17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Quoi ! ce peuple aveugle en son crime, Qui, prenant son roi pour victime, Fit du trône un théâtre affreux, Pense-t-il que le ciel, complice D'un si funeste sacrifice, N'a pour lui ni foudres ni feux ? Déjà sa flotte à pleines voiles, Malgré les vents et les étoiles,...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Je chante les combats, et ce prélat terrible Qui par ses longs travaux et sa force invincible, Dans une illustre église exerçant son grand cœur, Fit placer à la fin un lutrin dans le chœur. C'est en vain que le chantre, abusant d'un faux titre, Deux fois l'en fit ôter...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
De Paris à Delhi, du couchant à l'aurore, Ce fameux voyageur courut plus d'une fois : De l'Inde et de l'Hydaspe il fréquenta les rois ; Et sur les bords du Gange on le révère encore. En tous lieux sa vertu fut son plus sûr appui ; Et, bien qu'en nos climats de retour...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Cependant cet oiseau qui prône les merveilles, Ce monstre composé de bouches et d'oreilles, Qui, sans cesse volant de climats en climats, Dit partout ce qu'il sait et ce qu'il ne sait pas ; La Renommée enfin, cette prompte courrière, Va d'un mortel effroi glacer la...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Mais la nuit aussitôt de ses ailes affreuses Couvre des Bourguignons les campagnes vineuses, Revole vers Paris, et, hâtant son retour, Déjà de Mont-Lhéri voit la fameuse tour. Ses murs, dont le sommet se dérobe à la vue, Sur la cime d'un roc s'allongent dans la nue,...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Les cloches, dans les airs, de leurs voix argentines, Appelaient à grand bruit les chantres à matines ; Quand leur chef, agité d'un sommeil effrayant, Encor tout en sueur se réveille en criant. Aux élans redoublés de sa voix douloureuse, Tous ses valets tremblants...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
L'Aurore cependant, d'un juste effroi troublée, Des chanoines levés voit la troupe assemblée, Et contemple longtemps, avec des yeux confus, Ces visages fleuris qu'elle n'a jamais vus. Chez Sidrac aussitôt Brontin d'un pied fidèle Du pupitre abattu va porter la...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Tandis que tout conspire à la guerre sacrée, La Piété sincère, aux Alpes retirée, Du fond de son désert entend les tristes cris, De ses sujets cachés dans les murs de Paris. Elle quitte à l'instant sa retraite divine La Foi, d'un pas certain, devant elle chemine ;...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
A M. Molière. Rare et fameux Esprit, dont la fertile veine Ignore en écrivant le travail et la peine ; Pour qui tient Apollon tous ses trésors ouverts, Et qui sçais à quel coin se marquent les bons vers. Dans les combats d'esprit sçavant Maistre d'escrime, Enseigne...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Quel sujet inconnu vous trouble et vous altère, D'où vous vient aujourd'hui cet air sombre et sévère, Et ce visage enfin plus pâle qu'un rentier A l'aspect d'un arrêt qui retranche un quartier ? Qu'est devenu ce teint dont la couleur fleurie Semblait d'ortolans seuls...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Qui frappe l'air, bon Dieu ! de ces lugubres cris ? Est-ce donc pour veiller qu'on se couche à Paris ? Et quel fâcheux démon, durant les nuits entières, Rassemble ici les chats de toutes les gouttières ? J'ai beau sauter du lit, plein de trouble et d'effroi, Je pense...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Muse, changeons de style, et quittons la satire : C'est un méchant métier que celui de médire ; A l'auteur qui l'embrasse il est toujours fatal : Le mal qu'on dit d'autrui ne produit que du mal. Maint poète, aveuglé d'une telle manie, En courant à l'honneur trouve...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
À M. M. , docteur de Sorbonne De tous les animaux qui s'élèvent dans l'air, Qui marchent sur la terre, ou nagent dans la mer, De Paris au Pérou, du Japon jusqu'à Rome, Le plus sot animal, à mon avis, c'est l'homme. Quoi ! dira-t-on d'abord, un ver, une fourmi, Un...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
C'est à vous, mon esprit, à qui je veux parler. Vous avez des défauts que je ne puis celer : Assez et trop longtemps ma lâche complaisance De vos jeux criminels a nourri l'insolence ; Mais, puisque vous poussez ma patience à bout, Une fois en ma vie il faut vous dire...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Enfin, bornant le cours de tes galanteries, Alcippe, il est donc vrai, dans peu tu te maries. Sur l'argent, c'est tout dire, on est déjà d'accord. Ton beau père futur vide son coffre-fort : Et déja le notaire a, d'un style énergique, Griffonné de ton joug l'instrument...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
À M. de Valincour, Secrétaire Général de la Marine et des Commandements de Monseigneur le Comte de Toulouse Oui, l'honneur, Valincour, est chéri dans le monde : Chacun, pour l'exalter en paroles abonde ; A s'en voir revêtu chacun met son bonheur ; Et tout crie ici-bas...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Sur l'équivoque Du langage français bizarre hermaphrodite, De quel genre te faire, équivoque maudite, Ou maudit ? car sans peine aux rimeurs hasardeux, L'usage encor, je crois, laisse le choix des deux. Tu ne me réponds rien. Sors d'ici, fourbe insigne, Mâle aussi...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Que l'abbé Cotin avait faite, et qu'il faisait courir sous mon nom. En vain par mille et mille outrages Mes ennemis, dans leurs ouvrages, Ont cru me rendre affreux aux yeux de l'univers. Cotin, pour décrier mon style, À pris un chemin plus facile : C'est de...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Le bruit court que Bacchus, Junon, Jupiter, Mars, Apollon, le dieu des beaux arts ; Les Ris même, les Jeux, les Grâces et leur mère, Et tous les dieux enfants d'Homère, Résolus de venger leur père, Jettent déjà sur vous de dangereux regards. Perrault, craignez enfin...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
M'a guéri d'une maladie : La preuve qu'il ne fut jamais mon médecin, C'est que je suis encor en vie. Nicolas Boileau
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Pour quelque vain discours sottement avancé Contre Homère, Platon, Cicerón ou Virgile, Caligula partout fut traité d'insensé, Néron de furieux, Adrien d'imbécile. Vous donc qui, dans la même erreur, Avec plus d'ignorance et non moins de fureur, Attaquez ces héros de...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
CONTRE L'ABBÉ COTIN. À quoi bon tant d'efforts, de larmes et de cris, Cotin, pour faire ôter ton nom de mes ouvrages ? Si tu veux du public éviter les outrages, Fais effacer ton nom de tes propres écrits. Nicolas Boileau
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Linière apporte de Senlis Tous les mois trois couplets impies. À quiconque en veut dans Paris Il en présente des copies : Mais ses couplets, tout pleins d'ennui, Seront brûlés, même avant lui. Nicolas Boileau
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Qui commence par Nuper erat medicus, etc. Paul ce grand médecin, l'effroi de son quartier, Qui causa plus de maux que la peste et la guerre, Est curé maintenant, et met les gens en terre : Il n'a point changé de métier. Nicolas...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
À la louange de M. Perrault. Malgré son fatras obscur, Souvent Brébeuf étincelle : Un vers noble, quoique dur, Peut s'offrir dans la Pucelle. Mais, ô ma lyre fidèle, Si du parfait ennuyeux Tu veux trouver le modèle, Ne cherche point dans les cieux D'astre au soleil...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Qui firent en même temps paraître contre moi chacun un volume d'injures. Venez, Pradon et Bonnecorse, Grands écrivains de même force, De vos vers recevoir le prix ; Venez prendre dans mes écrits La place que vos noms demandent. Linière et Perrin vous attendent....
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Clio vint l'autre jour se plaindre au dieu des vers Qu'en certain lieu de l'univers On traitait d'auteurs froids, de poètes stériles, Les Homères et les Virgiles. Cela ne saurait être ; on s'est moqué de vous, Reprit Apollon en courroux : Où peut-on avoir dit une...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
SUR L'AGÉSILAS DE P. CORNEILLE. J'ai vu l'Agésilas, Hélas ! SUR L'ATTILA DU MÊME. Après l'Agésilas, Hélas ! Mais après l'Attila, Holà ! Nicolas Boileau
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
SUR L'AGÉSILAS DE P. CORNEILLE. J'ai vu l'Agésilas, Hélas ! SUR L'ATTILA DU MÊME. Après l'Agésilas, Hélas ! Mais après l'Attila, Holà ! Nicolas Boileau
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Où l'auteur était allé prendre les eaux, et où il trouva un poète médiocre, qui lui montra des vers de sa façon. Il s'adresse à la fontaine. Oui, vous pouvez chasser l'humeur apoplectique, Rendre le mouvement au corps paralytique, Et guérir tous les maux les plus...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Quand j'aperçois sous ce portique Ce moine au regard fanatique, Lisant ses vers audacieux, Faits pour les habitants des cieux, Ouvrir une bouche effroyable, S'agiter, se tordre les mains, II me semble en lui voir le diable Que Dieu force à louer les saints. Nicolas...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Tout le trouble poétique A Paris s'en va cesser ; Perrault l'antipindarique, Et Despréaux l'homérique, Consentent de s'embrasser. Quelque aigreur qui les anime, Quand, malgré l'emportement, Comme eux l'un l'autre on s'estime, L'accord se fait aisément. Mon embarras...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
(Écrite à Bâville où était le P. Bardaloue, 1672.) Que Bâville me semble aimable, Quand des magistrats le plus grand Permet que Bacchus à sa table Soit notre premier président ! Trois muses, en habit de ville, Y président à ses côtés : Et ses arrêts par Arbouville...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Voici les lieux charmants où mon âme ravie Passait à contempler Silvie Les tranquilles moments si doucement perdus. Que je l’aimais alors, que je la trouvais belle ! Mon cœur, vous soupirez au nom de l’infidèle : Avez-vous oublié que vous ne l’aimez plus ? C’est ici...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Jeune et vaillant héros, dont la haute sagesse N'est point le fruit tardif d'une lente vieillesse, Et qui seul, sans ministre, à l'exemple des dieux, Soutiens tout par toi-même, et vois tout par tes yeux, GRAND ROI, si jusqu'ici, par un trait de prudence, J'ai demeuré...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Damon, ce grand auteur, dont la muse fertile Amusa si longtemps et la cour et la ville, Mais qui, n'étant vêtu que de simple bureau, Passe l'été sans linge et l'hiver sans manteau ; Et de qui le corps sec et la mine affamée N'en sont pas mieux refait pour tant de...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Les Satires sont un recueil de Nicolas Boileau composé publié en 1666. Il est inspiré des Satires d'Horace et de celles de Juvénal et contient 12 poèmes longs en alexandrins. Les thèmes abordés sont variés et inclus entre autres la vie à Paris, la vanité des nobles,...
Meilleur par Auteur, Nicolas Boileau
Si vous souhaitez lire ou relire les poèmes les plus célèbres et les plus beaux de Nicolas Boileau, vous êtes au bon endroit. Bien que l’art soit subjectif, j’ai tenté de sélectionner des poèmes incontournables de ce poète en me basant sur mes préférences personnelles...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
(Sur les folies humaines.) D'où vient, cher Le Vayer, que l'homme le moins sage Croit toujours seul avoir la sagesse en partage, Et qu'il n'est point de fou, qui, par belles raisons, Ne loge son voisin aux Petites-Maisons ? Un pédant enivré de sa vaine science, Tout...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Telle qu'une bergère, au plus beau jour de fête, De superbes rubis ne charge point sa tête, Et, sans mêler à l'or l'éclat des diamants, Cueille en un champ voisin ses plus beaux ornements Telle, aimable en son air, mais humble dans son style, Doit éclater sans pompe...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
(Sur l'amour de Dieu.) Docte abbé, tu dis vrai ; l'homme, au crime attaché, En vain, sans aimer Dieu, croit sortir du péché. Toutefois, n'en déplaise aux transports frénétiques Du fougueux moine auteur des troubles germaniques, Des tourments de l'enfer la salutaire...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Il n'est point de serpent, ni de monstre odieux, Qui, par l'art imité, ne puisse plaire aux yeux ; D'un pinceau délicat l'artifice agréable Du plus affreux objet fait un objet aimable. Ainsi, pour nous charmer, la Tragédie en pleurs D'Œdipe tout sanglant fit parler...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Rien n'est plus beau que le vrai. Dangereux ennemi de tout mauvais flatteur, Seignelay, c'est en vain qu'un ridicule auteur, Prêt à porter ton nom de l'Èbre jusqu'au Gange, Croit te prendre aux filets d'une sotte louange. Aussitôt ton esprit, prompt à se révolter,...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Dans Florence, jadis, vivait un médecin, Savant hâbleur, dit-on, et célèbre assassin. Lui seul y fit longtemps la publique misère : Là, le fils orphelin lui redemande un père ; Ici, le frère pleure un frère empoisonné. L'un meurt vide de sang, l'autre plein de séné ;...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
(Sur la noblesse dépourvue de vertu.) La noblesse, Dangeau, n'est pas une chimère, Quand, sous l'étroite loi d'une vertu sévère, Un homme issu d'un sang fécond en demi-dieux, Suit, comme toi, la trace où marchaient ses aïeux. Mais je ne puis souffrir qu'un fat, dont...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Le dos chargé de bois, et le corps tout en eau, Un pauvre bûcheron, dans l'extrême vieillesse, Marchait en haletant de peine et de détresse. Enfin, las de souffrir, jetant là son fardeau, Plutôt que de s'en voir accablé de nouveau, II souhaite la Mort, et cent fois il...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Laborieux valet du plus commode maître Qui pour te rendre heureux ici-bas pouvait naître, Antoine, gouverneur de mon jardin d'Auteuil, Qui diriges chez moi l'if et le chèvrefeuil, Et sur mes espaliers, industrieux génie, Sais si bien exercer l'art de La Quintinie ; Ô...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
(Sonnet sur une de ses parentes qui mourût toute jeune entre les mains d'un charlatan.) Nourri dès le berceau près de la jeune Orante, Et non moins par le cœur que par le sang lié, A ses jeux innocents enfant associé, Je goûtais les douceurs d'une amitié charmante :...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Grand roi, c'est vainement qu'abjurant la satire Pour toi seul désormais j'avais fait vœu d'écrire. Dès que je prends la plume, Apollon éperdu Semble me dire : Arrête, insensé ; que fais-tu ? Sais-tu dans quels périls aujourd'hui tu t'engages ? Cette mer où tu cours...
17ème siècle, Nicolas Boileau, Poèmes
Agréables jardins où les Zéphyrs et Flore Se trouvent tous les jours au lever de l'Aurore ; Lieux charmants qui pouvez dans vos sombres réduits, Des plus tristes amants adoucir les ennuis, Cessez de rappeler, dans mon âme insensée, De mon premier bonheur la gloire...