À peine le soleil, au fond des antres sombres ,
Avait du haut des cieux précipité les ombres,
Quand la chaste Diane, à travers les forêts,
Aperçut un lieu solitaire
Où le fils de Vénus et les dieux de Cythère
Dormaient sous un ombrage frais :
Surprise, elle s’arrête ; et sa prompte colère
S’exhale en ce discours, qu’elle adresse tout bas
À ces dieux endormis, qui ne l’entendent pas :

Vous par qui tant de misérables
Gémissent sous d’indignes fers,
Dormez, Amours inexorables,
Laissez respirer l’univers.

Profitons de la nuit profonde
Dont le sommeil couvre leurs yeux ;
Assurons le repos au monde,
En brisant leurs traits odieux.

Vous, par qui tant de misérables
Gémissent sous d’indignes fers,
Dormez, Amours inexorables,
Laissez respirer l’univers.

À ces mots elle approche ; et ses nymphes timides,
Portant sans bruit leurs pas vers ces dieux homicides,
D’une tremblante main saisissent leurs carquois ;
Et bientôt du débris de leurs flèches perfides
Sèment les plaines et les bois.
Tous les dieux des forêts, des fleuves, des montagnes,
Viennent féliciter leurs heureuses compagnes,
Et de leurs ennemis bravant les vains efforts,
Expriment ainsi leurs transports :

Quel bonheur ! quelle victoire !
Quel triomphe ! quelle gloire !
Les Amours sont désarmés.

Jeunes cœurs, rompez vos chaînes :
Cessons de craindre les peines
Dont nous étions alarmés.

Quel bonheur ! quelle victoire !
Quel triomphe ! quelle gloire !
Les Amours sont désarmés.

L’Amour s’éveille au bruit de ces chants d’allégresse ;
Mais quels objets lui sont offerts !
Quel réveil ! dieux ! quelle tristesse,
Quand de ses dards brisés il voit les champs couverts !
« Un trait me reste encor dans ce désordre extrême.
« Perfides, votre exemple instruira l’univers. »
Il parle : le trait vole, et, traversant les airs,
Va percer Diane elle-même :
Juste, mais trop cruel revers,
Qui signale, grand dieu, ta vengeance suprême !

Respectons l’Amour
Tandis qu’il sommeille ;
Et craignons qu’un jour
Ce dieu ne s’éveille.

En vain nous romprons
Tous les traits qu’il darde,
Si nous ignorons
Le trait qu’il nous garde.

Respectons l’Amour
Tandis qu’il sommeille ;
Et craignons qu’un jour
Ce dieu ne s’éveille.


Jean-Baptiste Rousseau

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