19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A Théo Poilpot. Du fond des caveaux de tristesse - Que surplombe l'Irrémédiable ainsi qu'une voûte, - Du fond des caveaux de tristesse - Où vous êtes, de deuil vêtue Et toute Pleurante descendue - Mon âme ! Souvenez-vous de ce retour enivré, Dans les larges floraisons...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A Edmond Haraucourt. C'était un poète tourmenté d'un mal étrange Il vécut sans désirs sans ambitions Sans jalousie et sans joies ; Ignorant les larmes plus douces que le miel Et les mortels baisers. Car, un soir d'extase, il avait aperçu dans la Lune Celle qu'il...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A Charles de Sivry. Dans le Parc, dans le Parc les glycines frissonnent, Etirant leurs frêles bras - Ainsi que de jeunes filles Qui se réveillent d'un court sommeil Après la nuit dansée au bal, Les boucles de leurs cheveux Tout en papillotes Pour de prochaines fêtes -...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
PRÉLUDE Les douces lampes veillent Sur le frissonnant calme des tentures Et les coussins profonds comme l'oubli Se font complices de notre langueur. Quel charme dans la muette sérénade Des guitares frôlées par nos cœurs émus Sous les balcons des Extases ! Et ces...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A N. Lebeau. La soie fleurie Des longs corsages Palpite d'amour libertine et discrète. Les galants paniers Où éclosent Des roses Brodées Se bercent au rythme lent et mesuré Du menuet. Et près de l'oreille : vivant rocaille Le précieux éventail. Bat de l'aile comme un...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
Ah ! pourquoi de vos yeux Tant appeler mes yeux, Et pourquoi d'une folle étreinte me dire Que tout est puéril Hors élan de nos cœurs Éperdus l'un vers l'autre. Ces lampes claires et ces girandoles Dévoileraient mon trouble sans doute, Si je laissais vos yeux Tant...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A François Coppée. Le long des boulevards et le long des rues elles étoilent les maisons ; À l'heure grise du matin, repliant leurs deux ailes en persiennes, elles abritent les exquises paresses et emmitouflent de ténèbres le Rêve frileux. Mais le soleil les fait...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A Arsène Houssaye. L'air est plus opprimant par ce soir d'orage Dans le creux de roche où Magdelaine pleure - Et des pierres émane une odeur de tristesse. Loin sont les jours Où sa victorieuse beauté Lui était Comme une couronne Et l'éclat astral de ses yeux Comme une...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A Catulle Mendès. La jeune fille nazaréenne amoureusement rêve Elle rêve aux exploits sans pareils De l'admirable Jéhovah. C'est lui – dit-elle dans son cœur tremblant - Qui exhaussa Par la seule force de son Verbe Les murailles d'azur qui supportent son ciel. C'est...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
À Georges d'Esparbés. Le firmament luit comme un cimeterre Et les routes sont pâles comme des mortes. Les Vents – allègres paladins - Sont partis devers Les mers ; Montés sur les éthéréens chevaux Au fier galop de leurs sonnants sabots Ils sont partis devers Les mers....
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A Jules Guérin. Vous êtes pareils aux cœurs fiers en détresse O rocs ! dressés au bords de cette mer implacable et tendre. Bleue, comme l'œil bleu des enfants : – tendre et implacable. Quelles Résignations longues Ont creusé le calme de vos grottes ? - Où dorment les...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A Alfred Rambaud Les âpres mâchoires des rochers Ont dévoré le déclinant soleil Et la peau aux lourdes rides - La rude peau des monstres accroupis - S'éclabousse du sang rose Que répandit le déclinant soleil. C'est l'Heure épanouie comme une large Fleur Où le ciel...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A Théodore de Banville Les plaines, les sombres plaines de la Mer Frissonnent opprimées par le courroux des cieux Mélancoliques jusqu'à la mort Et déchirés des glaives brillants de l'éclair ; Les Vents sifflent ainsi que des serpents blessés ; Le Flot révolté, le Flot...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A François de Nion. Errer parmi l'extravagant azur des Fictions, Aimer les Fleurs aux dangereux parfums, Croire à tous les sourires, Pieusement s'agenouiller devant tous les Dieux, Aux rayonnants diadèmes. Errer parmi l'extravagant azur des Fictions, C'est peut-être...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A Maurice Donnay. Regards attristés De réalités Laides ! O mes regards douloureux aussi Des pleurs répandus - Comme un sang très pâle Sur le sable des Cirques ; - Regards, – infatigables pèlerins Sur les chemins De la Beauté, - Buvez les fraîches ondes De verte clarté...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A Ringel. C'était par une après-midi embrumée Dans l'air opaque le ciel pesait comme un remords. J'avais dans l'âme le tentissement de son dernier baiser ; - Je l'avais pour jamais enfoui au fond de l'âme Comme au fond d'un caveau sépulcral. Dans l'air opaque le ciel...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A Alphonse Humbert. Heï ! Heï ! la jouvencelle Aux yeux de ciel A la tresse fleurie de rubans Brillants Heï ! Heï ! le rude gars En "siermiega" ; Fleurant les folles herbes Et le miel Joignez vos mains Heï ! Heï ! Le ménétrier assis sur la table Lance d'un geste large...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A Mlle Irma Perrot. Les petites idoles Animées O mais Si peu, que cette danse évoque la folle Vision : d'un bas-relief aux vivants symboles Hiératique et muet. Les mains délicates S'étirent comme des chattes Jaunes, et parfois Les pâles doigts S'ouvrent et volètent...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
Les Talons Vont D'un train d'enfer, Sur le sable blond, Les Talons Vont D'un train d'enfer Implacablement Et rythmiquement, Avec une méthode d'enfer, Les Talons Vont. Cependant le corps, Sans nul désarroi, Se tient tout droit, Comme appréhendé au collet Par les Recors...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A Paul Arène. Dansez la Pavane au rythme câlin, Somptueuses dames en vertugadins Galamment offrez votre douce main Aux beaux chevaliers. Tournez lentement, tournez tendrement, Comme en lassitude de folles nuictées, Promenez vos traînes richement brodées En cadence...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A Eugène Ledrain. Aux jardins fleuris de lauriers roses Et parmi les vasques Où tombent les doux pleurs des fontaines Echappées au rire hiératique Des masques, Hélène, aux yeux charmants, promène Une indolente songerie. Par instants, elle s'arrête Près des blancs...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A Xavier Krysinski. L'Être blanc au pur regard, à la lumineuse chevelure, suit nos pas tout le long de la vie. L'enfant le voit, tendre et doux, se pencher sur son sommeil, Et notre premier sourire est pour l'Être blanc Au pur regard. Plus tard, ainsi qu'un frère...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A Gaston de Raimes. Par les champs, par les villes, La Charité chemine ; Elle chemine à petits pas, Car ses pieds sont délicats Sont las D'avoir dansé. Elle a du pain rassis Dans sa sacoche En peau de crocodile. Elle a du pain rassis Pour les oiseaux Dignes d'intérêt...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A Mlle Renée de Riny. Je garde la mémoire fidèle Des vieux contes, contés Par les bonasses vieilles Si bonasses et vieilles. Elle me semblaient avoir au moins mille ans Car l'œil d'un enfant s'effare devant Les rides. Dans un Pays, très loin – très loin, La Reine des...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A Georges Bellenger. I Dans le parfum des violettes, des roses, et des acacias – ils se sont un matin rencontrés. Auprès de son corsage entr-ouvert, dormaient des roses moins douces que sa gorge – et ses yeux qui semblaient deux noires violettes embaumaient comme le...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
A J. -H. Rosny. Et je revis le vieux jardin oublié, Ingratement oublié, depuis les jours clairs et monotones – d'enfance. Mais ce ne furent point les souvenirs de ce gris matin - Si gris et pourtant si clair - Que je retrouvais au fuyant des allées De ce vieux jardin...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
À Charles Henry Sur le gazon déverdi, passent – comme un troupeau d’oiseaux chimériques – les feuilles pourprées, les feuilles d’or. Emportés par le vent qui les fait tourbillonner éperdument. – Sur le gazon déverdi, passent les feuilles pourprées, les feuilles d’or....
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
À Raoul Gineste De la lande attristée vers le ciel d’or glorieux Monte la vieille Croix de pierre Aux héroïques bras, jamais lassés De leur geste large ouvert, et sur qui les averses Ont mis l’offrande des mousses. Et tous à genoux sur l’herbe rare Courbant leurs...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
À Maurice Rollinat Il agonise, l’oiseau crucifié, l’oiseau crucifié sur la porte. Ses ailes ouvertes sont clouées, et de ses blessures, de grandes perles de sang tombent lentement comme des larmes. Il agonise, l’oiseau crucifié ! Un paysan à l’œil gai l’a pris ce...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
À Georges Duval Je rêvais que je me promenais en un jardin merveilleux. Dans la clarté des lampes allumées, s’épanouissaient des roses en satin et des camélias de velours. Les feuilles étaient en fin papier luisant, Et les tiges de laiton, soigneusement enveloppées de...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
À Georges Lorin. Longtemps après que toute vie Sur la terre veuve aura cessé, Les tristes ombres des humains, Les âmes plaintives des humains, Reviendront visiter La terre veuve Où toute vie aura cessé. Elles quitteront les corps nouveaux Que la tyrannique droite de...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
À Louis Forain. Elle est teinte en blonde, car Il n’aime que les blondes. Lui, a les cheveux de la même nuance que son complet très à la mode Par la fenêtre ouverte on voit un ciel bleu comme une flamme de soufre. Et la lune, radieuse en ces voiles, flotte vers de...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
À Charles de Sivry. Dans le Parc, dans le Parc les glycines frissonnent, Étirant leurs frêles bras – Ainsi que de jeunes filles Qui se réveillent d’un court sommeil Après la nuit dansée au bal, Les boucles de leurs cheveux Tout en papillotes Pour de prochaines fêtes –...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
À Madame Dardoize Je veux m’endormir dans le parfum des roses fanées, des sachets vieillis, des encens lointains et oubliés. – Dans tous les chers et charmeurs parfums d’autrefois. – Mes souvenirs chanteront sur des rythmes doux, et me berceront sans réveiller les...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
Ah ! pourquoi de vos yeux Tant appeler mes yeux, Et pourquoi d’une folle étreinte me dire Que tout est puéril Hors élan de nos cœurs Éperdus l’un vers l’autre. Ces lampes claires et ces girandoles Dévoileraient mon trouble sans doute, Si je laissais vos yeux Tant...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
À E. Mesplés Vous êtes la grâce jeune des matins Et le clair rire des flûtes pastorales Roses fleuries ! Mais le charme des tristesses très chères est en vous Et, notes de clavecins, s’évanouissent vos pétales Roses fanées ! Vous êtes revêtues des robes d’aurore Et,...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
À Jean Moréas. Trêve aux plaintes, assez de sanglots ; Ce triste cœur est dévasté de larmes ; Et devenu pareil à un champ de combat, Où la trahison de l’amant – Sous son glaive aux éclairs meurtriers – Coucha toutes les jeunes et puissantes joies Mortes, baignées dans...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
À Maurice Vaucaire. Qu’elles sont cruelles et lentes, les heures ! Et qu’il est lourd — l’ennui de la mort ! Les heures silencieuses et froides, qui tombent dans l’Éternité, comme des gouttes de pluie dans la mer. Donne-moi la main, ô ma sœur, et viens sous la Lune...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
Ève au corps ingénu lasse de jeux charmants Avec les biches rivales et les doux léopards Goûte à présent le repos extatique, Sur la riche brocatelle des mousses. Autour d’elle, le silence de midi Exalté la pamoison odorante des calices, Et le jeune soleil baise les...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
Les Talons Vont D'un train d'enfer, Sur le sable blond, Les Talons Vont D'un train d'enfer Implacablement Et rythmiquement, Avec une méthode d'enfer, Les Talons Vont. Cependant le corps, Sans nul désarroi, Se tient tout droit, Comme appréhendé au collet Par les Recors...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
Le firmament luit comme un cimeterre Et les routes sont pâles comme des mortes. Les Vents - allègres paladins - Sont partis devers Les mers ; Montés sur les éthéréens chevaux Au fier galop de leurs sonnants sabots Ils sont partis devers Les mers. Une paix maléfique...
19ème siècle, Marie Krysinska, Poèmes
Plus d'ardentes lueurs sur le ciel alourdi, Qui semble tristement rêver. Les arbres, sans mouvement, Mettent dans le loin une dentelle grise. - Sur le ciel qui semble tristement rêver, Plus d'ardentes lueurs. - Dans l'air gris flottent les apaisements, Les...