La honte à l'œil baissé ne me fera point taire, Je ne craindrai l'orgueil du causeur affeté, Je ne me cacherai pour n'être fréquenté, Laissant la sainte Amour qui ne me veut complaire. Je connais maintenant mon humeur téméraire, C'est trop pour un mortel qu'une...
Un jour le Ciel était superbement ému, Quand l'odorante Flore étale sa richesse : Moi - comme bon Chrétien - m'en allé à la Messe Proposant d'amortir l'audace de mon feu : Mais que m'en advint-il ? pardonne-moi, ô Dieu ! J'ai changé ton image en ma belle Maîtresse, Et...
M'amour, tu as trahi ma jeunesse peu caute. Je brûle t'œilladant, certes je n'en puis plus ! Vois ma couleur changeante et vois mes sens émus, Je suis près du péril de l'agréable faute. Je ne quiers si tu es papiste ou huguenote, Amour n'a point de loi. Malheureux...
Mais quelle aveugle loi tellement te maîtrise De prendre un voile noir, égarant tes beaux yeux Des plaisirs, les plaisirs les plus délicieux, Pères de ta beauté, des beautés plus exquise ? Quel Christ, quel saint, quel roi, quel ange, quel Moïse, A fait, dit,...
N'oser aimer celui, doué de bonne grâce, Qui est à ses amis sans artifice aucun, Ne parler à personne, éloigner un chacun, Fuir ce que la gloire aimablement pourchasse : Marcher piteusement avecque triste face Avoir le chef couvert d'un grand voile importun, Vivotter...
Ô belle Noémie, approche, embrasse-moi, Et ne m'allègue plus ma sainte ardeur éprise, Disant que je m'en aille à Théophile exquise A qui j'offris mes vœux premièrement qu'à toi. Je me fâche vraiment de ce double renvoi Qui fraude les loyers de ma brave entreprise : Le...
Pourquoi négliges-tu l'extrême affection Dont je te veux servir, ma gente Théophile ? Tu m'amènes la loi, qui est toute mobile, Étant sujette aux rois, divers d'opinion. Je ne trouve au couvent nulle religion : Sans l'effet apparent la voix est inutile. La royale...
Afin qu'amour-oiseau ne soit plus si volage, Je veux qu'il ait la forme ores d'un Papillon, Il en sera plus gai, plus mignard, plus mignon, Plus céleste, éveillé, plus reluisant, plus sage. Il ne sera plus triste, étrangement sauvage, Mais joyeux, mais privé, toujours...
Qu'en dites-vous, mon Cœur ? Je vous prie de le dire. Quoi ? vous rêvez, ce semble, ô quelle étrange humeur ! Mais ce beau teint changeant m'avant-court un bonheur, Et ce vent tremblotant qui doucement soupire. Las ! ce bel œil baissé, dont le jour se retire, Pourrait...
Avant que d'adorer le ciel de vos beautés, D'un clin d'œil triplement j'aperçus d'aventure Votre visage, Amour, chef-d'œuvre de Nature, Par qui je souffre, hélas, tant d'âpres cruautés ! Vous teniez ce cristal, miroir des déités, Qui me représenta votre sainte figure,...
Quand viendra l'heureux temps que je sacrifiré Mon corps sur votre autel que saint Désir dédie, Que j'épandrai mon sang en mémoire infinie D'avoir par une erreur si longtemps soupiré ? Quand viendra l'heureux jour que je vous offriré Un bénit cierge ardent avec...
Comme un corps féminin que la mère Nature N'a point favorisé de présent gracieux S'efforce vainement, d'un art industrieux, A vouloir déguiser sa première figure, Ainsi l'illustre honneur par qui ma vie endure, Sans être atteint du dard du premier né des dieux,...
Que ne suis-je échangé en précieuse pluie, J'assoupirai Éole en sa prison soufflant ! Que ne suis-je changé en aigle haut volant Pour te faire compagne à la grande Asterie ! Que ne suis-je échangé en babillarde pie Pour t'aller saluer ores en gaudissant ! Que ne...
Cousinons la cousine, elle est cointe et jolie, Elle aime à cousiner, et ne refuse rien Au cousin cousinant, qui la cousine bien, Car il a bouche à cour, et la chambre garnie. En si beau cousinage un cousin ne s'ennuie, Ce n'est que sucre et miel, ce n'est qu'humble...
Quoi ! qu'est-ce que ceci ? ma mignonne, es-tu folle ? Ne te moques-tu point ? penses-tu apaiser L'audace de mon feu par un simple baiser, D'un gracieux regard, d'une douce parole ? Ni pour la compagnie, il faut que je t'accole. Ne crains qu'on le découvre, on ne peut...
Ha Dieu ! que j'ai de bien alors que je baisotte Ma jeune folion dedans un riche lit Ha Dieu ! que j'ai de bien en ce plaisant conflit, Perdant mon plus beau sang par une douce flotte. Ha Dieu ! que j'ai de bien lorsque je la mignotte, Lorsque je la chatouille, et...
Si l'amour ne paraît à mes désirs constant, Il n'en faut s'étonner. Le monde est variable, Toute chose ici-bas est mouvante et muable, Tout se change et rechange en un même instant. Il n'est rien qui ne soit gouverné par le vent. Le seul vent nous dispose, et au lit...
J'aime bien le savoir, bien que je n'aime à lire, J'aime beaucoup la guerre et la douce santé, J'aime les bons chevaux, qui ont de la beauté, J'aime le doux repos, j'aime à chanter et rire. J'aime bien à moquer, un petit à médire, - Ne disant toutefois que toute...
Si les pleurs douloureux, si les tristes complaintes, Si les mortels sanglots, si les regrets cuisants, Si les fières fiertés, si les ennuis nuisants, Si les funestes cris, si les rigueurs non feintes, Si les maux outrageux, si les dures atteintes, Si les noires...
J'aime tant ce parler bégayement mignard Qui sent encor le lait d'une voix enfantine, Toutefois bien souvent il donne du poignard Qui m'objecte soudain à faire maigre mine. Mais tout ainsi qu'il faut que le brave soldard Doute moins l'ennemi que son bon capitaine,...
S'habiller bravement, s'ombrer de fards menteurs, D'un mauvais mot nous feindre une éloquence, Apprendre à bégayer, n'aller qu'à révérence, Et n'être aucunement sans servants serviteurs, Recevoir le poulet, le plumer par humeurs, Porter un éventail qui sert de...
Je l'œilladais mi-nue, échevelée, Par un pertuis dérobé finement, Mon cœur battait d'un tel débattement Qu'on m'eût jugé comme en peur déréglée. Or' j'étais plein d'une ardeur enflammée, Ore de glace en ce frissonnement. Je fus ravi d'un doux contentement, Tant que ma...
Sur ses ailes, Amour, d'un vol plein de vitesse, Sans donner à mon âme un moment de repos, Plus vite qu'un dauphin qui traverse les flots, Me transporte haut-volant vers ma chaste déesse. Jamais de tel randon des aquilons la presse, Franchissant à l'envi d'Amphitrite...
Je penserai plutôt la mer non variable, Le beau printemps sans fleurs, le mois d'août sans moissons, Le froidureux hiver sans neige, sans glaçons, Et le pauvre idiot avisément croyable. Je penserai plutôt le bonheur abhorrable, L'automne sans fruitage, et sans nulles...
Ton poil, ton œil, ta main, crêpé, astré, polie, Si blond, si bluettant, si blanche, alme beauté, Noue, ard, touche mes ans, mes sens, ma liberté, Les plus chers, les plus prompts, la plus parfaite amie. Mais ce nœud, mais ce feu, mais ce trait gâte-vie, Qui m'enlace,...
Je voudrais bien, pour m'ôter de misère, Baiser ton œil - bel Astre flamboyant. Je voudrais bien de ton poil ondoyant Nouer un nœud qui ne se pût défaire, Je voudrais bien ta bonne grâce attraire, Pour me jouer un jour à bon esciant, Je voudrais bien manier ce friant...
Ton voile noir te fait approuver feinte, Il te déguise en cachant tes beaux yeux, Et si convient à ton vœu soucieux, Qui est couvert de religion sainte. Certainement toute chose contrainte Est haïssable aux hommes et aux dieux ; Par force on entre au couvent odieux...