Voici le meilleur de la poésie de Honorat de Bueil, Seigneur de Racan. Stances à Thirsis - Honorat de Bueil, Seigneur de Racan Thirsis, il faut penser à faire la retraite :La course de nos jours est plus qu'à demi faite.L'âge insensiblement nous conduit à la mort.Nous...
Thirsis, il faut penser à faire la retraite : La course de nos jours est plus qu'à demi faite. L'âge insensiblement nous conduit à la mort. Nous avons assez vu sur la mer de ce monde Errer au gré des flots notre nef vagabonde ; Il est temps de jouir des délices du...
À Monsieur de Termes Enfin, Termes, les ombrages Reverdissent dans les bois, L'hiver et tous ses orages Sont en prison pour neuf mois ; Enfin la neige et la glace Font à la verdure place, Enfin le beau temps reluit, Et Philomèle, assurée De la fureur de Térée, Chante...
Que cette nuit est longue et fâcheuse à passer ! Que de sortes d'ennuis me viennent traverser ! Depuis qu'un bel objet a ma raison blessée, Incessamment je vois des yeux de ma pensée Cet aimable soleil auteur de mon amour, Qui fait qu'incessamment je pense qu'il soit...
Et moi seul resterai-je en proie à la tristesse ? Passerai-je sans fruit la fleur de ma jeunesse ? Que me servent ces biens dont en toute saison Le voisin envieux voit combler ma maison ? Que me sert que mes blés soient l'honneur des campagnes ? Que les vins à...
Maintenant que du Capricorne Le temps mélancolique et morne Tient au feu le monde assiégé, Noyons notre ennui dans le verre, Sans nous tourmenter de la guerre Du tiers état et du clergé. Je sais, Ménard, que les merveilles Qui naissent de tes longues veilles Vivront...
Dessus la mer de Cypre où souvent il arrive Que les meilleurs nochers se perdent dès la rive, J'ai navigué la nuit plus de fois que le jour. La beauté d'Uranie est mon pôle et mon phare, Et, dans quelque tourmente où ma barque s'égare, Je n'invoque jamais d'autre dieu...
Vous qui riez de mes douleurs, Beaux yeux qui voulez que mes pleurs Ne finissent qu'avec ma vie, Voyez l'excez de mon tourment Depuis que cet esloignement M'a vostre presence ravie. Pour combler mon adversité De tout ce que la pauvreté A de rude, et d'insupportable,...
Bussy, nostre Printemps s'en va presque expiré, Il est temps de joüyr du repos asseuré, Où l'âge nous convie. Fuyons donc ces grandeurs qu'incensez nous suivons Et sans penser plus loin joüissons de la vie Tandis que nous l'avons. Donnons quelque relasche à nos...
Sus, Bergers, qu'on se réjouisse, Et que chacun de nous jouisse Des faveurs qu'Amour lui départ : Ce bel âge nous y convie, On ne peut trop tôt ni trop tard Goûter les plaisirs de la vie. Suivons ce petit Roi des âmes, De qui les immortelles flammes Gardent Nature de...