Sur un rocher désert, l’effroi de la nature,Dont l’aride sommet semble toucher les cieux,Circé, pâle, interdite, et la mort dans les yeux, Pleuroit sa funeste aventure.Là, ses yeux errants sur les flots,D’Ulysse fugitif sembloient suivre la trace.Elle croit voir encor...
Voici le meilleur de la poésie de Jean-Baptiste Rousseau. Ode tirée du Cantique d'Ézéchias - Jean-Baptiste Rousseau J'ai vu mes tristes journéesDécliner vers leur penchant ;Au midi de mes annéesJe touchais à mon couchant :La Mort, déployant ses ailes,Couvrait d'ombres...
Vous dont le pinceau téméraire Représente l’hiver sous l’image vulgaire D’un vieillard faible et languissant, Peintres injurieux, redoutez la colère De ce dieu terrible et puissant : Sa vengeance est inexorable, Son pouvoir jusqu’aux cieux sait porter la terreur ; Les...
Chrysologue toujours opine ; C’est le vrai Grec de Juvénal : Tout ouvrage, toute doctrine Ressortit à son tribunal. Faut-il disputer de physique ? Chrysologue est physicien. Voulez-vous parler de musique ? Chrysologue est musicien. Que n’est-il point ? Docte critique,...
Que l'homme est bien, durant sa vie, Un parfait miroir de douleurs, Dès qu'il respire, il pleure, il crie Et semble prévoir ses malheurs. Dans l'enfance toujours des pleurs, Un pédant porteur de tristesse, Des livres de toutes couleurs, Des châtiments de toute espèce....
De haut savoir Phébus ne m’a doté, Mais des neuf Sœurs je sais toucher la lyre ; Grosse chevance oncques ne m’a tenté, Mais peu de biens ont de quoi me suffire. Amour me tint longtemps sous son empire : J’ai retrouvé repos et liberté ; Mais ce bien là, certes, je le...
J’ai depuis peu vu ta femme nouvelle, Qui m’a paru si modeste en son air, Si bien en point, si discrète, si belle, L’esprit si doux, le ton de voix si clair, Bref, si parfaite et d’esprit et de chair, Que, si le ciel m’en donnoit trois de même, J’en rendrois deux au...
FAIBLESSE DES HOMMES, GRANDEUR DE DIEU Mon âme, louez le Seigneur ; Rendez un légitime honneur À l'objet éternel de vos justes louanges. Oui, mon Dieu, je veux désormais Partager la gloire des anges, Et consacrer ma vie à chanter vos bienfaits. Renonçons au stérile...
Certain huissier, étant à l’audience, Criait toujours : Paix-là ! messieurs ; paix-là ! Tant qu’à la fin tombant en défaillance, Son teint pâlit, et sa gorge s’enfla. On court à lui. Qu’est-ce ci ? Qu’est-ce là ? Maître Perrin ! à l’aide ! il agonise ! Bessière vient...
Elle a, dit-on, cette bouche et ces yeux Par qui d’Amour Psyché devint maîtresse ; Elle a d’Hébé le souris gracieux, La taille libre, et l’air d’une déesse. Que dirai plus ? On vante sa sagesse ; Elle est polie et de doux entretien, Connaît le monde, écrit et parle...
Près de sa mort une vieille incrédule Rendait un moine interdit et perclus : Ma chère fille, une simple formule D’acte de foi ! quatre mots, et rien plus. Je ne saurais. Mon Dieu, dit le reclus, Inspirez-moi ! Ça, voudriez-vous être Persuadée ? Oui : je voudrais...
Certain ivrogne, après maint long repas, Tomba malade. Un docteur galénique Fut appelé. Je trouve ici deux cas, Fièvre adurante, et soif plus que cynique. Or, Hippocras tient pour méthode unique, Qu’il faut guérir la soif premièrement. Lors le fiévreux lui dit :...
Ce monde-ci n’est qu’une œuvre comique Où chacun fait ses rôles différents. Là, sur la scène, en habit dramatique, Brillent prélats, ministres, conquérants. Pour nous, vil peuple, assis aux derniers rangs, Troupe futile et des grands rebutée, Par nous d’en bas la...
Vil imposteur, je vois ce qui te flatte : Tu crois peut-être aigrir mon Apollon Par tes discours ; et, nouvel Érostrate, À prix d’honneur, tu veux te faire un nom ? Dans ce dessein tu sèmes, ce dit-on, D’un faux récit la maligne imposture. Mais dans mes vers, malgré...
Par passe-temps un cardinal oyait Lire les vers de Psyché, comédie ; Et les oyant, pleurait et larmoyait, Tant qu’eussiez dit que c’était maladie. Quoi ! monseigneur, à cette rapsodie, Lui dit quelqu’un, tant nous semblez touché ; Et l’autre jour, au martyre prêché De...
Sur les rives d’Argos, près de ces bords arides Où la mer vient briser ses flots impérieux, La plus jeune des Danaïdes, Amymone, implorait l’assistance des dieux : Un Faune poursuivait cette belle craintive ; Et levant ses mains vers les cieux : Neptune, disait-elle,...
Certain curé, grand enterreur de morts, Au chœur assis récitait le service. Certain frater, grand disséqueur de corps, Tout vis-à-vis chantait aussi l’office. Pour un procès tous deux étant émus, De maudissons lardaient leurs oremus. Hom ! disait l’un, jamais...
La nuit d’un voile obscur couvrait encor les airs, Et la seule Diane éclairait l’univers, Quand de la rive orientale, L’Aurore, dont l’Amour avance le réveil, Vint trouver le jeune Céphale, Qui reposait encor dans le sein du sommeil. Elle approche, elle hésite, elle...
Quand sur Bayard, par bois ou sur montagne, À giboyer vous prenez vos ébats, Dieux des forêts d’abord sont en campagne, Et vont en troupe admirer vos appas. Amis Sylvains, ne vous y fiez pas ; Car ses regards font souvent pires niches Que feu ni fer ; et cœurs, en tel...
Arbres dépouillés de verdure, Malheureux cadavres des bois, Que devient aujourd’hui cette riche parure Dont je fus charmé tant de fois ? Je cherche vainement, dans cette triste plaine, Les oiseaux, les zéphirs, les ruisseaux argentés : Les oiseaux sont sans voix, les...
À peine le soleil, au fond des antres sombres , Avait du haut des cieux précipité les ombres, Quand la chaste Diane, à travers les forêts, Aperçut un lieu solitaire Où le fils de Vénus et les dieux de Cythère Dormaient sous un ombrage frais : Surprise, elle s’arrête ;...
De tes lectures assidues, Ami, crois-moi, pour quelques jours Tâche d’interrompre le cours ; Car, pour peu que tu continues, Je crains, à te parler sans fard, Que la mort sévère et chagrine, Jugeant peut-être à tout hasard De ton âge par ta doctrine, Ne te prenne pour...
Filles du Dieu de l’univers, Muses, que je me plais dans vos douces retraites ! Que ces rivages frais, que ces bois toujours verts Sont propres à charmer les âmes inquiètes ! Quel cœur n’oublîrait ses tourments Au murmure flatteur de cette onde tranquille ? Qui...
Ô Catinat ! quelle voix enrhumée De te chanter ose usurper l’emploi ! Mieux te vaudrait perdre ta renommée, Que los cueillir de si chétif aloi. Honni seras, ainsi que je prévoi, Par cet écrit. Et n’y sais, à vrai dire, Remède aucun, sinon que contre toi Le même auteur...
J'ai vu mes tristes journées Décliner vers leur penchant ; Au midi de mes années Je touchais à mon couchant : La Mort, déployant ses ailes, Couvrait d'ombres éternelles La clarté dont je jouis ; Et, dans cette nuit funeste, Je cherchais en vain le reste De mes jours...
Lorsqu’à Pluton le messager Mercure Eut apporté le Banquet de Platon, II fit venir le maître d’Épicure, Et lui dit : Tiens, lis-moi ce rogaton. Lors Démocrite, abusé par le ton, Lut cet écrit, le croyant d’un sophiste. Qui fut penaut ? Ce fut le bon Pluton ; Car son...