Je veux m'enfermer seul avec mon souvenir, Immobile, oublieux des rafales d'automne Qui font les frondaisons se rouiller et jaunir Et de la mer roulant sa plainte monotone ; Je veux m'enfermer seul avec mon souvenir. Le demi-jour filtrant des étoffes tendues Sera doux... À Maurice Nicolle. L'illustre ville meurt à l'ombre de ses murs ; L'herbe victorieuse a reconquis la plaine ; Les chapiteaux brisés saignent de raisins mûrs. Le barbare enroulé dans sa cape de laine Qui paît de l'aube au soir ses chevreaux outrageux, Foule sans... La nuit tiède est clémente à la ville qui dort ; Des lys impérieux triomphent dans la chambre Et cependant nos cœurs sont froids comme Décembre Et nos baisers d'amour amers comme la mort. Ta douce bouche s'ouvre à des chansons mièvres Et tes seins bienveillants... L'automne a dénudé les glèbes et le soir. Un soir d'exil et de mains désunies, S'approche à l'horizon des plaines infinies, Roi dévêtu de pourpre et spolié d'espoir. Ô marcheur aux pieds nus et las qui viens t'asseoir Sans compagnon, parmi les landes défleuries, Près...