Te souviens-tu, disait Laripopée,
Au chiffonnier qui ramassait son pain ;
Te souviens-tu, qu’un jour à la Rapée
Tu détournas un bâton de mon sein ?
Pour les jupons d’une femme un peu traître
A coups de poing nous avons combattu,
Je m’en souviens, tu m’as sauvé Bicêtre,
Mais toi, Fanfan, dis-moi, t’en souviens-tu ?

Te souviens-tu de ces jours de ripaille
Où la Courtille a vu notre renom ?
Te souviens-tu que sur chaque muraille
Chacun de nous a charbonné son nom ?
On vit alors, dans un jour de conquête,
Après avoir cogné plus d’un têtu,
Sur le comptoir flotter notre casquette,
Dis-moi, Fanfan, dis-moi, t’en souviens-tu ?

Te souviens-tu que de la capitale,
Les charbonniers par nous furent vaincus ;
Te souviens-tu que les forts de la halle
Devant nos chefs tombèrent sur leurs culs ?
Te souviens-tu qu’un des nôtres, bon drille,
Par une passe, inventée impromptu,
En trois quarts-d’heure a rossé la Courtille,
Dis-moi, Fanfan, dis-moi, t’en, souviens-tu ?

Te souviens-tu de la plaine glacée
Que le canal offrait aux patineurs ?
Plus d’une fois cette glace amassée
Gela nos pieds, sans refroidir nos cœurs.
Souvent alors, t’en souviens-tu, mon homme ?
Nous marronnions, mais notre œil abattu
Se rallumait à l’aspect du rogome ;
Dis-moi, Fanfan, dis-moi, t’en souviens-tu ?

Te souviens-tu qu’une passementière,
Par un malin, nous fit pocher un œil,
Et qu’il osa, quand nous fûmes par terre,
Sur nos débris marcher avec orgueil ?
Grave en ton cœur le nom du mirliflore,
Et s’il s’offrait à ton bâton pointu,
N’attends jamais que l’on te braille encore :
Dis-moi, Fanfan, dis-moi, t’en souviens-tu ?

Te souviens-tu… mais je m’arrête en route,
Car je n’ai plus de vin dans mon cruchon
Viens-t’en, l’ami, viens-t’en pomper la goutte
En attendant l’heure du grand salon.
Mais si le vin, le rogome ou la bière,
Me rappelait au sommeil qui m’est dû,
Tu seras sûr de fermer ma paupière
En me chantant : Fanfan, t’en souviens-tu ?


Emile Debraux

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