17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Celui qui ci maintenant dort Fit plus de pitié que d'envie, Et souffrit mille fois la mort Avant que de perdre la vie. Passant, ne fais ici de bruit, Prends garde qu'aucun ne l'éveille ; Car voici la première nuit Que le pauvre Scarron sommeille. Paul...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
(Énée vient d'annoncer à Didon qu'il doit repartir) Tandis qu'Aeneas enfila Le discours civil que voilà, Didon, de raison dépourvue, Ne jeta point sur lui la vue. Les yeux fichés sur le pavé, Le visage de pleurs lavé, En son esprit bourru la rage Faisait un étrange...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Contre ceux qui font passer leurs libelles diffamatoires sous le nom d'autruy. Beaux Esprits du Pont-neuf, Insectes de Parnasse, Dont les productions, aussi froides que glace, Font naistre la tristesse au lieu de divertir, Vous verray-je toûjours à mes dépens mentir ?...
Meilleur par Auteur, Paul Scarron
Voici le meilleur de la poésie de Paul Scarron. Épitaphe - Paul Scarron Celui qui ci maintenant dortFit plus de pitié que d’envie,Et souffrit mille fois la mortAvant que de perdre la vie. Passant, ne fais ici de bruit,Prends garde qu’aucun ne l’éveille :Car voici la...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Helas ! elle s'en va : je ne la verray plus ; A ma juste douleur il faut bien que je cede. Que les regrets sont superflus Dans les maux dont la mort est l'unique remede ! Apres un tel mal-heur Si j'aymois encore la vie, Que diroit mon amour ? que diroit ma douleur ?...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
[...] Ici le bel art de piper Très impunément se pratique ; Ici tel se laisse attraper Qui croit faire aux pipeurs la nique. Approchons ces gens assemblés, Hommes parmi femmes mêlés J'y vois, ce me semble, une dupe, Car ce beau porte-point-coupé, D'un touffu panache...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Ingratte, je n'ayme que toy Et tu feins de m'aymer, ingratte : Tandis que ta bouche me flatte, Ton ame me manque de foy. Ingratte, je n'ayme que toy Et tu feins de m'aymer, ingratte. Ta bouche l'a cent fois juré, Et cent fois a menty ta bouche, Que mon amour discret...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Le plus aymable Roy de tous les Roys du monde, Si charmant et si beau qu'entre tous ses sujets S'il s'en peut rencontrer qui soient assez bien faits Pour avoir de son air, je veux que l'on me tonde, Ce Roy donc que je dis, en qui seul tout abonde, Dont l'Esprit chaque...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Je vous aymois : vous me l'aviez permis ; J'esperois d'estre aymé : vous me l'aviez promis. Mais, helas ! belle Iris, je voy bien le contraire ; Je n'ose en murmurer De peur de vous deplaire ; Mais il m'est permis d'expirer, S'il m'est ordonné de me taire. Dedans vos...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Au Roy. Monarque, le plus grand des Roys, Et des hommes le plus aimable, Seul digne de donner des loix A toute la terre habitable, Le vray moyen de parvenir N'est rien que celuy de vous plaire : C'est ce qu'icy nous fait venir ; De plus huppés que nous en voudroient...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Ma raison me l'a dit aussi bien que mes yeux, Que vous estiez toute charmante et belle ; Mais elle eust fait bien mieux De m'advertir que vous estiez cruelle. Paul Scarron
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Aux Dames. Ô malheur du temps où nous sommes ! Je suis le plus adroit des hommes Et suis reduit à balleyer. Mais, si vous voulez m'employer Au charmant mestier de vous plaire, Vous verrez ce que je sçay faire : Si je n'en sors à mon honneur, Ne vous fiez jamais au...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Mes yeux, vous avez veu Cloris ; Mon cœur, vous songez à ses charmes, Vous l'entendez chanter : helas ! vous estes pris ; Rendez, rendez les armes, Ô mon cœur, ô mes yeux ! c'estoit trop hazarder Que de l'entendre et de la regarder. Helas ! vous sçavez le danger Qui...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Ouy, c'est un Pedant, c'est un sot, Et le plus grand qui soit en France. Quand il profere une sentence, J'ayrnerois mieux qu'il fist un rot. Il est fils d'un petit ragot, Grand amateur de la jouvence, Qui perira par la potence S'il ne perit par le fagot. Il est fourbe...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Nous nous estions promis Une Amour eternelle. Quel crime ay-je commis Pour vous rendre infidelle ? Je voy bien que ma mort Est toute vostre envie, Et qu'un dernier effort Vous doit bien-tost, Silvie, Deslivrer d'une vie Qui vous desplaist si fort. Paul...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Phebus a tres-bonne raison De se mettre en mestier pour mieux gagner sa vie ; Je voudrois qu'il lui prît envie De bâtir sur Parnasse une bonne maison : Elle seroit fort de saison ; Il est âgé, quoy qu'il en die, Et sans l'excès de sa folie Il seroit déja tout grison....
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Vostre laquais verd, jaune ou gris, Ô Dame toute liberale, M'a presenté vostre regalle ; C'est pourquoy ce Rondeau j'escris. Un matin, ma servante à cale, Aussi-tost que les yeux j'ouvris, Fit entrer dans ma chambre sale Vostre laquais verd, jaune ou gris. Vos beaux...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Philis me traitte avec rigueur ; Mon cœur, jour et nuit, en soûpire. Ne vous affligez pas, mon cœur : Ce n'est pas un trop grand malheur ; Il ne faut que luy dire. Bien souvent, ce qui nous fait peur, Un moment apres nous fait rire ; Phillis pourra changer d'humeur :...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Amour nabot, Qui du jabot, De Dom Japhet As fait Une ardente fournaise, Helas ! helas ! Je suis bien las D'estre remply de braise. Ton feu gregeois M'a fait pantois Et dans mon pis A mis Une essence de braize. Bon Dieu ! bon Dieu ! Le cœur en feu, Peut-on estre à son...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Bel enfant de quinze ans, dru comme pere et mere, Aymable comme un Ange ou deux, Que le fils de celuy qui sera ton beau-pere Se pourra dire un homme heureux ! Ils ont fait de leur mieux, ceux qui t'ont mise au monde, Et t'ont faite avec tant d'appas, Que s'ils...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Philis, vous vous plaignez que je n'ay point d'esprit A vous parler de mon martyre. Helas ! ignorez-vous qu'un mal que l'on peut dire N'est jamais si grand que l'on dit ? Un Amant dit assez quand il est interdit, Quand il languit, quand il souspire ; Mais aprenez,...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Superbes monuments de l'orgueil des humains, Pyramides, tombeaux dont la vaine structure A témoigné que l'art, par l'adresse des mains Et l'assidu travail, peut vaincre la nature : Vieux palais ruinés, chefs-d'œuvre des Romains Et les derniers efforts de leur...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Cher du PIN, je suis indigent Plus que le party de la Fronde ; Je n'ay point d'or et moins d'argent C'est le plus grand mal-heur du monde. Et tu me voudrois conseiller De faire quelque Comedie ? Il est mal aisé de railler Quand peu s'en faut qu'on ne mandie. Nostre...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Quand je vous dis que vos yeux m'ont bruslé, Vous faites l'offencée ; Quand je vous cache ma pensée, Vous m'appellez dissimulé ! Helas ! que dois-je faire ? Si je parle, vous vous faschez, Et si je me veux taire, Vous me le reprochez. Si vous traittez d'une esgale...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Le roi s'en est allé, son Éminence aussi ; Le courtisan escroc sans contenter son hôte, Jurant qu'à son retour il comptera sans faute Pique le grand chemin en botte de roussi. Les officiers du roi sont fort rares ici ; Et la gent de justice et celle de maltôte A le...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Duc de Sully, vous m'avez envoyé Un beau pasté, des plus grands que l'on voye, Dieu sçait comment je m'en donne au cœur joye, Quand je devrois en estre desvoyé, Quand je devrois m'en irriter le foye. Tel grand Seigneur, que je ne nomme pas, D'un tel pasté feroit...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Vous m'avez demandé pour qui mon cœur soûpire ; Je n'en seray pas mieux quand je vous le diray ; C'est à vous seulement que je crains de le dire : Jugez, Philis, pour qui mon cœur a soûpiré. Je languis, je me plains, je pleure, je soûpire, Et tout cela, Philis, depuis...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Un amas confus de maisons Des crottes dans toutes les rues Ponts, églises, palais, prisons Boutiques bien ou mal pourvues Force gens noirs, blancs, roux, grisons Des prudes, des filles perdues, Des meurtres et des trahisons Des gens de plume aux mains crochues Maint...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Morin, tu m’as empli ma chambre D’une odeur douce comme l’ambre ; Et je puis dire, en vérité, Qu’en un bouquet de fleurs nouvelles, Toutes aussi rares que belles, À la fois tu m’as apporté Le Printemps et sa gaieté, Des jardins, des champs, des prairies, De l’émail et...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Que j'aime le cabaret ! Tout y rit, personne n'y querelle. La bancelle M'y tient lieu d'un tabouret. Laissons les interests Des culs, des tabourets ; La Noblesse Pour la fesse Fait prouesse : En bien beuvant Taschons d'en faire autant. Tout respect et tout honneur A...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Sonnet Vous faites voir des os quand vous riez, Heleine, Dont les uns sont entiers et ne sont gueres blancs ; Les autres, des fragmens noirs comme de l'ebene Et tous, entiers ou non, cariez et tremblans. Comme dans la gencive ils ne tiennent qu'à peine Et que vous...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Précieux et Royal Bijou, Second joyau de la Couronne, Présent du Ciel, beau Duc d’Anjou, Me prendrez-vous, si je me donne ? Ne me croirez-vous point un fou, De vous présenter ma personne, Moy qui suis moins qu’un sapajou, Moi chétif, qui déjà grisonne ? Si pourtant...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Quand j'ay bien faim et que je mange Et que j'ay bien dequoy choisir, Je ressens autant de plaisir Qu'en grattant ce qui me demange. Cher Amy, tu m'y faits songer : Chacun fait des Chansons à boire, Et moy, qui n'ay plus rien de bon que la machoire, Je n'en veux faire...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Je vous aimais : vous me l’aviez permis ; J’espérais d’être aimé : vous me l’aviez promis. Mais, hélas ! belle Iris, je vois bien le contraire ; Je n’ose en murmurer De peur de vous déplaire ; Mais il m’est permis d’expirer, S’il m’est ordonné de me taire. Dedans vos...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Jeune Roy, que la France admire, Tu nous fais bien voir que les Cieux Font naistre encor des demi-Dieux Et prennent soin de ton Empire. Ta grace à soy les cœurs attire, Ton visage eblouit les yeux Et, de son air imperieux, Le respect et la crainte inspire. Ton Pere et...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
La jeune Lisette, Sur le bord d'un ruisseau, Jouoit de sa musette En gardant son troupeau. Le Berger Tyrcis, qui l'ayme Plus que soy-mesme, Luy faisoit, tout trancy, Les pleintes que voicy Jeune Pastourelle, Ton œil est plein d'appas, Mais ton humeur cruelle Ne luy...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Ma raison me l’a dit aussi bien que mes yeux, Que vous étiez toute charmante et belle ; Mais elle eût fait bien mieux De m’avertir que vous étiez cruelle. Ma raison me l’a dit aussi bien que mes yeux, Que vous estiez toute charmante et belle ; Mais elle eust fait bien...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Beauté, seringue à brazier, Cœur d'acier Tu m'as mis le flanc A feu et à sang. Helas ! l'amour m'a pris Comme le chat fait la souris. Paul Scarron
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Sarrasin, Mon voisin, Cher amy, Qu'à demy Je ne voy, Dont, ma foy, J'ay dépit Un petit, N'es-tu pas Barrabas, Basiris, Phalaris, Ganelon Le félon, De sçavoir Mon manoir Peu distant, Et pourtant De ne pas, De ton pas Ou de ceux De tes deux Chevaux gris Mal nouris, Y...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Philis me traite avec rigueur ; Mon cœur, jour et nuit, en soupire. Ne vous affligez pas, mon cœur : Ce n’est pas un trop grand malheur ; Il ne faut que lui dire. Bien souvent, ce qui nous fait peur, Un moment après nous fait rire ; Phillis pourra changer d’humeur :...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
C'estoit assés de vos yeux pleins de charmes Pour vaincre ma raison ; Mais vous chantez encor ! ô quelle trahison ! Doit-on blesser ceux qui rendent les armes ? Je voy bien que ma mort est tout vostre desir ; He bien ! je meurs ; mais je meurs de plaisir. Vous eussiez...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Ma belle Dame de Bourron, Le pauvre Diable de Scarron Tres-humblement vous remercie De vos trois melons et vous prie De vous contenter bonnement De son petit remerciment. Il voudroit bien, à la pareille, Vous envoyer quelque merveille ; Car merveille peut on nommer Le...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Hé bien ! je consens de mourir. Aussi bien l'espoir de guerir Me flateroit en vain des douceurs de la vie. Je n'ay plus qu'un moment à desplaire à vos yeux ; Vous allez voir, belle Silvie, Quand je ne seray plus, si vous en serez mieux. Paul...
17ème siècle, Paul Scarron, Poèmes
Celui qui ci maintenant dort Fit plus de pitié que d'envie, Et souffrit mille fois la mort Avant que de perdre la vie. Passant, ne fais ici de bruit, Prends garde qu'aucun ne l'éveille ; Car voici la première nuit Que le pauvre Scarron sommeille. Paul...