17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Un œil de chat-huant, des cheveux serpentins, Une trogne rustique à prendre des copies, Un nez qui au mois d'août distille les roupies, Un ris sardonien à charmer les lutins, Une bouche en triangle, où comme à ces mâtins Hors œuvre on voit pousser de longues dents...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
[…] Qu'est-ce donc de la vie où l'homme se plaît tant ? Ce n'est qu'une fumée ou qu'un ombre inconstant, Une frêle vapeur, à l'instant consumée, Un songe fabuleux, qui passe en un moment. Quel fol est donc celui qui chérit tellement Un songe, une vapeur, un ombre, une...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Épigramme. Le bossu dit au boiteux, chancelant Comme un bateau qu'on pourmeine sans peautre : Ô que tu sais des nouvelles, galant, Toi qui toujours vas de coté et d'autre ! Tais-toi, dit l'autre, apaise ton caquet, Est-ce pas toi qui portes le paquet ? Jean...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Il n'est pas toujours véritable Que chacun aime son semblable, Puis qu'on voit d'un contraire sort La plus camarde de la rue Être amoureuse devenue D'un grand nez à double ressort. Mais vous n'entendez pas la ruse ; Par ce grand nez, cette camuse Conserve en tout...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Ces fendeurs de nasaux, ces Trasons, ces bravaches, Qui armés jusqu'aux dents menacent terre et cieux, Aux combats de Cypris ne sont que des gavaches : L'adolescent Amour n'a rien de furieux. C'est un conte de vieille, un mensonge, une fable, Que de Mars furibond...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Épigramme. N'en déplaise à Ronsard, les tétons de nos filles À des boules ne sont comparés justement, Car la boule ne sert que d'abattre les quilles, Mais un beau sein les fait redresser promptement. Jean Auvray
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Vous ennemis mortels de la mélancolie, Vénérables Buveurs aux fronts enluminés, Embrassez les Verriers de la noble Italie, Car ils font des Pinceaux à vous peindre le nez. Par ces braves Pinceaux nous entendons les verres, Verres qui parmi nous de grands miracles font...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Ici gît dans ce tombeau foireux Rud'En-Souppe le valeureux, Qui voyant la guerre entreprise Au pays, et qu'on le cherchait, Se cacha dessous la chemise De sa grand' Jeanne, qui pétait : Lui qui tremblait tant écoutait Tant redoubler de pétarades, Saisi de peur crut...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Épigramme. Un jour en colère un Jean Cul Reprochait à sa prude femme : Est-il pas vrai, paillarde infâme, Que tu m'as fait cent fois cocu ? Mari, la fureur vous transporte. Confesse donc ou tu es morte. Si je le dis, que ferez-vous ? Je te ferais trancher la tête ! Je...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Épigramme. Je n'aime point la dame en amour si soudaine, Puis qu'on perd sans regret ce qu'on gagne sans peine : Tels plaisirs sont plus tôt étouffés que conçus. La femme et le cheval sont de même nature, Car plus ils sont tous deux rétifs à la monture, Plus ils...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Non, je ne l'aime point cette carcasse d'os ; Qu'on ne m'en parle plus, quoi qu'il y ait du lucre ; J'aime autant embrasser l'image d'Atropos, Ou me laisser tomber tout nu dans un sépulcre. Dès la première nuit de nos embrassements, J'imaginais sa chambre être un...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Sonnet à une amoureuse de l'auteur. Un œil de chat huant, des cheveux serpentins,Une trogne rustique à prendre des copies,Un nez qui au mois d'août distille les roupies.Un rire sardonien à charmer les lutins ; Une bouche en triangle, où comme à ces matinsHors œuvre on...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Jeune Mars, à qui les alarmes Sont des plaisirs délicieux, Puissent tes belliqueuses armes Étonner la terre et les cieux ! Que la postérité ravie Face confesser à l'Envie Qu'admirables sont tes exploits ; Ton nom grossisse les histoires, Et ne s'entretiennent les rois...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Sonnet. Furie aux crins retors, exécrable mégère, Qui te fait tant vomir de poison contre moi, Et troubler la beauté qui me donne la loi Des importuns discours de ta langue légère ? Quel démon envieux tous les jours te suggère Les moyens d'ébranler le roc de notre foi...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Épigramme. Domp Jean faisait son testament, Abhorrant le monde et les vices ; Sa garce lui dit doucement Qu'il n'oublia point ses services. Domp Jean, qui n'eut le cœur d'acier, Lui dit, en montrant son fessier : Voilà pour toi, ma chambrière ! Allez donc, notaire,...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Margot, qui en riant se mordait les oreilles, Tant la bouche elle avait d'une énorme grandeur, À Robin, qui avait le nez grand à merveilles, Reprochait que son nez était un affronteur. Puis fiez-vous, dit-elle, au proverbe menteur, Et par l'ancre jugez de la grosseur...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Épigramme. Ce castré si souvent discourt Des fortes passions d'amour Qu'il en a pris la caquesangue, Mais il est heureux en ce point Que sa barbe n'empêche point Qu'il ne le face de la langue. Jean Auvray
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Épigramme. Quand je te caresse, Angélique, Tu dis que ma barbe te pique ; Aimes-tu tant le poil follet ? Baise le trou par où je pète, Et si tu n'en es satisfaite, Fais-toi baiser par mon valet ! Jean Auvray
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Sonnet. Ici gît qui chevauchait dès ses plus tendres ans, Qui fut par un incube au berceau chevauchée, Qui, petite, déjà d'un sale feu touchée, Se faisait chevaucher par les petits enfants. Grande, chevaucha tant les petits et les grands, Que toujours à l'envers on la...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Épigramme. Quels sorciers ont dansé sur ton chose, Fanchon, Que le poil n'y croît point ? Aurait-il bien la teigne ? Réponse. Un fameux cabaret n'a que faire d'enseigne, Dit-on pas qu'au bon vin ne faut point de bouchon ? Jean...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Épigramme. Alix a pleine main tenait Le manche à Thibaut, qui frétille ; Thibaut, du cul carillonnait, Comme Alix tournait la cheville. Vilain, vous pétez ? dit la fille. Quoi ! dit Thibaut sans s'étonner, Pensez-vous tant toucher l'aiguille Sans faire l'horloge...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Épigramme. Alix, qu'on traînait prisonnière, À sa mère dit sans rougir : « Cessez de pleurer tant, ma mère, Je me ferais bien élargir. » Jean Auvray
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
(Madame Olympe n'aimait que les hommes sans barbe.) Dieu ne plaise, Olympe, que je grimpe Dessus ton corps comme un audacieux ! Ne fut-ce pas dessus le mont Olympe Que les Titans firent la guerre aux Dieux ? J'aime bien mieux une raz campagne Qu'ambitieux prendre...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Épigramme. Margot, qui se marche en triangle, Pète toujours quand on la sangle ; Je ne sais si c'est d'aise ou non, Ou si le calibre est trop large, Mais je sais bien que trop de charge Fait souvent crever le canon. Jean...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Justice est le ciment des Etats monarchiques, L'arc-boutant de la paix, le bras droit des Rois, Fille aînée de Dieu, trésorière des lois, La base de l'Etat, l'âme des républiques, Sans qui le souffle ardent des esprits frénétiques Aurait bouleversé l'empire mille...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Sonnet. On dit que Pasiphæ s'accoupla d'un taureau Dont naqui sur la terre un monstre épouvantable Pérrine, qu'as tu fait du monstre abominable Que jadis tu conçus de l'ouvrage d'un veau ? Tu l'eusses, sanguinaire, étranglé au berceau, Honteuse d'allaiter cet ourson...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Poètes, peintres parlants, que vous sert de nous feindre, Peintres, poètes muets, que vous sert de nous peindre Des feux, des fouets, des fers, des vaisseaux pleins de trous, Des rages, des fureurs, des lieux épouvantables : Pour exprimer l'horreur des enfers...
17ème siècle, Jean Auvray, Poèmes
Ma belle un jour dessus son lit j'approche Qui me baisant là sous moi frétillait Et de ses bras mon col entortillait Comme un Lierre une penchante Roche. Au fort de l'aise et la pâmoison proche Il me sembla que son œil se fermait, Qu'elle était froide et qu'elle...