Pauvre je ne peux pas vivre dans l’ignoranceIl me faut voir entendre et abuserT’entendre nue et te voir nuePour abuser de tes caresses Par bonheur ou par malheurJe connais ton secret pas coeurToutes les portes de ton empireCelle des yeux celle des mainsDes seins et de...
Voici une petite sélection des plus beaux poèmes d'amour de Paul Éluard. Bien que l’art soit subjectif, j’ai tenté de sélectionner les poèmes les plus beaux et les plus connus en me basant sur mes préférences personnelles et leur présence dans plusieurs anthologies de...
La nuit n’est jamais complète.Il y a toujours, puisque je le dis,Puisque je l’affirme,Au bout du chagrinUne fenêtre ouverte,Une fenêtre éclairée,Il y a toujours un rêve qui veille,Désir à combler, Faim à satisfaire,Un cœur généreux,Une main tendue, une main...
On ne peut me connaîtreMieux que tu me connais Tes yeux dans lesquels nous dormonsTous les deuxOn fait à mes lumières d'hommeUn sort meilleur qu'aux nuits du monde. Tes yeux dans lesquels je voyageOnt donné aux gestes des routesUn sens détaché de la terre Dans tes...
Courir et courir délivrance Et tout trouver tout ramasser Délivrance et richesse Courir si vite que le fil casse Au bruit que fait un grand oiseau Un drapeau toujours dépassé. Paul Éluard
Le cœur sur l'arbre vous n'aviez qu'à le cueillir, Sourire et rire, rire et douceur d'outre-sens. Vaincu, vainqueur et lumineux, pur comme un ange, Haut vers le ciel, avec les arbres. Au loin, geint une belle qui voudrait lutter Et qui ne peut, couchée au pied de la...
Les lumières en l'air, L'air sur un tour moitié passé, moitié brillant, Faites entrer les enfants, Tous les saluts, tous les baisers, tous les remerciements. Autour de la bouche Son rire est toujours différent, C'est un plaisir, c'est un désir, c'est un tourment,...
Sous un soleil ressort du paysage Une femme s'emballe Frise son ombre avec ses jambes Et d'elle seule espère les espoirs les plus mystérieux. Je la trouve sans soupçons sans aucun doute amoureuse Au lieu des chemins assemblés De la lumière en un point diminuée Et des...
L'alarme matérielle où, sans excuse, apparaît la douleur future. C'est bien : presque insensible. C'est un signe de plus de dignité. Aucun étonnement, une femme ou un gracieux enfant de toile fine et de paille, idées de grandeur, Leurs yeux se sont levés plus tôt que...
Pour l'éclat du jour des bonheurs en l'air Pour vivre aisément des goûts des couleurs Pour se régaler des amours pour rire Pour ouvrir les yeux au dernier instant Elle a toutes les complaisances. Paul Éluard
Dormir, la lune dans un œil et le soleil dans l'autre, Un amour dans la bouche, un bel oiseau dans les cheveux, Parée comme les champs, les bois, les routes et la mer, Belle et parée comme le tour du monde. Puis à travers le paysage, Parmi les branches de fumée et...
Aveugle maladroit, ignorant et léger, Aujourd'hui pour oublier, Le mois prochain pour dessiner Les coins de rue, les allées à perte de vue. Je les imite pour m'étendre Dans une nuit profonde et large de mon âge. Paul...
Faites mon portait. Il se modifiera pour remplir tous les vides. Faites mon portrait sans bruit, seul le silence, À moins que — s'il — sauf — excepté — Je ne vous entends pas. Il s'agit, il ne s'agit plus. Je voudrais ressembler — Fâcheuse coïncidence, entre autres...
I À moitié petite, La petite Montée sur un banc. II Le vent Hésitant Roule une cigarette d'air. III Palissade peinte Les arbres verts sont tout roses Voilà ma saison. IV Le cœur à ce qu'elle chante Elle fait fondre la neige La nourrice des oiseaux. V Paysage de...
Dans un coin l'inceste agile Tourne autour de la virginité d'une petite robe. Dans un coin le ciel délivré Aux épines de l'orage laisse des boules blanches. Dans un coin plus clair de tous les yeux On attend les poissons d'angoisse. Dans un coin la voiture de verdure...
Ce qui se dit : J'ai traversé la rue pour ne plus être au soleil. Il fait trop chaud, même à l'ombre. Il y a la rue, quatre étages et ma fenêtre au soleil. Une casquette sur la tête, une casquette à la main, il vient me serrer la main. Voulez-vous ne pas crier comme...
Il pose un oiseau sur la table et ferme les volets. Il se coiffe, se cheveux dans ses mains sont plus doux qu'un oiseau. Elle dit l'avenir. Et je suis chargé de le vérifier. Le cœur meurtri, l'âme endolorie, les mains brisées, les cheveux blancs, les prisonniers,...
Un miracle de sable fin Transperce les feuilles les fleurs Éclôt dans les fruits Et comble les ombres Tout est enfin divisé Tout se déforme et se perd Tout se brise et disparaît La mort sans conséquences Enfin La lumière n'a plus la nature Ventilateur gourmand étoile...
La petite chérie arrive à Paris. Paris fait du bruit. Paris fait du bruit La petite chérie traverse la rue. La bruit tombe en pluie. La bruit tombe en pluie La petite chérie est sur le trottoir Où de gros messieurs cossus et tout noirs Empêchent son cœur de faire trop...
Sommeil léger, petite hélice, Petite, tiède, cœur à l'air. L'amour de prestidigitateur, Ciel lourd des mains, éclairs des veines, Courant dans la rue sans couleurs, Pris dans sa traîne de pavés, Il lâche le dernier oiseau De son auréole d'hier — Dans chaque puits, un...
C'est ma mère, monsieur, avec ma fiancée Elles passent là-bas, l'une à l'autre pressée. La jeune m'a giflé, la vieille m'a fessé. Je vous jure pourtant que je les aimais bien ; Mais, constamment, j'avais le besoin bénin D'exiger trop d'amour : ses larmes et son sein....
Elle avait dans la tranquillité de son corps Une petite boule de neige couleur d'œil Elle avait sur les épaules Une tache de silence une tache de rose Couvercle de son auréole Ses mains et des arcs souples et chanteurs Brisaient la lumière Elle chantait les minutes...
J'ai peint des terres désolées et les hommes sont fatigués de la joie toujours éloignée. J'ai peint des terres désolées où les hommes ont leurs palais. J'ai peint des cieux toujours pareils, la mer qui a tous les bateaux, la neige, le vent et la pluie. J'ai peint des...
Au milieu d'une île étonnante Que ses membres traversent Elle vit d'un monde ébloui. La chair que l'on montre aux curieux Attend là comme les récoltes La chute sur les rives. En attendant pour voir plus loin Les yeux plus grands ouverts sous le vent de ses mains Elle...
Ton rire est comme un tourbillon de feuilles mortes Froissant l'air chaud, l'enveloppant, quand vient la pluie. Amer, tu annules toute tragédie, Et ton souci d'être un homme, ton rire l'emporte. Je voudrais t'enfermer avec ta vieille peine Abandonnée, qui te tient si...
Qui a votre visage ? La bonne et la mauvaise La belle imaginable Gymnastique à l'infini Dépassant en mouvements Les couleurs et les baisers Les grands gestes la nuit. Paul Éluard
Des ailes, des ailes, des ailes Comme dans le chant de Ruckert. Théophile Gautier. Devant mourir, les roses sont plus belles Et les oiseaux ont des chants bien plus vifs. Les passions franchissent les récifs Pour caresser les corps les plus rebelles. Tout l'univers...
J'ai la beauté facile et c'est heureux Je glisse sur les toits des vents Je glisse sur le toit des mers Je suis devenue sentimentale Je ne connais plus le conducteur Je ne bouge plus soie sur les glaces Je suis malade fleurs et cailloux J'aime le plus chinois aux nues...
Des vers d'amour, j'en ai rarement fait. Je ne sais pas murmurer : « Je t'adore » En rythmes doux, qu'inspiré, l'on décore Des mots subtils, par lesquels est parfait Le très cher lien, qui toujours, veut éclore. Je crois qu'un jour, Daudet vit le préfet, Dans un grand...
Comme il fait moins froid ce soir ! Et comme les étoiles brillent ! Il fera beau demain matin Dessus l'avenue de Versailles. Il fera beau… (Et l'air se perd comme une bille.) Quand il fait beau, c'est agréable De s'en aller de si matin, Quand on sait que midi viendra...
Sourire aux visiteurs Qui sortent de leur cachette Quand elle sort elle dort. Chaque jour plus matinale Chaque saison plus nue Plus fraîche Pour suivre ses regards Elle se balance. Paul Éluard
I A fait fondre la neige pure, A fait naître des fleurs dans l'herbe Et le soleil est délivré. Ô fille des saisons variées, Tes pieds m'attachent à la terre Et je l'aime toute l'année. Notre amour rit de ce printemps Comme de toute sa beauté, Comme de toute sa bonté....
Ferme les yeux visage noir Ferme les jardins de la rue L'intelligence et la hardiesse L'ennui et la tranquillité Ces tristes soirs à tout moment Le verre et la porte vitrée Confortable et sensible Légère et l'arbre à fruits L'arbre à fleurs l'arbre à fruits Fuient....
La nuit plus longue et la route plus blanche. Lampes je suis plus près de vous que la lumière. Un papillon l'oiseau d'habitude Roue brisée de ma fatigue De bonne humeur place Signal vide et signal À l'éventail d'horloge. Paul...
Soleil tremblant Signal vide et signal à l'éventail d'horloge Aux caresses unies d'une main sur le ciel Aux oiseaux entr'ouvrant le livre des aveugles Et d'une aile après l'autre entre cette heure et l'autre Dessinant l'horizon faisant tourner les ombres Qui limitent...
Songe aux souffrances taillées sous des voiles fautifs Aux petits amateurs de rivières tournantes Où promenade pour noyade Nous irons sans plaisir Nous irons ramer Dans le cou des eaux Nous aurons un bateau. Paul...
L'instrument Comme tu le vois Espérons Et Espérons Adieu Ne t'avise pas Que les yeux Comme tu le vois Le jour et la nuit ont bien réussi. Je le regarde je le vois. Paul Éluard
Terre irréprochablement cultivée, Miel d'aube, soleil en fleurs, Coureur tenant encore par un fil au dormeur (Nœud par intelligences) Et le jetant sur son épaule : « Il n'a jamais été plus neuf, Il n'a jamais été si lourd. » Usure, il sera plus léger, Utile. Clair...
Avec des yeux pareils Que tout est semblable École de nu. Tranquillement Dans un visage délié Nous avons pris des garanties Un coup de main aux cheveux rapides La bouche de voluptueux inférieur joue et tombe Et nous lançons le menton qui tourne comme une toupie. Paul...
Après des années de sagesse Pendant lesquelles le monde était aussi transparent qu'une aiguille Roucouler s'agit-il d'autre chose ? Après avoir rivalisé rendu grâces et dilapidé le trésor Plus d'une lèvre rouge avec un point rouge Et plus d'une jambe blanche avec un...
I À quoi penses-tu ? Je pense au premier baiser que je te donnerai. II Baisers semblables aux paroles du rêveur Vous êtes au service des forces inventées. III Aux rues de petites amours Les murs finissent en nuit noire J'aime Et mes rideaux sont blancs. IV Sans éclat...
Dans quelques secondes Le peintre et son modèle Prendront la fuite. Plus de vertus Ou moins de malheurs J'aperçois une statue Une sorte d'amande Une médaille vernie Pour le plus grand ennui Paul...
Le jour revient le jour est maintenant partout La terre s'ouvre et glisse et meurt et disparaît Mais déjà les vivants ont accepté leur sort Dans l'épaisseur de l'homme une étoile s'éteint Et la femme soulève son enfant de plomb Le palais de la mer se dresse dans...
à René Hilsum. La photographie : un groupe. Si le soleil passait, Si tu bouges. Fards. À l'intérieur, blanche et vernie, Dans le tunnel. « Au temps des étincelles On débouchait la lumière. » Plus tard. Postérité, mentalité des gens. La bien belle peinture. L'épreuve,...
La bonne neige le ciel noir Les branches mortes la détresse De la forêt pleine de pièges Honte à la bête pourchassée La fuite en flèche dans le cœur Les traces d'une proie atroce Hardi au loup et c'est toujours Le plus beau loup et c'est toujours Le dernier vivant que...
Si triste de ses faux calculs Qu'il inscrit ses nombres à l'envers Et s'endort. Une femme plus belle Et n'a jamais trouvé, Cherché les idées roses des quinze ans à peine, Ri sans le savoir, sans un compliment Aux jeunesses du temps. À la rencontre De ce qui passait à...
Le jour m'étonne et la nuit me fait peur L'été me hante et l'hiver me poursuit Un animal sur la neige a posé Ses pattes sur le sable ou dans la boue Ses pattes venues de plus loin que mes pas Sur une piste où la mort A les empreintes de la vie. Paul...
La droite laisse couler du sable. Toutes les transformations sont possibles. Loin, le soleil aiguise sur les pierres sa hâte d'en finir. La description du paysage importe peu, Tout juste l'agréable durée des moissons. Clair avec mes deux yeux, Comme l'eau et le feu....
Suis-je autre chose que ta force ? Ta force dans tes bras, Ta tête dans tes bras, Ta force dans le ciel décomposé, Ta tête lamentable, Ta tête que je porte. Tu ne joueras plus avec moi, Héroïne perdue, Ma force bouge dans tes bras. Paul...
Une seule corde une seule torche un seul homme Étrangla dix hommes Brûla un village Avillit un peuple La douce chatte installée dans la vie Comme une perle dans sa coquille La douce chatte a mangé ses petits. Paul...
I La plate volupté et le pauvre mystère Que de n'être pas vu. Je vous connais, couleur des arbres et des villes, Entre nous est la transparence de coutume Entre les regards éclatants. Elle roule sur pierres Comme l'eau se dandine. D'un côté de mon cœur des vierges...
Tourne sans reflets aux courbes sans sourires des ombres à moustaches, enregistre les murmures de la vitesse, la terreur minuscule, cherche sous des cendres froides les plus petits oiseaux, ceux qui ne ferment jamais leurs ailes, résiste au vent. Paul...
Premier commandement du vent La pluie enveloppe le jour Premier signal d'avoir à tendre La voile claire à nos yeux Au front d'une seule maison Au flanc de la muraille tendre Au sein d'une serre endormie Nous fixons un feu velouté Dehors la terre se dégrade Dehors la...
Si je vous dis : « j'ai tout abandonné » C'est qu'elle n'est pas celle de mon corps, Je ne m'en suis jamais vanté, Ce n'est pas vrai Et la brume de fond où je me meus Ne sait jamais si j'ai passé. L'éventail de sa bouche, le reflet de ses yeux, Je suis le seul à en...
La nuit le froid la solitude On m'enferma soigneusement Mais les branches cherchaient leur voie dans la prison Autour de moi l'herbe trouva le ciel On verrouilla le ciel Ma prison s'écroula Le froid vivant le froid brûlant m'eut bien en main. Paul...
à Philippe Soupault. Ses yeux ont tout un ciel de larmes. Ni ses paupières ni ses mains Ne sont une nuit suffisante Pour que la douleur s'y cache. Il ira demander Au Conseil des Visages S'il est encore capable De chasser sa jeunesse Et d'être dans la plaine Le pilote...
I Je me lève, je suis jeune. Quand je me couche, le soir je suis vieux, je vais mourir dans la nuit. On m'enterrera demain. Et pourtant, le matin je suis jeune. Mes vêtements plus légers, mon corps plus apparent, mes yeux plus clairs font le monde plus léger, plus...
Un bouquet tout défait brûle les coqs des vagues Et le plumage entier de la perdition Rayonne dans la nuit et dans la mer du ciel. Plus d'horizon, plus de ceinture, Les naufragés, pour la première fois, font des gestes qui ne les soutiennent pas. Tout se diffuse, rien...
I Parfaitement éveillée et très belle A-t-elle le pain qu'il lui faut Elle n'a que sa beauté Cet éclat perché haut comme une étoile seule Pourtant la terre est là II Pour voir la terre il faut voir L'homme et ses enfants hors d'âge Nul n'a de nom ni d'empire III Ô ma...
Un oiseau s'envole, II rejette les nues comme un voile inutile, II n'a jamais craint la lumière, Enfermé dans son vol, II n'a jamais eu d'ombre. Coquilles des moissons brisées par le soleil. Toutes les feuilles dans les bois disent oui, Elles ne savent dire que oui,...
Soleil de proie prisonnier de ma tête, Enlève la colline, enlève la forêt. Le ciel est plus beau que jamais. Les libellules des raisins Lui donnent des formes précises Que je désigne d'un geste. Nuages du premier jour, Nuages insensibles et que rien n'autorise, Leurs...
Je porte un panier de mauvais réveil Oubli du repos fenêtre sévère La forme du corps la forme sans fard Et les mains bornées les folles déchues Je porte des mains à cueillir Décembre Pour m'en rassasier je crie mon chagrin À faire hurler avec moi les sourds Et les...
Caresse l'horizon de la nuit, cherche le cœur de jais que l'aube recouvre de chair. Il mettrait dans tes yeux des pensées innocentes, des flammes, des ailes et des verdures que le soleil n'invente pas. Ce n'est pas la nuit qui te manque, mais sa puissance. Paul...
L'oreille du taureau à la fenêtre Et la lumière d'aujourd'hui le prisme de la force Sur la paille du vaincu sur l'or du pauvre Sur la table au niveau du vin dans la bouteille L'œil qui saisit la bouche et l'embrasse Et regarde il fait beau Et regarde au sillon du...
Il dissipe le jour, Il montre aux hommes les images déliées de l'apparence, Il enlève aux hommes la possibilité de se distraire. Il est dur comme la pierre, La pierre informe, La pierre du mouvement et de la vue, Et son éclat est tel que toutes les armures, tous les...
Main dominée par le cœur Cœur dominé par le lion Lion dominé par l'oiseau L'oiseau qu'efface un nuage Le lion que le désert grise Le cœur que la mort habite La main refermée en vain Aucun secours tout m'échappe Je vois ce qui disparaît Je comprends que je n'ai rien Et...
Jours de lenteur, jours de pluie, Jours de miroirs brisés et d'aiguilles perdues, Jours de paupières closes à l'horizon des mers, D'heures toutes semblables, jours de captivité, Mon esprit qui brillait encore sur les feuilles Et les fleurs, mon esprit est nu comme...
Au soir de la folie, nu et clair, L'espace entre les choses a la forme de mes paroles, La forme des paroles d'un inconnu, D'un vagabond qui dénoue la ceinture de sa gorge Et qui prend les échos au lasso. Entre des arbres et des barrières, Entre des murs et des...
La rosée la pluie la vague la barque La reine servante Médieuse La perle la terre Perle refusée terre consentante Le départ entre deux feux Le voyage sans chemins D'un oui à un autre oui Le retour entre les mains De la plus fine des reines Que même le froid mûrit....
Les armes du sommeil ont creusé dans la nuit Les sillons merveilleux qui séparent nos têtes. À travers le diamant, toute médaille est fausse, Sous le ciel éclatant, la terre est invisible. Le visage du cœur a perdu ses couleurs Et le soleil nous cherche et la neige...
C'est un restaurant comme les autres. Faut-il croire que je ne ressemble à personne ? Une grande femme, à côté de moi, bat des œufs avec ses doigts. Un voyageur pose ses vêtements sur une table et me tient tête. Il a tort, je ne connais aucun mystère, je ne sais même...
Amoureux d'une statue. Les bêtes qui descendent des faubourgs en feu, Les oiseaux qui secouent leurs plumes meurtrières, Les terribles ciels jaunes, les nuages tout nus Ont, en toute saison, fêté cette statue. Elle est belle, statue vivante de l'amour. Ô neige de...
Larmes des yeux, les malheurs des malheureux, Malheurs sans intérêt et larmes sans couleurs. Il ne demande rien, il n'est pas insensible, Il est triste en prison et triste s'il est libre. Il fait un triste temps, il fait une nuit noire À ne pas mettre un aveugle...
I Toutes les femmes heureuses ont Retrouvé leur mari — il revient du soleil Tant il apporte de chaleur. Il rit et dit bonjour tout doucement Avant d'embrasser sa merveille. II Splendide, la poitrine cambrée légèrement, Sainte ma femme, tu es à moi bien mieux qu'au...
Nous dormons avec des anges rouges qui nous montrent le désert sans minuscules et sans les doux réveils désolés. Nous dormons. Une aile nous brise, évasion, nous avons des roues plus vieilles que les plumes envolées, perdues, pour explorer les cimetières de la...
Bois meurtri bois perdu d'un voyage en hiver Navire où la neige prend pied Bois d'asile bois mort où sans espoir je rêve De la mer aux miroirs crevés Un grand moment d'eau froide a saisi les noyés La foule de mon corps en souffre Je m'affaiblis je me disperse J'avoue...
Les Animaux et leurs hommes On ne mène pas la vacheÀ la verdure rase et sèche, À la verdure sans caresses. L'herbe qui la reçoitDoit être douce comme un fil de soie, Un fil de soie doux comme un fil de lait. Mère ignorée, Pour les enfants, ce n'est pas le déjeuner,...
À l'ombre des arbres Comme au temps des miracles, Au milieu des hommes Comme la plus belle femme Sans regrets, sans honte, J'ai quitté le monde. — Qu'avez-vous vu ? — Une femme jeune, grande et belle En robe noire très décolletée. Paul...
Les Hommes et leurs animaux Adieu ! Vaches plus précieusesQue mille bouteilles de lait, Précieuses aux jeunes qui se marientEt dont la femme est jolie, Précieuses aux vieux avec leur canneDont la richesse est chair, lait, terre, Précieuses à qui veut bien vivreDe la...
Un mur dénonce un autre mur Et l'ombre me défend de mon ombre peureuse, Ô tour de mon amour autour de mon amour, Tous les murs filaient blanc autour de mon silence. Toi, que défendais-tu ? Ciel insensible et pur Tremblant tu m'abritais. La lumière en relief Sur le...
Ramassez sous les chênes les taches de rousseur et les grains de beauté, suivez en barque les troupeaux des jours d'éclipse, contemplez avec des cailloux dans les yeux l'immobilité des mannequins tout puissants, divisez en dansant le claquement des fouets, voyez les...
Elle est debout sur mes paupières Et ses cheveux sont dans les miens, Elle a la forme de mes mains, Elle a la couleur de mes yeux, Elle s'engloutit dans mon ombre Comme une pierre sur le ciel. Elle a toujours les yeux ouverts Et ne me laisse pas dormir. Ses rêves en...
Une mouche sur sa main. Le soleil, pour l'empêcher de s'envoler, plante des aiguilles autour d'elle. Le soleil attire les hirondelles atteintes de ces affreuses maladies de peau qui défigurent les jours d'orage. Elles sortent de l'eau pour se promener sans les champs....
Tes yeux sont revenus d'un pays arbitraire Où nul n'a jamais su ce que c'est qu'un regard Ni connu la beauté des yeux, beauté des pierres, Celle des gouttes d'eau, des perles en placards, Des pierres nues et sans squelette, ô ma statue. Le soleil aveuglant te tient...
Un prêtre de taille moyenne a enfermé sa jeune et jolie femme au solide bon sens dans un lieu discret pour se soustraire aux discussions interminables qui ralentissaient leur coït familier. Caché dans les lilas, le père de l'héroïne arrondit les joies enfantines de la...
Toutes mes petites amies sont bossues : Elles aiment leur mère. Tous mes animaux sont obligatoires, Ils ont des pieds de meuble Et des mains de fenêtre. Le vent se déforme, Il lui faut un habit sur mesure, Démesuré. Voilà pourquoi Je dis la vérité sans la dire. Paul...
Le petit est malade, le petit va mourir. Lui qui nous a donné la vue, qui a enfermé les obscurités dans les forêts de sapins, qui séchait les rues après l'orage. Il avait, il avait un estomac complaisant, il portait le plus doux climat dans ses os et faisait l'amour...
À l'aventure, en barque, au nord. Dans la trompette des oiseaux Les poissons dans leur élément. L'homme qui creuse sa couronne Allume un brasier dans la cloche, Un beau brasier-nid-de-fourmis. Et le guerrier bardé de fer Que l'on fait rôtir à la broche Apprend l'amour...
Par un froid de papier, les écoliers du vide rougissent à travers les vitres. Un grand rideau sur la façade se gonfle de petits monstres. L'ébéniste est représenté jusqu'aux genoux. Enfermé dans son prototype jusqu'en été, il fait tomber tout doucement son fils...
Un aigle, sur un rocher, contemple l'horizon béat. Un aigle défend le mouvement des sphères. Couleurs douces de la charité, tristesse, lueurs sur les arbres décharnés, lyre en étoile d'araignée, les hommes qui sous tous les cieux se ressemblent sont aussi bêtes sur la...
La petite personne noire a froid. À peine si trois lumières bougent encore, à peine si les planètes, malgré leur voilure complète, avancent en flottant : depuis trois heures il n'y a plus de vent, depuis trois heures la gravitation a cessé d'exister. Dans les...
à Raymond Roussel. L'homme s'enfuit, le cheval tombe, La porte ne peut pas s'ouvrir, L'oiseau se tait, creusez sa tombe, Le silence le fait mourir. Un papillon sur une branche Attend patiemment l'hiver, Son cœur est lourd, la branche penche, La branche se plie comme...
Dans le royaume des coiffeurs, les heureux ne perdent pas tout leur temps à être mariés. Au-delà de la coquetterie des guéridons, les pattes des canards abrègent les cris d'appel des dames blanches. Dans la manche du violon, vous trouverez les cris des grillons. Dans...