19ème siècle, Jean Lahor, Poèmes
Le vent criait, le vent roulait ses hurlements, L'Océan bondissait le long de la falaise, Et mon âme, devant ces épouvantements, Et ces larges flots noirs, respirait plus à l'aise. La lune semblait folle, et courait dans les cieux, Illuminant la nuit d’une clarté...
19ème siècle, Jean Lahor, Poèmes
Tu ne me connais pas, tu ne sais qui je suis, Tu ne m'aperçois pas, le soir, quand je te suis, Quand se perd ma pensée en tes lueurs de femme, Quand je m'en vais, noyant mes sens, noyant mon âme Dans les candeurs et les fraîcheurs de ta beauté. Tes regards clairs,...
19ème siècle, Jean Lahor, Poèmes
Je suis l'Ancien, je suis le Mâle et la Femelle, L'Océan d'où tout sort, où tout rentre et se mêle ; Je suis le Dieu sans nom, aux visages divers ; Je suis l'Illusion qui trouble l'univers. Mon âme illimitée est le palais des êtres ; Je suis l'antique Aïeul qui n'a...
19ème siècle, Jean Lahor, Poèmes
Une ceinture d'or resplendit à sa taille : Terrible et belle, ainsi qu'une armée en bataille, Le soir, quand elle marche en ses lourds vêtements, Sa sinistre beauté fait pâlir ses amants. Pareille à la Nature, inconstante comme elle, Tendre parfois, parfois féroce et...
19ème siècle, Jean Lahor, Poèmes
Le sage aime la paix et la douceur des plantes, Leurs regards féminins et leur sérénité, Et le sage aime aussi les bêtes nonchalantes Qui dorment près de lui dans l'immobilité. Le soir, quand il succombe au lourd poids de la vie, Qu'il est las de penser et de rêver...
19ème siècle, Jean Lahor, Poèmes
Tout est mensonge : aime pourtant, Aime, rêve et désire encore ; Présente ton cœur palpitant À ces blessures qu'il adore. Tout est vanité : crois toujours, Aime sans fin, désire et rêve ; Ne reste jamais sans amours, Souviens-toi que la vie est brève. De vertu, d'art...
19ème siècle, Jean Lahor, Poèmes
Astre clair qui là-haut trembles au fond des cieux, Quel est le nom, quelle est la forme de tes dieux ? Des hommes sont-ils rois de tes troupeaux de bêtes ? Lointaine étoile, as-tu tes héros, tes prophètes ? Tes fous, tes criminels, et tes sombres damnés, Ou tes...
19ème siècle, Jean Lahor, Poèmes
Des vers retentissants valent-ils le silence D'une âme qui remplit son devoir simplement, Et, pour autrui toujours pleine de vigilance, Trouve sa récompense et sa joie en aimant ? La splendeur de la forme est une corruptrice ; Les ivresses du beau rarement nous font...
19ème siècle, Jean Lahor, Poèmes
Soyez grands, soyez forts, soyez victorieux ; Soyez aimants, marchez des flammes dans les yeux. Soleil, Dieu des clartés, Dieu bon qui les pénètres, Verse-leur ton amour brûlant pour tous les êtres. – Comme le Ciel bénit la Terre nuit et jour, Homme, sur cette femme...
19ème siècle, Jean Lahor, Poèmes
Aime, ainsi que la mer, la mer dressant ses vagues Comme des seins tendus aux baisers du soleil, Et de ses cris d’amour, de ses longs soupirs vagues, Gémissante, emplissant tout l’espace vermeil ; Comme ces larges nuits qui cachent sous leurs voiles La palpitation...
19ème siècle, Jean Lahor, Poèmes
Médite sur la fleur divine du lotus, Cette image du monde, Sur la fleur au cœur blanc, perçant comme Vénus La surface de l’onde. Elle étale sa fleur et son calice pur Sur les eaux d’un grand fleuve. Et s’ouvre tous les jours aux baisers de l’azur, Qui de clarté...
19ème siècle, Jean Lahor, Poèmes
La nuit splendide et bleue est un paon étoilé Aux milliers d'yeux brillants comme des étincelles, Qui fait la roue et marche, ou vole et bat des ailes Devant ton trône, Allah, à nos regards voilé. Jean Lahor
19ème siècle, Jean Lahor, Poèmes
Ma pensée est sereine et rêve parfumée, Comme la chambre heureuse où dort ma bien-aimée : Large fleur au cœur blanc qui parfume la nuit, La lune sur l'étang du ciel s'épanouit. Ma pensée est sereine et rêve caressée D'une odeur de santal que ta chair m'a laissée. Jean...
19ème siècle, Jean Lahor, Poèmes
Ô nuit, ô belle nuit, pâle comme sa chair : Je rêve au passé mort, je rêve au passé clair... Je revois ta chair pâle, et rêve aux heures mortes, Où notre joie, où notre extase étaient si fortes ! Le rossignol des nuits d'alors ne chante plus : Je songe à tes grands...
19ème siècle, Jean Lahor, Poèmes
Le soleil est ma chair, le soleil est mon cœur, Le cœur du ciel, mon cœur saignant qui vous fait vivre, Le soleil, vase d'or, où fume la liqueur De mon sang, est la coupe où la terre s'enivre. Les astres sont mes yeux, mes yeux toujours ouverts, Toujours dardant sur...
19ème siècle, Jean Lahor, Poèmes
Au cygne frissonnant qui la vient embraser Elle offre son beau corps robuste sans comprendre : Des Immortels naîtront de ce muet baiser, Et la forme d'Hélène en ce flanc va descendre. Et par l'étrange éclat des soirs mystérieux C'est ainsi que toujours la stupide...
19ème siècle, Jean Lahor, Poèmes
Les êtres pour le Sage ont l'aspect de fantômes ; Vaine agitation de forces et d'atomes, Un mouvement sans but tourmente l'univers, Que sans but réfléchit l'eau calme de mes vers. Jean Lahor
19ème siècle, Jean Lahor, Poèmes
La nuit se déroulait, splendide et pacifique ; Nous écoutions chanter les vagues de la mer, Et nos cœurs éperdus tremblaient dans la musique ; Les harpes de David semblaient pleurer dans l’air. La lune montait, pâle, et je faisais un rêve : Je rêvais qu’elle aussi...
19ème siècle, Jean Lahor, Poèmes
Ô mon âme, épervier d’Allah, d’un vol altier Viens et monte, et planant sur l’univers entier, Embrassant d’un regard toutes les créatures, Les formes d’autrefois et les formes futures, Ces apparitions, des visions d’un jour, Qui font trembler les cœurs de terreur ou...
19ème siècle, Jean Lahor, Poèmes
Je marchais ébloui par le matin vermeil ; Le fourmillement d’or de la mer au soleil Aveuglait mes regards ; et je me sentais l’âme Près d’elle s’alanguir à ses soupirs de femme. Les flots étincelaient parfois comme des yeux. Des troupes d’oiseaux blancs jetaient des...