De quel soleil, de quel divin flambeau - Joachim du Bellay

De quel soleil, de quel divin flambeauVint ton ardeur ? lequel des plus haulx Dieux,Pour te combler du parfaict de son mieulx,Du Vandomois te fist l’astre nouveau ? Quel cigne encor’ des cignes le plus beauTe prêta l’aele ? et quel vent jusq’aux cieulxTe balança le...

Dedans le clos des occultes Idées - Joachim du Bellay

Dedans le clos des occultes Idées,Au grand troupeau des ames immortellesLe Prevoyant a choisi les plus belles,Pour estre à luy par luymesme guidées. Lors peu à peu devers le ciel guindéesDessus l’engin de leurs divines aelesVollent au seing des beautez eternelles,Où...

Voicy le jour, que l’eternel amant - Joachim du Bellay

Voicy le jour, que l’eternel amantFist par sa mort vivre sa bien aimée :Qui telle mort au cœur n’a imprimée,O seigneur Dieu ! est plus que dyamant. Mais qui poura sentir ce doulx torment,Si l’ame n’est par l’amour enflammée ?Soufle luy donc, pour la rendre...

Dieu, qui changeant avec’ obscure mort - Joachim du Bellay

Dieu, qui changeant avec’ obscure mortTa bienheureuse, et immortelle vie,Fus aux pecheurs prodigue de ta vie,Pour les tirer de l’eternelle mort : Celle pitié coupable de ta mortGuide les paz de ma facheuse vie,Tant, que par toy à plus joyeuse vieJe soy’ conduit du...

Pere du ciel, si mil’ et mile fois - Joachim du Bellay

Pere du ciel, si mil’ et mile foisAu gré du corps, qui mon desir convie,Or que je suis au printemps de ma vie,J’ay asservi et la plume, et la voix, Toy, qui du cœur les abismes congnois,Ains que l’hiver ait ma force ravie,Fay moy brusler d’une celeste envie,Pour mieux...

O seigneur Dieu, qui pour l’humaine race - Joachim du Bellay

O seigneur Dieu, qui pour l’humaine raceAs esté seul de ton pere envoyé !Guide les pas de ce cœur devoyé ;L’acheminant au sentier de ta grace. Tu as premier du ciel ouvert la trace,Par toy la mort a son dard etuyé :Console donq’ cet esprit ennuyé,Que la douleur de mes...

Sus, sus mon ame, ouvre l’œil, et contemple - Joachim du Bellay

Sus, sus mon ame, ouvre l’œil, et contempleL’arc triomphal de l’amour supernel,Qui pour laver ton peché paternelPorta le faix de ta perte si ample. Là, de pitié est le parfaict exemple :Sus donc mes vers, d’un vol sempiternelPortez mes vœux en son temple eternel,Le...

O noble esprit, des Graces allié - Joachim du Bellay

O noble esprit, des Graces allié,Que ta vertu, la Muse, et la NatureOnt par destin, et non par avanture,Avec le mien etroitement lié ! O de mon cœur la seconde moitié !Si de ton feu quelque scintile dure,Soulage un peu le torment que j’endure,Me consolant d’excuse, ou...

Esprit divin, que la troupe honnorée - Joachim du Bellay

Esprit divin, que la troupe honnorée,Du double mont admire, en t’écoutant,Cigne nouveau, qui voles en chantantDu chault rivage au froid hiperborée : Si de ton bruit ma Lire enamouréeTa gloire encor’ ne va point racontant,J’aime, j’admire, et adore pourtantLe hault...

O Citherée ! ô gloire paphienne ! - Joachim du Bellay

O Citherée ! ô gloire paphienne !Mere d’Amour, vien’ piteuse à la belle,Qui le secours de tes Graces appelle,Saincte, pudique, et chaste Cyprienne. Soutien aussi, vierge Tritonienne,De ton vieulx tige une branche nouvelle :Toy, qui sortis de la saincte cervelle,Sage...

Mais quel hiver seiche la verde souche - Joachim du Bellay

Mais quel hiver seiche la verde soucheDes sainctz rameaux, ombrage de ma vie ?Quel marbre encor’, marbre pasle d’envie,Blesmist le teint de la vermeille bouche ? Mais quele main, quele pillarde moûcheRavist ses fleurs ? c’est toy, fievre hardie,Qui fais languir par...

Des chiens veillants le long cry doloreux - Joachim du Bellay

Des chiens veillants le long cry doloreux,Le soing du guet, et la ferrée porteLa tour d’airein pouvoient rendre assez forteContre l’assault du nocturne amoureux. Trop en etoit le sort avantureuxMesm’ à celuy qui la vengence porte,S’il ne se fust de sa divine...

O que l’enfer etroitement enserre - Joachim du Bellay

O que l’enfer etroitement enserreCet ennemy du doulx repos humain,De qui premier la sacrilege mainArracha l’or du ventre de la Terre ! Cetuy vraiment mena premier la guerreContre le ciel, ce fier, cet inhumainTua son pere, et son frere germain,Et fut puni justement du...

Vieille, qui prens de crainte nouriture - Joachim du Bellay

Vieille, qui prens de crainte nouriture,De faulx rapport et de legere foy,Pourquoy fais-tu, soudain que je te voy,Geler mon feu d’une triste froidure ? Si tu es donq’ à mes plaisirs si dure,Pourquoy viens-tu loger avecques moy ?Va te noyer en ce fleuve d’emoy,Fleuve...

O faulse vieille ! ô fille de l’Envie - Joachim du Bellay

O faulse vieille ! ô fille de l’Envie,Et de l’Amour, fille qui à ton pereAs enfanté dommage, et vitupere,En corrompant le miel de nostre vie ! O gehinne ! ô fleau de nostre fantasie,Qui jusqu’en l’ame as ton cruel’ repere !O le seul mal du bien, que l’on espere...

S’il a dict vray, seiche pour moy l’ombrage - Joachim du Bellay

S’il a dict vray, seiche pour moy l’ombrageDe l’arbre sainct, ornement de mes vers,Mon nom sans bruit erre par l’univers,Pleuve sur moy du ciel toute la rage. S’il a dict vray, de mes soupirs l’orage,De cruauté les durs rochers couvers,De desespoir les abismes...

Qui a peu voir la matinale rose - Joachim du Bellay

Qui a peu voir la matinale roseD’une liqueur celeste emmïellée,Quand sa rougeur de blanc entremesléeSur le naïf de sa branche repose : Il aura veu incliner toute choseA sa faveur : le pié ne l’a foulée,La main encor’ ne l’a point violée,Et le troupeau aprocher d’elle...

Dieu qui reçois en ton giron humide - Joachim du Bellay

Dieu qui reçois en ton giron humideLes deux ruisseaux de mes yeulx larmoyans,Qui en tes eaux sans cesse tournoyansEnflent le cours de ta course liquide, Quand fut-ce, ô Dieu ! qu’en la carriere videDe ton beau ciel, ces cheveux ondoyans,Comme tes flotz au vent...

Quand vos beaux yeulx Amour en terre incline - Joachim du Bellay

Quand vos beaux yeulx Amour en terre incline,Et voz espriz en un soupir assembleAvec ses mains, et puis les desassembleD’une voix clere, angelique, et divine, Alors de moy une doulce rapineSe faict en moy : je me pers, il me sembleQue le penser, et le vouloir on...

Ores je chante, et ores je lamente - Joachim du Bellay

Ores je chante, et ores je lamente,Si l’un me plaist, l’autre me plaist aussi,Qui ne m’areste à l’effect du souci,Mais à l’object de ce qui me tormente. Soit bien, ou mal, desespoir ou attente,Soit que je brusle ou que je soy’ transi,Ce m’est plaisir de demeurer ainsi...