si l'on savait le calme qu'un ruisseau...
Les bois épais, les sirtes mornes, nues, Mêlent leurs bords dans les ombres chenues. En scintillant dans le zénith d'azur, On voit percer l'étoile solitaire : A l'occident, séparé de la terre, L'écueil blanchit sous un horizon pur, Tandis qu'au nord, sur les mers...
Déjà le soir de sa vapeur bleuâtreEnveloppait les champs silencieux ;Par le nuage étaient voilés les cieux :Je m'avançais vers la pierre grisâtre.Du haut d'un mont une onde rugissantS'élançait : sous de larges sycomores,Dans ce désert d'un calme menaçant,Roulaient des...
Le temps m'appelle : il faut finir ces vers. A ce penser défaillit mon courage. Je vous salue, ô vallons que je perds ! Ecoutez-moi : c'est mon dernier hommage. Loin, loin d'ici, sur la terre égaré, Je vais traîner une importune vie ; Mais quelque part que j'habite...
Le passé n'est rien dans la vie, Et le présent est moins encor ; C'est à l'avenir qu'on se fie Pour donner joie et trésor. Tout mortel dans ses yeux devance Cet avenir où nous courrons ; Le bonheur est espérance ; On vit, en disant : nous verrons. Mais cet avenir...
Le ciel est pur, la lune est sans nuage : Déjà la nuit au calice des fleurs Verse la perle et l'ambre de ses pleurs ; Aucun zéphyr n'agite le feuillage. Sous un berceau, tranquillement assis, Où le lilas flotte et pend sur ma tête, Je sens couler mes pensers...
Combien j'ai douce souvenance Du joli lieu de ma naissance ! Ma sœur, qu'ils étaient beaux les jours De France ! O mon pays, sois mes amours Toujours ! Te souvient-il que notre mère, Au foyer de notre chaumière, Nous pressait sur son cœur joyeux, Ma chère ? Et nous...