Les yeux de l'aïeule - René Ghil

Vie, et ride des eaux, depuis que hors l'amère Navrure de ses Yeux son âme ne sourd plus, De ses Yeux inlassés la Vieille aux os de pierre Morne et roide regarde : et sa voix de prière Très aigre, égrène au soir les avés des élus. A mesure qu'elle a, - spleen des...

Dies irae - René Ghil

Un soir l'Orgue d'église aux spasmes des Violons Montait loin sa douleur sourde en les râles longs : Voix de genèse, Amour et Trépas, ô pleurs longs ! Un soir l'Orgue montait dans l'horreur des Violons... Horreur ! la Terre pleure, et, grande Trisaïeule, Par la vulve...

Dire du mieux - René Ghil

Pour les Fagots du Four, antre clair-vespéralement qui se voûte d'ors, où cuire l'éternel pain rondi, même lors qu'entre le rutilant soleil au signe des Gémeaux : de matin, attaquèrent de serpes les haies épointant aux gantelets leurs épines, où - charpentes et timons...

En m'en venant au tard de nuit - René Ghil

En m'en venant au tard de nuit se sont éteintes les ételles : ah ! que les roses ne sont-elles tard au rosier de mon ennui et mon Amante, que n'est-elle morte en m'aimant dans un minuit. Pour m'entendre pleurer tout haut - à la plus haute nuit de terre le rossignol ne...

Hymne de guerre - René Ghil

Menez-les, les Chevaux du vent du Sud, à la rivière Menez-les !... Dans l'entame de leurs plaies Pareilles au sexe des vierges, les Guerriers sanglants éteignent des tisons Et mettent les aromates pilés : Lui qui de tout tient le Milieu - L'Homme-des-Sorts sait le...

La ville au loin - René Ghil

La Ville au loin monte des vœux immolateurs... Par les vitres en haut, la Ville, - aux Yeux - à perte Du sang pauvre qui heurte aux roideurs de l'aorte ! Monte haut des quadratures de pierre, et lourd Le temps de dômes, ainsi qu'enserrant le rêve Lourd-arrêté vers...

Les herseurs - sous la lune - René Ghil

Ainsi qu'une prière et qu'un ennui, soleilles - Tu, lune pleine ! haut au haut des peupliers ! Tout a l'air d'eaux : et l'Homme inému des merveilles Mène par la lumière, ayant l'amour des veilles, Les pas las des Taureaux, Trois et loin réguliers. Traîneurs doux de...

Lieu de lauriers - René Ghil

Tuant, sur un sopha, sonneur des modes las, Amant des rimes d'or rarissimes et vierges, Dans les rêves le spleen, - du là-haut morne et gras, Quand, lourde, ploq, pliq, ploq, ainsi qu'en l'eau, des verges, La pluie au long ennui plaque en les longs ruisseaux Sa...

Nuit aux terrasses - René Ghil

Ah ! sur les terrasses en prenant nos épaules longtemps, parmi la nuit d'étoiles à meurtrir notre gloire, passons ! Mes Yeux pleurent les mondes qu'ils n'ont point vus, et qu'ils ne verront pas : les ondes de leur lumière où mon être mortel ne doit s'épanouir, ouvert...

Sonnet - René Ghil

Ma Triste, les oiseaux de rire Même l'été ne voient pas Au Mutisme de morts de glas Qui vint aux grands rameaux élire Tragique d'un passé d'empire Un seul néant dans les amas Plus ne songeant au vain soulas Vers qui la ramille soupire. Sous les hauts dômes végétants...

Aux temps des dieux - René Ghil

Tout moderne, et voyant de nos modernes âmes, Des soirs vieux, malgré lui, hors du Vrai, sans paphos Où des déesses, il s'exile ! et, dans les gammes Des azurs et des ors, et le nu des paros, Mensonge et dieux il pleure, et Vous, ô pâles Ames ! Vagueuses Vierges, aux...

Berceuse de l'après-midi - René Ghil

Il ne veut pas dormir, mon Petit... Mon petit Ne veut pas dormir, et rit ! et tend à la lumière Le hasard agrippant et l'unité première De son geste ingénu qui ne se sait porteur Des soirs d'Hérédités, - et tend à la lumière Du grossi soleil son geste qui s'étourdit...