Sous quels cieux nouveaux, ô mon grand artiste. Ta sonore tente a-t-elle émigré ? Moi dont l'amitié te suit à la piste, Je reviens, ce soir, solitaire et triste, Revoir un doux lieu par toi consacré. Un soir de juillet, un soir que la lune D'un reflet splendide...
La villa, qui de haut regarde la vallée, Par le rideau des bois est à demi voilée. Autour d'elle, un massif de fleurs, des chants d'oiseaux, Et des conques de marbre où murmurent les eaux. En face, un vert gazon qui, d'une molle pente, Descend jusqu'à la plaine où la...
Pourquoi, d'une vague implacable, Vieil Océan, viens-tu toujours Battre de ta prison de sable Les indestructibles contours ? Ta perds ton temps, tu perds ta peine ; Ne vois-tu pas que cette arène A ta colère sert de frein ? Que ta viens t'épuiser contre elle Comme un...
Après ces jours d'été dignes du ciel numide, Quand le soleil a fui sous l'occident en feu, Heureux qui vient, le soir, sur la falaise humide, Dilater ses poumons à l'air du golfe bleu ! Est-il parfum meilleur que celui de ces plages ? Que ce vent de la nuit, aux...
Encore un jour de brume, encore un jour de pluie, Un jour de solitude au coin d'un pâle feu ! Depuis un mois, Paris qu'aucun soleil n'essuie Grelotte, et, l'œil tourné vers ses toits noirs de suie, Vainement cherche au ciel une trace de bleu. Perdu dans un hôtel,...
Nous touchons à juillet, premier des mois brûlants, Et la journée enfin se retire à pas lents. Après l'ardent soleil, qui là-bas traîne encore, Vient la nuit, cette nuit, faite à moitié d'aurore, Qui dans le vaste ciel, joyeux de son retour, D'une main sème l'ombre et...
Esprit de l'air, je te salue ! Je te salue, oiseau lointain, Qui montes, comme une âme élue Dans la lumière du matin. Fuyant la plaine où ton nid reste, Où l'homme aussi demeure, hélas ! Tu remplis tout le bleu céleste De ta voix aux brillants éclats. En plein azur...
Regarde cette mer : pourquoi, d'un bleu limpide, Vois-tu s'étendre au loin ses lumineux réseaux ? A sa face, pourquoi nulle ombre, nulle ride ? C'est qu'un ciel clair et doux brille au-dessus des eaux. Eh bien, de ce beau ciel que l'émail pur s'efface, Que, derrière...
La maison du pêcheur, qui près du flot s'élève, Entre ses murs étroits nous avait accueillis. C'était l'heure du soir, l'heure propice au rêve. La mer, sous une brise, arrivait à la grève En doux et larges plis. A travers la croisée ouverte sur la plage, L'œil...
Seul avec la douleur qui partout l'accompagne, Un soir que le poète errait sur la montagne, En regardant la mer déroulée au couchant, Un murmure, une voix lointaine, entrecoupée, L'atteignit... Son oreille était-elle trompée ? Non ! Sous les vagues sons de cette...
Vierge au front étoilé ! Reine sainte ! Madone Douce à tout affligé dans ce vallon de pleurs ! Que partout, qu'à jamais le cantique résonne Qui te nomme, ici-bas, Mère des Sept Douleurs ! Dans l'alcôve où s'éteint la lampe d'agonie, Qu'un malade, troublé par l'ombre...
A travers le damas de sa fenêtre close, Un rayon pénétrait, un rayon tiède et rose ; Il dorait son alcôve aux murs de blanc satin. Elle se souleva du chevet de dentelle, Et, l'œil sur le cadran : Midi ! murmura-t-elle, Midi ! Pour se lever c'est encore bien matin....
Quoi ! Vous à pareille heure ici, belle inconnue ! Étrangère, et pour moi cependant déjà sœur ! Vous, si jeune et si frêle, êtes aussi venue Admirer l'ouragan dans toute sa noirceur ! Quoi ! Pour l'étudier, cette mer en colère Dont les flots mugissants bondissent par...
Renais, renais ; ouvre et déploie Ta robe de fleurs et d'air pur ; Tressaille d'amour et de joie, Ô terre antique où me renvoie Le Dieu qui règne dans l'azur ! Réveille-toi ! — sous l'hiver sombre Dormir cinq mois, c'est trop longtemps. Chasse la pluie, écarte...
Soufflez et mugissez, tristes vents de la nuit ! Sombres flots, déchirez et jetez à grand bruit Votre folle écume au rivage ! Penché vers vous, du bord de ces rocs frémissants, J'aspire dans mon âme et je bois dans mes sens Je ne sais quel plaisir sauvage. Le vieil...
Tandis qu'un reste d'ombre obscurcit les vallées, Et que la brume encore enveloppe les cieux, Derrière la montagne aux cimes dentelées ; Le soleil surgit radieux. C'est lui, c'est le soleil ! Éveille-toi, nature ! Prompte à le saluer, ô terre, éveille-toi ! Et vous,...
Au couchant lumineux quand le jour se replie, Qu'une planète au ciel déjà peut s'entrevoir, Il fait bon, couple errant sur une onde assouplie, De respirer à deux l'air embaumé du soir, De saluer là-haut ces premières étoiles Dont le rayon lointain nous invite à rêver...
Du travail des aïeux, salut, cher monument ! Salut, pierre modeste unie au dur ciment ! Dans notre vieil enclos, qui rarement se ferme, Je t'aime et te vénère, ô puits de notre ferme ! Et, des marbres taillés pour le faste d'un roi, Je n'en connais pas un que je...
Je suis l'été riche et superbe, La saison des brûlants soleils, Jusqu'au genou, plongé dans l'herbe, Je me couronne d'une gerbe, Pleine de fleurs aux tons vermeils ! Que dans sa nuit, vieillard sauvage, L'hiver grelotte sur un feu : Rêvant les rêves du bel âge, De ma...
Hôtesse au doux accueil, reine d'une cabane ! Merci d'avoir voulu me montrer ce beau lieu, Désert où vous vivez, loin d'un monde profane, Avec la paix du cœur et les conseils de Dieu. Comme vous, je connais l'étrange inquiétude Qui loin de nos cités vous emporte...
En vain la nuit s'écoule, en vain le ciel se dore Des premiers doux rayons de la déesse Aurore, Sur la mer poissonneuse ils sont toujours errants. De leurs bras fatigués, rameurs assis en rangs, Sans cesse ils frappent l'onde : Ulysse est à la poupe. Inclinant vers...
Oui, j'aimai, je chantai, dès ma saison première, Ce fluide élément, Ces espaces d'azur où l'âme, heureuse et fière, Plane si librement. Oui, le mouvant tableau de cette onde où se mire Le chœur des astres d'or, Me fut cher comme à toi, — Sirène que j'admire Sans te...
Les soirs d'automne, quand l'orage Sur les blancs contours de la plage Sème la vague en tourbillons, J'aime à venir sur cette rive Écouter votre voix plaintive, Alcyons ! Tristes alcyons ! Du bord de ces roches, couvertes De sable humide et d'algues vertes, Longtemps...
J'ai reparu sur la colline Dans un nuage aux franges d'or, Je suis la beauté qui décline ; Mais, à mes charmes, on devine Que les cœurs me suivent encore ! Ce n'est plus la fraîche auréole, Ce n'est plus l'éclat des grands jours ; C'est la pâleur, déjà plus molle,...
Ô flots ! De votre voix profonde, intarissable, Bercez un vieil ami revenu de si loin. Dans ce lit que mes mains ont creusé dans le sable, Donnez-moi, donnez-moi la paix dont j'ai besoin ! Me reconnaissez-vous ? Le voyageur morose Qui vient pencher sur vous un front...
La verte Normandie a sur ses promontoires De grands bœufs accroupis sur leurs épais genoux. Des bœufs au manteau blanc semé de taches noires, Des bœux aux flancs dorés, marqués de signes roux. Aux heures de la trêve et du sommeil des vagues, Paisiblement couchés dans...
Nous sommes les vagues profondes Où les yeux plongent vainement ; Nous sommes les flots et les ondes Qui déroulent autour des mondes Leur manteau d'azur écumant ! Une âme immense en nous respire, Elle soulève notre sein. Sous l'aquilon, sous le zéphyr, Nous sommes la...
Avant que mon adieu salue avec tristesse Paris, ce beau Paris qui fut l'humble Lutèce, Et que j'aille revoir les fortunés climats Où Marseille au rivage aligne tant de mâts, Laisse-moi rafraîchir, ami, dans ta mémoire, La promesse qu'un jour tu me fis après boire,...
Te voilà donc enfin, toi si longtemps rêvée ! Des eaux que je sillonne enfin tu t'es levée, Italie, où tendaient mes vœux les plus constants ! Ô terre ! Terre antique et toujours si nouvelle, Laisse-moi te bénir, toi que Dieu me révèle Sous le premier rayon d'un matin...
Depuis de longs jours, l'ouragan qui gronde Va nous emportant sur l'Océan noir, Bien loin de la rive où je vins au monde, Pour des maux que nul n'eût osé prévoir. Le mât du vaisseau, que bat la tourmente, Jette en s'inclinant un douloureux cri. D'où vient qu'à son...
Poète errant au bord de cette mer profonde, Suspens le pas et vois... vois ce que fait son onde : En fondant sur la grève elle y prend au hasard Quelque caillou grossier qui gisait à l'écart, De silex, de granit quelque rude parcelle, La détache du sol et l'entraîne...
« A quoi songes-tu donc de t'engourdir ainsi ? Serais-tu désormais à ce point radouci, Géant qu'on disait si farouche ? Depuis plus d'un long mois, à quoi donc penses-tu D'être là, somnolent, de languir abattu Comme un ancêtre dans sa couche ? Ce n'est pas pour te...
Humbles toits, rassemblés au flanc de la colline Que ceignent les palmiers ; Tuiles au rouge émail qu'un vieux clocher domine. Hanté par les ramiers ; Des portes où la vigne arrondit son treillage, Et, devant les maisons, Des barques de pêcheurs, qu'on retire à la...
Sous le marteau brutal tu tombes pierre à pierre ; Avec indifférence un peuple destructeur Te dépèce, ô vieux temple, ô maison de prière, Qui ne suffisais plus à l'orgueil du pasteur ! Lorsque d'une autre nef, plus brillante et plus fière, A ta place on pourra mesurer...
C'est le même sentier qui longe la colline : L'yeuse encore y pousse et la fraîche aubépine ; Et l'air qu'on y respire aux lisières du bois Brille aussi transparent, aussi pur qu'autrefois. Autrefois !... mot pétri d'amertume et de charmes ; Ciel qu'on admire au loin,...
Sous la treille, à midi, pendant que la maison Repose, et que les blés, jusques à l'horizon, Sous ce vent frais et doux qui chaque jour s'élève, Roulent comme des flots attirés par la grève, L'un près de l'autre assis, tous deux gardent le seuil : Tous deux, l'aimable...
Vous qu'à mon côté ma barque balance, Regardez là-haut ce firmament bleu, Magnifique espace où l'âme s'élance Et monte en chantant jusqu'aux pieds de Dieu ! Vous qu'à mon côté berce ma nacelle, Regardez au loin l'Océan d'azur, Bassin dont l'eau vive au jour étincelle,...
Je les avais jadis visités, ces rivages Où le cristal des eaux reflète un ciel si pur, Où la terre embaumée abonde en fleurs sauvages, Où le figuier s'incline et trempe ses feuillages Au maritime azur. J'en avais emporté les images .heureuses ; Dans mes songes,...
A François-René de Chateaubriand Ô maître ! Ô voyageur, dont la voix souveraine Nous saisit et partout sur tes pas nous entraîne, Dont le poudreux bourdon brille plus à nos yeux Que dans la main des rois un sceptre glorieux ! Toi qui, nous conduisant, multitude ravie,...
Parmi les noirs brisants où le flot tourbillonne, Le phare vers la nue élève sa colonne. Pilier de blocs massifs qu'unit un dur ciment, Il surgit, solitaire, ainsi qu'un monument. Des vagues, à ses pieds, la fureur se déchaîne : On dirait que la mer assiège de sa...
Agile, adroit, — cheveux livrés aux folles brises, L'aîné de la famille, enfant de quatorze ans, Oublieux de l'école et des heures assises, Grimpe à cheval dans l'arbre aux longs rameaux luisants Où pendent les cerises. Les autres sont au pied, jeunes fronts plus...
Dans la rade où se joue une brise odorante, Aujourd'hui je voguais, au retour de Sorrente. Je rapportais à Naples un radieux butin, Un beau thyrse de fleurs écloses du matin, Merveilles de ces bords, telles qu'à sa Madone, Le premier jour de mai, Sorrente seule en...
Les vents fougueux, les vents déchaînés à grand bruit Contre les noirs écueils, ce soir, déchirent l'onde. Qu'ils soufflent ! Sous le toit de ma grotte profonde, Tu pourras, sans danger, dormir toute la nuit : Au bruit tumultueux de la vague irritée, Dors d'un sommeil...
Muse qui possédez au cœur ce saint trésor Dont le ciel généreux enrichit ceux qu'il aime, Lisez, lisez des vers ; mais plus souvent encore Écrivez-en vous-même. Écrivez ce que dit ce spectacle charmant Que mon œil, grâce à vous, apprit à mieux connaître, Paysage qui...
Entre les caps d'azur qui dentèlent la Grèce Il en est un, que l'onde incessamment caresse, Et qu'en voguant vers lui tout pieux pèlerin Salue avec amour à l'horizon serein. Sunium ! Sunium ! dit-il, radieux faîte, Gloire à toi ! — Gloire à toi ! Piédestal d'un...
Dans son berceau d'osier que l'aïeule balance, Regardez-le dormir, le tendre nourrisson. Nos fermiers sont deux fois heureux de sa naissance : C'est leur premier enfant, c'est leur premier garçon ! Que la ferme au travail tout un jour fasse trêve ; Que l'araire en un...
Hier, la nue encore avait de sombres teintes, La plaine était dans l'ombre et les cimes éteintes ; Et la forêt qui dort, mélancolique à voir, Découpait sur le ciel son réseau dur et noir. Tout dormait : toits de chaume, éclairés d'un jour blême, Étangs, bergers,...
Après un jour d'été, quand la ville s'endort, Qu'elle étouffe l'écho de ses rumeurs dernières ; Quand les lampes du soir dans les maisons du port S'allument, et sur l'eau projettent leurs lumières ; Le long des quais obscurs, il est doux d'écouter, Dans cet apaisement...
— Un jour enfin, disais-je, il faudrait le connaître Ce nouvel Archiloque, en rimes passé maître, Dont le vers, fabriqué dans un moule puissant, Comme un marteau d'airain, frappe en retentissant. Quel est-il ? D'où lui vient cette humeur de bataille ? Marche-t-il,...
C'est ici qu'oublieux des soucis que l'on porte Volontiers on s'arrête, à moitié du chemin. C'est ici qu'un vin clair égayé et réconforte : Ainsi l'indique au moins cette branche de pin Suspendue à la porte. Braves gens qui passez, faites halte un moment ; Tout...
Sur son blanc chevet, belle, à demi nue, Elle parlait seule, et parlait tout bas : Du sommeil pour tous l'heure est revenue ; La lumière au loin s'endort sous la nue ; Pourquoi, faible cœur, seul ne dors-tu pas ? Sous son toit rustique où la nuit se pose, L'agreste...
Il est aux bords déserts du canal Mozambique Une lisière étroite aux pentes du rocher, Un rivage sans nom, d'aspect morne et tragique, Dont les vaisseaux en mer n'osent pas approcher. Comme un rideau tendu la montagne l'ombrage ; Jusqu'au niveau de l'onde, abrupte...
Aux confins d'un plateau qui fleurit sans culture S'élève une montagne, étrange de structure, Dont les flancs, inclinés et taillés en remparts, Présentent mille creux béants de toutes parts. Gomme un entassement de décombres antiques, Comme un cloître désert, plein...
Nous avions sur le pont, durant ce long voyage, Une vache au flanc roux qui, de son pur laitage, Abreuvait une femme et deux frêles jumeaux, Bercés dans un hamac par le roulis des eaux. Du vaste azur des mers partout environnée, Elle voguait pensive, inquiète,...
« Presque un siècle entier sans courber ma tête A passé sur moi, vrai lion marin. Il faudrait pourtant prendre sa retraite, Et chercher à terre un abri serein ! Quand on a lassé, rude capitaine. Les vents et les flots, la glace et le feu, Aux biens que promet la terre...
Où vont ces vaisseaux aux vives allures Qui, sortant du port, nous disent adieu ? Où vont ces vaisseaux aux blanches voilures Que mon œil poursuit à l'horizon bleu ? Ils vont, dispersés sur les vastes ondes, Explorer des bords inconnus de nous ; Loin de ce rivage, ils...
Les rivages à pic descendent à la mer. Leurs sommets, rafraîchis par un zéphyr amer, Portent tout un fouillis de grands bois ou d'arbustes ; Lentisques, châtaigniers, pins verts, chênes augustes ! La nature a sculpté, le long du vieux granit, Une corniche étroite où...
Halte, voiturin ! Je veux, au rivage, Suivre ici la route en humble piéton. Il eut pour berceau cet obscur village, Celui dont ce mur porte inscrit le nom. Tout jeune, il venait s'asseoir à la grève, Perçant l'horizon d'un œil inquiet ; Puis il s'endormait, et voyait...
C'est elle, c'est la mer ! Enfin tu m'es rendue, Enfin je te revois, magnifique étendue, Ô mer, dont chaque flot luit comme un diamant ! Après tant de longs mois passés loin de ta rive, Je reviens, et j'éprouve au moment où j'arrive L'allégresse d'un fils et presque...
Sur les vertes hauteurs qui dominent la rade, De larges blocs de marbre au hasard sont couchés ; Forts débris que le temps péniblement dégrade, Et dont le vent polit les angles ébréchés. Ces fragments, où survit la beauté des vieux âges, Ont-ils jadis plané dans...
Tant pis pour les beaux yeux que le sommeil tient clos, Pour tous les indolents dont la nuit se prolonge : Ils ne connaîtront pas, si beau que soit leur songe, Ce spectacle enchanté du matin sur les flots. Lumière, azur, fraîcheur ! La mer est diaprée ; L'aube fleurit...
J'ai cueilli le lis, J'ai cueilli la rose ; Je les ai cueillis, Et je les dépose A vos pieds de rose, A vos pieds de lis ! Des fleurs de la lande J'ai fait mon butin ; J'ai fait ma guirlande Des fleurs du matin. J'offre mon butin, Que l'amour le rende ! L'aurore aux...
Viens dans les ombres du hallier, Viens avec moi, riante et douce ; Écoute l'écho singulier De ce grand chêne aux pieds de mousse Si je lui chante ici ton nom, Ce cher nom de sœur et d'amante, Crois-tu qu'il le redise ?... Non, Il dit : charmante ! Arbre aux...
Ni nuage, ni vent, au ciel que ton œil sonde ! Vaste sérénité ! Pourtant, si le ciel dort, L'onde veille : là-bas, sous un cap, la mer gronde ; Ici, sur les cailloux, elle gazouille au bord. Comme elle y berce bien cette felouque vide, Dont les noirs matelots, à...
Au bord du clair bassin qu'à peine un souffle ride, Eau pure où le regard jusqu'au sable descend, Dans sa fleur du matin, dans sa beauté candide, Rêvait la blonde enfant à l'œil tendre et limpide, Au charme dangereux, s'il n'était innocent. Parmi les roseaux verts...
Les brouillards sont venus, dont l'humide manteau Charge dès le matin la plaine et le coteau : Pâle et froide vapeur qu'à peine un rayon perce. Les feuilles que l'eau trempe et qu'un souffle disperse, Tourbillonnent dans l'air ; la bise à l'aigre son S'est remise à...
A Bristol, sur le quai, le nom de Lion rouge Désigne un lieu connu de tous les gens de mer : Taverne du nommé Walkins, honnête bouge, Où l'aie est sans pareille et ne coûte pas cher. Cent marins attablés trinquent dans un nuage ; On a peine à s'entendre, on a peine à...
Des chemins où l'on va plongeant dans la poussière Et réclamant en vain quelque ombrage sauveur ; Des coteaux dépouillés de glèbe nourricière, Des rocs blancs, dont l'éclat offense la paupière, Tant le soleil d'été les baise avec ferveur, Des terrains sans culture, où...
Comme un globe de feu qui jaillit du cratère, Il est enfin sorti des fentes de la terre, Ce bronze qui dormait dans son moule natal. L'artiste, en détachant son argileuse écorce, A lui-même admiré l'étendue et la force De l'instrument monumental ! Il est là : suspendu...
Les mauvais jours venus, quand de sa robe verte Le bois a dispersé les guirlandes au vent ; Le long des parcs en deuil, quand la terre est couverte De feuillages criards que l'on foule en rêvant ; Alors — triste tableau ! — la forêt orpheline Conserve à peine encore...
Jule ! Heureux compagnon, dont le style aux beaux jours Ne respirait que joie et que folles amours, Sais-tu que maintenant ta prose, ô mon artiste, Exhale un son nouveau qui m'étonne et m'attriste ! — Tu vois devant tes pas s'accourcir l'horizon ; Tu ne sais quelle...
La nuit descend ; la mer, dont je longe la plage, Blanchit sur les galets à grand bruit charriés. Sifflant une chanson de farouche présage, Le vent froisse ma tempe, et me lance au visage La poussière des flots qui brisent à mes pieds. L'ombre submerge au loin les...
Barque au mince flanc, légère coquille Qui t'engloutirais sous le premier grain, Que n'es-tu navire à puissante quille, Que n'es-tu vaisseau cuirassé d'airain ! Poursuis, te dirais-je, oh ! Poursuis ta route, Sans rentrer au port, stagnante prison. Cette vaste mer...
A l'œuvre, dis-tu, qui pour toi commence, Tu sens chanceler ta force et ta foi : Chanter l'Océan, la tâche est immense Et demanderait plus vaillant que toi ! Courage, poète ! Artiste, courage ! L'art est le plus grand des magiciens. Ignores-tu donc, novice à...
Le soleil des beaux jours s'en va tout pâlissant ; Le nuage se mouille ; La sève des buissons languit et redescend ; Le jardin se dépouille ; Et voilà que l'année en son pâle cercueil Repose, froide et morte ! Arrivez maintenant, en longs crêpes de deuil, Arrivez,...
Il est nuit : la mer dans son lit repose, Assoupie au loin si tranquillement Que pas une brise à cette heure n'ose Troubler d'un baiser son recueillement. Sans murmure aucun, sans aucune ride, Qu'elle est belle à voir cette mer qui dort, Laissant admirer dans le flot...
Tout regard se perd, tant la brume est noire ; Il ne fut jamais plus aveugle nuit : Au sein du néant je pourrais me croire, Si je n'entendais un immense bruit. Cette voix, ô mer ! C'est ta voix qui tonne Sur l'écueil voisin chargé de galets, Tandis que le vent, le...
« Voulez-vous de la mer connaître un vrai miracle, Disait-il ; voulez-vous contempler un spectacle Que le poète ému cherche d'un pas fréquent ? Partez un jour, gagnez les côtes de Fécamp ; Sur la grève en talus que le flot escalade, Allez voir Étretat, maritime...
Dans un vaisseau qui des terres Fuit toujours le bord lointain, Sur les vagues solitaires Je naquis un beau matin. Le baptême d'une lame Répandue à triple seau Vint, dit-on, me laver l'âme Et le corps dans mon berceau. Le Dieu que je prie A fait ma patrie Des flots...
Souffle, souffle, bon vent ! Chasse-nous de la terre, Fais-nous bien vite fuir le rivage où s'altère La fierté du marin. A nous la haute mer ! À nous le bleu domaine Où la liberté vogue, où chacun se promène En maître souverain ! De grâce, passagers, laissez-nous le...
Le navire à son flanc met l'escalier mobile. Il attend près du môle, en dehors de la ville, Les hôtes inconnus qui, rangés sous ses mâts, S'en iront, dès ce soir, vers de lointains climats. Le long du quai bruyant où s'alignent les poupes, Ils arrivent en hâte et...
Le vallon fait silence : un vent agite à peine La feuille qui parfois tremble et s'éveille encore. Le bruit seul des ruisseaux s'élève de la plaine, Et, là-haut, dans les airs pleins de leur fraîche haleine, Les étoiles au ciel s'ouvrent, paupières d'or ! L'humble...
« O vents, disaient les flots, quand nous laisserez-vous Dormir à notre gré d’un sommeil large et doux ? Trêve à la fin, trêve d’orages ! Laissez-nous refléter dans notre clair miroir Les matins rayonnants, les nuits belles à voir, Et les merveilles de nos plages. « —...
Ils avaient tout un jour, assidus à leur tâche, Travaillé du marteau, du rabot, de la hache : Charpentiers d’aventure, ils rajustaient le flanc De leur chaloupe usée, au pont mince et branlant, Qui hors du flot gisait. — Hélas ! la chère barque Des injures du temps...
Peuple orageux qui des antres sauvages Sort en fureur, De toutes parts nous semons les ravages Et la terreur. Allez, nous dit le Dieu qui nous déchaîne, Et nous allons. Comme un roseau nous abattons le chêne Dans les vallons. Des vastes mers qui séparent les mondes...
Nous avions sur le pont, durant ce long voyage, Une vache au flanc roux qui, de son pur laitage, Abreuvait une femme et deux frêles jumeaux, Bercés dans un hamac par le roulis des eaux. Du vaste azur des mers partout environnée, Elle voguait pensive, inquiète,...
Après un jour d’été, quand la ville s’endort, Qu’elle étouffe l’écho de ses rumeurs dernières ; Quand les lampes du soir dans les maisons du port S’allument, et sur l’eau projettent leurs lumières, Le long des quais obscurs, il est doux d’écouter, Dans cet apaisement...
Poète errant au bord de cette mer profonde, Suspends tes pas, et vois,… vois ce que fait son onde : En brisant sur la grève, elle y prend au hasard Quelque caillou grossier qui gisait à l’écart, De silex, de granit quelque rude parcelle, La détache du sol et...