Établir un classement des plus beaux poèmes... Exercice au combien difficile et subjectif. Il est impossible de limiter la poésie française de Moyen Âge à aujourd'hui à seulement dix poèmes. Il y a eu tellement de poètes talentueux, de courants poétiques, de styles, de thèmes variés…

Je me suis cependant prêté au jeu pour vous offrir mes poèmes français préférés. Pour offrir plus de variété, j'ai décidé de me limiter à une œuvre par poète.

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Il semble difficile, voir impossible, de commencer ce classement par quelqu'un d'autre que celui qui est considéré par beaucoup comme le plus grand poète français de tous les temps : Victor Hugo.

1 - Demain, dès l'aube de Victor Hugo 

Victor Hugo est un poète, romancier et dramaturge français du XIXe siècle. Né en 1802 et mort en 1885, il s'illustre dans tous les genres, connaît l'exil à cause son opposition à Louis-Napoléon Bonaparte, et le deuil suite à la mort de sa fille, Léopoldine. Il représente le Romantisme.

Demain, dès l’aube est probablement son plus beau poème. De nombreux amateur de poésie le considèrent comme le plus beau poème de tout les temps. Publié dans le recueil Les Contemplations (1856), il se compose de trois quatrains d’alexandrins en rimes croisées. Ce poème autobiographique s’adresse à sa fille décédée à laquelle il rend visite annuellement.

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

En deuxième position, il semble juste d'honorer le génie précoce d'Arthur Rimbaud, autre grande figure de la poésie française, auteur du chef-d’œuvre suivant.

2 - Le dormeur du Val d'Arthur Rimbaud

Arthur Rimbaud est un poète symboliste français du XIXe siècle. Né en 1854 et mort en 1891, il publie ses premiers poèmes à 15 ans, fuit à Paris, a une liaison avec Verlaine, puis renonce subitement à 20 ans à la littérature pour devenir négociant et trafiquant d'armes.

Le Dormeur du Val (1870) est un de ses plus beaux poèmes. C'est également un des deux plus célèbres, l'autre étant Le bateau ivre. Ce sonnet en Alexandrins issu du second Cahier de Douai est inspiré par la bataille de Sedan. Il décrit un jeune soldat tranquille au milieu de la nature accueillante. La fin dramatique nous apprend que l'homme est mort.

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Il est rare de voir un classement des plus beaux poèmes sans voir Baudelaire dans le top trois, et entre nous, il aurait pu y être avec l'Homme et la Mer. Mais j'ai décidé d'honorer Apollinaire avec son magnifique Pont Mirabeau.

3 - Le Pont Mirabeau de Guillaume Apollinaire

Guillaume Apollinaire est un poète français des XIXe et XXe siècles. Né en 1880 et mort en 1918, il produit 3 ouvrages érotiques et une poésie proche du futurisme, qui influencera le surréalisme. Il est également connu pour avoir inventé le mot "Calligrammes" avec son recueil éponyme.

Le Pont Mirabeau est un de ses plus beaux poèmes, sinon son plus beau. Cette œuvre sans ponctuation, inspirée par Marie Laurencin qu'il commence à fréquenter en 1907, se trouve dans le recueil Alcools (1913). L'écoulement de la Seine à Paris y est une métaphore de l'amour qui disparaît avec le temps.

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Chose promise, chose due... Voici donc notre poète maudit national et grand génie tourmenté, Charles Baudelaire, à la quatrième place.

4 - L'homme et la mer de Charles Baudelaire

Charles Baudelaire est un poète français du XIXe siècle. Né en 1821 et mort en 1867, il est l'un des plus grands noms de la poésie française avec ses Fleurs du mal, et frappe les mémoires par la vie dissolue qu'il mène, entre alcool, drogue et amour. Il incarne l'idée du poète maudit.

L'homme et la mer est probablement le plus beau poème de Charles Baudelaire. Publié dans la section Spleen et idéal du recueil Les Fleurs du Mal (1857), il se compose de quatre quatrains avec des rimes embrassées. Dans ce poème il compare la mer et l'homme, à la fois semblables et ennemis.

Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes,
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !

À la cinquième place, nous retrouvons Alfred de Musset, un autre auteur du XIXe siècle. Ils dominent clairement ce classement jusqu'à maintenant (à l'exception d'Apollinaire).

5 - Tristesse d'Alfred de Musset 

Alfred de Musset est un poète, dramaturge et romancier français du XIXe siècle appartenant au mouvement du Romantisme. Né en 1810, dans une famille aristocratique et lettrée, il mène une vie de dandy littéraire marquée par une liaison avec George Sand. Il meurt en 1857.

Tristesse (1840) est mon poème préféré d'Alfred de Musset et un des plus célèbres de l'histoire. Ce sonnet romantique et lyrique en octosyllabes fait référence à la perte d'un passé idéalisé, ayant laissé place à la tristesse et à la solitude, mais qu'il voudrait reconquérir par la pensée et la foi.

J'ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis et ma gaieté ;
J'ai perdu jusqu'à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.

Quand j'ai connu la Vérité,
J'ai cru que c'était une amie ;
Quand je l'ai comprise et sentie,
J'en étais déjà dégoûté.

Et pourtant elle est éternelle,
Et ceux qui se sont passés d'elle
Ici-bas ont tout ignoré.

Dieu parle, il faut qu'on lui réponde.
Le seul bien qui me reste au monde
Est d'avoir quelquefois pleuré.

Allons maintenant faire un petit voyage dans le temps pour retourner à la Renaissance et découvrir un poème de Pierre de Ronsard.

6 - Mignonne, allons voir si la rose de Pierre de Ronsard

Pierre de Ronsard est un poète français du XVIe siècle appartenant au groupe de la Pléiade qu'il a formé avec Du Bellay. Né en 1524 et mort en 1585, celui qu'on surnomme "le prince des poètes" est l'auteur de poèmes engagés et amoureux ainsi que d'une épopée inachevée : "La Franciade".

Mignonne, allons voir si la rose, écrit en 1545 est, à mon humble avis, son plus beau poème et sans aucun doute le plus célèbre avec Quand vous serez bien vieille. Il compose cette ode à 20 ans après sa rencontre avec Cassandre Salviati. Ce poème d'amour parle du temps qui passe et compare le vieillissement humain à celui d'une rose.

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las ! las ! ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.

Les Fables de La Fontaine sont très probablement le recueil de poésie le plus célèbre. Sa première fable mérite donc cette septième place.

7 - La Cigale et la fourmi de Jean de la Fontaine

Jean de La Fontaine est un poète et fabuliste classique français du XVIIe siècle. Né en 1621 et mort en 1695, il est très connu pour ses fables moralisatrices. Il prend la défense de Fouquet lors de sa disgrâce, et se range du côté des Anciens dans la Querelle des Anciens et des Modernes.

Sa fable la plus connue est probablement La Cigale et la Fourmi (1re fable des Fables de La Fontaine - 1668). C'est une adaptation d'une fable antique d'Ésope. Ce texte en heptasyllabes oppose le matérialisme et individualisme de la fourmi à l'âme artiste et bohème de la cigale.

La Cigale, ayant chanté tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue :
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle.
« Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'Oût, foi d'animal,
Intérêt et principal. »
La Fourmi n'est pas prêteuse :
C'est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
- Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
- Vous chantiez ? j'en suis fort aise.
Eh bien! dansez maintenant.a

À la huitième place, j'ai décidé de mettre un de mes poètes préférés, Paul Verlaine. Ce poème que vous reconnaîtrez sûrement et que vous connaissez même peut-être par cœur (au moins en partie) est simplement magnifique.

8 - Mon rêve familier de Paul Verlaine

Paul Verlaine est un écrivain, poète et critique français du XIXe siècle. Né en 1844 et mort en 1896, il est surtout connu pour son premier premier recueil "Poèmes saturniens" et pour sa liaison avec Arthur Rimbaud qui s'achève par une violente dispute pendant laquelle il tire sur son amant.

Mon rêve familier est son poème le plus célèbre à mon avis. Ce sonnet en alexandrins est paru dans le recueil Poèmes Saturniens (1866). Il évoque la vision onirique du poète de la femme idéale. Un rêve paradoxal de cette femme mystérieuse à la fois familière et inconnue qu'il aime.

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon cœur transparent
Pour elle seule, hélas ! Cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

Toutes les époques sont représentées dans ce classement à l'exception du Moyen Âge et du XVIIIe siècle. Les deux dernières place de ce top 10 mettrons donc en valeur la poésie de ces deux périodes, en commençant par le siècle des Lumières.

9 - Plaisir d'amour de Jean-Pierre Claris de Florian 

Jean-Pierre Claris de Florian est un écrivain français du XVIIIe siècle. Né en 1755 et mort en 1794, il écrit de nombreux romans, pièces de théâtre, poèmes, et surtout, des fables, considérées comme les meilleures après celle de La Fontaine, qui font passer son nom à la postérité.

Bien qu'étant célèbre pour ses fables (telles que Le Grillon ou La Guenon, le Singe et la Noix) comme je viens de le mentionner, l'œuvre la plus connue de Jean-Pierre Claris de Florian est probablement Plaisir d'amour. Ce poème romantique composé de deux couplets et deux quatrains est extrait de la nouvelle Célestine, de son recueil Les Nouvelles de M. de Florian (1784).

Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.

J'ai tout quitté pour l'ingrate Sylvie,
Elle me quitte et prend un autre amant.
Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.

Tant que cette eau coulera doucement
Vers ce ruisseau qui borde la prairie,
Je t'aimerai, me répétait Sylvie ;
L'eau coule encore, elle a changé pourtant !

Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.

Terminons donc par le poème le plus ancien se trouvant dans cette liste : un rondeau de Charles d'Orléans.

10 - Le temps a laissé son manteau de Charles d'Orléans

Charles d'Orléans est un poète français du XIXe siècle. Né en 1394 et cousin du Roi Charles VI, il est surnommé le Prince Poète. Il est capturé par les anglais à la bataille d'Azincourt, et détenu 25 ans. À son retour en France, il se consacre à la poésie jusqu'à sa mort en 1465.

Le temps a laissé son manteau, également connu sous le titre Rondeaux de Printemps, est le poème le plus célèbre de Charles d'Orléans et le rondeau le plus célèbre de l'histoire. Un rondeau est un poème médiéval lyrique à deux rimes, composé de 13 vers et dont le premier vers se répète à la fin. Celui-ci évoque la fin de l'hiver et l'arrivée du printemps.

Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s’est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau.

Il n’y a bête ni oiseau
Qu’en son jargon ne chante ou crie :
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie.

Rivière, fontaine et ruisseau
Portent en livrée jolie,
Gouttes d’argent d’orfèvrerie ;
Chacun s’habille de nouveau :
Le temps a laissé son manteau.

Il est évident que cette sélection est très personnelle et qu'il est impossible d'établir de façon objective un tel classement. J'espère cependant que ces poèmes vous ont plus.

Si vous en voulez plus, je vous invite à découvrir notre classement des 50 plus beaux poèmes de l'histoire.

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