18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Emma d'un clair ruisseau regardait l'onde pure, Et n'y voyait pas ses attraits ; Près d'elle il murmurait sous un ombrage frais, Sans qu'elle entendît son murmure. Une douce pâleur à ses touchants appas Semblait donner de nouveaux charmes : Immobile et pensive, Emma...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Mon sexe, dites-vous, déshérité des cieux, Ne sait juger ni vers ni prose. Un style clair et pur, obscur ou vicieux ; Du bon ou du mauvais : c'est pour lui même chose. Jamais de l'analyse il ne prit le compas, Enfin de l'art d'écrire il ne se doute pas. Hé bien, passe...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Sur mes traits, je le sais, à peine si les grâces Vont laisser en fuyant quelques légères traces, Que l'art le plus savant aurait peine à chercher ; Et pour en offrir une image, Le temps, que sans effroi je regarde marcher, M'avertit de me dépêcher. Mais que m'importe...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Je veux de ma Caroline Faire le gentil portrait, Et que chacun le devine Sans deviner qui l'a fait. L'amour embellit, pour plaire, L'objet qu'il aime à chanter ; Aussi tendre et plus sincère, L'amitié peint sans flatter. J'aime de ma Caroline La douce ingénuité ;...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Quatre lustres et trois printemps Ont rempli ma triste carrière. J'ai vu mourir ma tendre mère ; J'ai vu mourir mes deux enfants ; Hélas ! J’ai vécu bien longtemps. Victoire Babois
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Quand vous exagérez même la vérité, Mon aimable Zoé, vous vous éloignez d'elle. Vous altérez, hélas ! la grâce naturelle, Et l'heureuse simplicité Qui vous rendent bien plus que belle. Vous méprisez le faux, son ombre vous fait peur ; Et, sans l'aveu de votre cœur,...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Loin du méchant qui sut lui plaire Ismène goûtait le repos : Elle avait retrouvé sa mère ; Elle avait oublié ses maux. Tandis qu'au fond d'un bosquet sombre Un soir elle dormait en paix, Son ingrat la cherchait dans l'ombre : Les méchants ne dorment jamais. D'Ismène...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Si bien cherchez dans votre douce amie Vertu sans faste et gaîté sans éclat ; Si désirez cœur tendre et délicat ; Vous préférez ma tant douce Sophie. Si redoutez brillante étourderie ; Si mieux vous plaît tranquille et doux accueil, Beauté sans fard, dignité sans...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Quand je célèbre un si beau jour, D'aucune Muse mon amour N'implore le caprice ; Pour faire un couplet bien tourné, Maman, ne m'as-tu pas donné La Boîte à la malice ? Mon âme, malgré ce penchant, Dans les intrigues du méchant Sera toujours novice ; Car tu mis, par un...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
La nuit tombait sur la prairie ; Écho dormait dans le vallon ; Près du ruisseau chantait Silvie, Et moi j'écoutais sa chanson. D’Amour, dans sa vaine folie, Croyant fuir le charme vainqueur, Elle appelait la Fantaisie, Et ne pouvait tromper son cœur. « Frivole erreur,...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Quand la jeunesse fuit loin d'un monde infidèle, Il faut aimer pourtant, car aimer est un bien. En oubliant qu'elle fut belle, Femme a vraiment besoin, j'en sais quelque nouvelle, D'un regard qui cherche le sien, Et son chien seul encore n'a des yeux que pour elle. Ô...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Tout n'est qu'amour dans la nature Pour un cœur enflammé d'amour : Le printemps nous rend la verdure Pour offrir un trône à l'amour ; L'astre brillant de la lumière Devient le flambeau de l'amour ; La nuit sur la nature entière Etend le bandeau de l'amour. Clarté...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Rêvant aux métamorphoses Que les dieux faisaient jadis : « Belles se changeaient en roses, Disait l'aimable Doris. Heureux temps pour un cœur tendre ! S'il revenait un seul jour, Ce jour j'aimerais Silvandre, Sans redouter son amour. S'il cherchait un frais rivage, Je...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Heureux l'amant de la retraite ! Il a des plaisirs sûrs, il goûte un doux sommeil. D'une âme égale et satisfaite, Il revoit chaque jour l'un à l'autre pareil. Au monde il n'est rien qu'il regrette. Sans projet, sans effort il trouve le bonheur. La contrainte jamais...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Ô toi dont la pénible enfance S'écoule au milieu des douleurs, Toi, dont la fragile existence M'a déjà coûté tant de pleurs ; Ô ! De ta mère, Fille trop chère, Le ciel enfin comble les vœux, Et de ta vie, Las ! Tant chérie, Il daigne resserrer les nœuds. Déjà de ta...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
D'amour, dans son heureux printemps Que femme soit le doux salaire ; Que femme, au midi de ses ans, D'amour écoute la prière : Mais qu'amitié vienne à son tour ; Dans nos cœurs que sa flamme habite ; Puis, avant qu'il nous quitte, Il faut quitter l'amour. D'un lien...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Ma fille ! ... Je t’appelle, hélas ! Et tu n'es plus ! Loin du climat qui te vit naître, Comme une tendre fleur, tu n'as fait que paraître. Je viens graver ici des regrets superflus. Ici sont renfermés, sous cette froide pierre, Tes grâces, ta beauté, tes talents, tes...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
A Eulalie Tu quittes ta douce patrie ; Mais c'est pour suivre un tendre époux : Qu'importe où s'écoule la vie, Lorsque l'amour est avec nous ? Des jeux de ta paisible enfance Rappelle souvent les plaisirs ; Le souvenir de l'innocence Est le plus doux des souvenirs....
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Douce Victoire, aimable enfant, Dont l'air heureux, l'âge innocent, La joie et l'abandon, la naïve tendresse, Et la candeur et la finesse, Semblent rendre à mes yeux, à mon âme, à mes pleurs, L'objet de mes longues douleurs ; Je t'ai donné mon nom. Ah ! Ne va pas...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
A sa naissance Flore a fait naître aussi les fleurs ; Le printemps doit son influence, A sa naissance. A ta naissance, Pour nous prouver cet heureux don, De Flore tu pris la puissance, Sa fraîcheur, ses attraits, son nom, A ta naissance. A sa naissance L'Amour n'est...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Le jour de sa fête Dans un deuil que mon cœur révère, Pour ta fête en ce jour, ô mon vertueux père ! Je n'offre point des fleurs : hélas ! Du noir cyprès La rose pour tes yeux serait encore trop près. Mais d'un cœur plein d'amour et de reconnaissance Reçois les...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Le jour du mariage Bien gravement s'engage L'amour malin ; Mais souvent, pour se rendre, On le contraint d'attendre Au lendemain. Dans ce jour d'épouvante, On fuit, on est tremblante, Et puis enfin On commence à s'y faire, Et l'on est moins sévère Le lendemain. La vie...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Aux charmes que sur toi nature a su répandre Quand le sort ajouta les trésors de Plutus, Sans doute par méprise il dotait les vertus ; Mais sa faveur volage il vient de la reprendre, Et tu crois qu'il t'abaisse ? Ah ! Respecte ton cœur, Et sépare du moins la honte du...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Quel chagrin obscurcit tes yeux ? Qu'as-tu, ma chère Léonore, Toi qu’une souris si gracieuse Naguère embellissait encore ? Un amour tendre et malheureux A cessé de troubler ta vie ; Tout prévient, tout remplit tes vœux... « Hélas ! dit-elle, je m'ennuie. Oui, je dois,...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
En vain l'Amour, disait Iris, Croit soumettre mon cœur surpris ; A ses traits il échappe. Je ris de ce méchant marmot, Et je le crois encore plus sot Que tous ceux qu'il attrape. Je revis Iris l'autre jour. « Sans doute, lui dis-je, à l'Amour Toujours ton cœur...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
L'autre matin, sous la fraîche coudrette, Le beau Colin, loin des regards jaloux, S'imaginait trouver encore Lisette Une heure au moins après le rendez-vous. « Il est trop tard, lui dis-je, elle est partie. Ah ! Comme toi si j'avais pu, Colin, Donner parole à si...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Charmante lyre, Où l'amitié grava mon nom, Dieux ! Quel transport divin m'inspire ! Oui, tu m'apportes d'Apollon L'heureux délire. Divine lyre, Couronne-toi d'un myrte heureux. Du dieu des vers je sens l'empire, Et des muses, des ris, des jeux L'heureux délire....
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Sans crainte, mon Annette, ah ! revoyons le jour. En regardant ton fils que ta peine s'oublie. Comment ne pas chérir sa vie Quand elle appartient à l'amour ? Du courage qu'il donne il est la récompense. Prends ta harpe, chantons l'amour et la constance. Pour toi d'un...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
D'où vient ce tourment plein de charmes, Qui trouble mon cœur abattu ? Je cherche, et je n'ai rien perdu ; Mais pour qui donc coulent mes larmes ? Douleur que j'aime est avec moi ; Hélas ! Dites-moi donc pourquoi. Le murmure des eaux m'attire Au bord des ruisseaux...
18ème siècle, Poèmes, Victoire Babois
Le sort, qui des humains décide, Sur le plus faible oiseau préside. Voulant faire un heureux, il daigna me choisir ; Je naquis pour aimer Alide ; Je vécus sur son sein ; j'y mourus de plaisir. Qui ne voudrait ainsi naître, vivre et mourir ? Victoire...