Si vous souhaitez lire ou relire les poèmes français sur la naissance d'un enfant et les nouveau-nés en général, vous êtes au bon endroit.

Bien que l’art soit subjectif, j’ai tenté de sélectionner des poèmes incontournables en me basant sur mes préférences personnelles et leur présence dans plusieurs anthologies de la poésie française que j’ai pu lire.

Un bébé est un grand chamboulement et un moment de bonheur très intense. Voici le meilleur de la poésie sur la naissance d'un enfant.

Visitez notre Boutique

  • Articles en cuir faits main : marque-pages, carnets de notes, porte-pages…
  • eBooks : anthologies, idées pour créer de la poésie, livres de coloriage...
  • Poèmes personnalisés.
Découvrez nos magnifiques marque-pages

Lorsque l'enfant paraît - Victor Hugo 

Lorsque l'enfant paraît est un poème célèbre de Victor Hugo sur le thème de l'enfance paru dans le recueil Les feuilles d'automne (1831). Il est composé de 9 sizains (deux alexandrins, un hexasyllabe, deux alexandrins, un hexasyllabe) avec des rimes AABCCB et évoque les joies associées à l'enfance.

Lorsque l'enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris.
Son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l'enfant paraître,
Innocent et joyeux.

Soit que juin ait verdi mon seuil, ou que novembre
Fasse autour d'un grand feu vacillant dans la chambre
Les chaises se toucher,
Quand l'enfant vient, la joie arrive et nous éclaire.
On rit, on se récrie, on l'appelle, et sa mère
Tremble à le voir marcher.

Quelquefois nous parlons, en remuant la flamme,
De patrie et de Dieu, des poètes, de l'âme
Qui s'élève en priant ;
L'enfant paraît, adieu le ciel et la patrie
Et les poètes saints ! la grave causerie
S'arrête en souriant.

La nuit, quand l'homme dort, quand l'esprit rêve, à l'heure
Où l'on entend gémir, comme une voix qui pleure,
L'onde entre les roseaux,
Si l'aube tout à coup là-bas luit comme un phare,
Sa clarté dans les champs éveille une fanfare
De cloches et d'oiseaux.

Enfant, vous êtes l'aube et mon âme est la plaine
Qui des plus douces fleurs embaume son haleine
Quand vous la respirez ;
Mon âme est la forêt dont les sombres ramures
S'emplissent pour vous seul de suaves murmures
Et de rayons dorés !

Car vos beaux yeux sont pleins de douceurs infinies,
Car vos petites mains, joyeuses et bénies,
N'ont point mal fait encor ;
Jamais vos jeunes pas n'ont touché notre fange,
Tête sacrée ! enfant aux cheveux blonds ! bel ange
À l'auréole d'or !

Vous êtes parmi nous la colombe de l'arche.
Vos pieds tendres et purs n'ont point l'âge où l'on marche.
Vos ailes sont d'azur.
Sans le comprendre encor vous regardez le monde.
Double virginité ! corps où rien n'est immonde,
Âme où rien n'est impur !

Il est si beau, l'enfant, avec son doux sourire,
Sa douce bonne foi, sa voix qui veut tout dire,
Ses pleurs vite apaisés,
Laissant errer sa vue étonnée et ravie,
Offrant de toutes parts sa jeune âme à la vie
Et sa bouche aux baisers !

Seigneur ! préservez-moi, préservez ceux que j'aime,
Frères, parents, amis, et mes ennemis même
Dans le mal triomphants,
De jamais voir, Seigneur ! l'été sans fleurs vermeilles,
La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,
La maison sans enfants !

Chant sur le berceau - Victor Hugo

Je veille. Ne crains rien. J'attends que tu t'endormes.
Les anges sur ton front viendront poser leurs bouches.
Je ne veux pas sur toi d'un rêve ayant des formes
Farouches ;

Je veux qu'en te voyant là, ta main dans la mienne,
Le vent change son bruit d'orage en bruit de lyre.
Et que sur ton sommeil la sinistre nuit vienne
Sourire.

Le poète est penché sur les berceaux qui tremblent ;
Il leur parle, il leur dit tout bas de tendres choses,
Il est leur amoureux, et ses chansons ressemblent
Aux roses.

Il est plus pur qu'avril embaumant la pelouse
Et que mai dont l'oiseau vient piller la corbeille ;
Sa voix est un frisson d'âme, à rendre jalouse
L'abeille ;

Il adore ces nids de soie et de dentelles ;
Son coeur a des gaîtés dans la fraîche demeure
Qui font rire aux éclats avec des douceurs telles
Qu'on pleure ;

Il est le bon semeur des fraîches allégresses ;
Il rit. Mais si les rois et leurs valets sans nombre
Viennent, s'il voit briller des prunelles tigresses
Dans l'ombre,

S'il voit du Vatican, de Berlin ou de Vienne
Sortir un guet-apens, une horde, une bible,
Il se dresse, il n'en faut pas plus pour qu'il devienne
Terrible.

S'il voit ce basilic, Rome, ou cette araignée,
Ignace, ou ce vautour, Bismarck, faire leur crime,
Il gronde, il sent monter dans sa strophe indignée
L'abîme.

C'est dit. Plus de chansons. L'avenir qu'il réclame,
Les peuples et leur droit, les rois et leur bravade,
Sont comme un tourbillon de tempête où cette âme
S'évade.

Il accourt. Reviens, France, à ta fierté première !
Délivrance ! Et l'on voit cet homme qui se lève
Ayant Dieu dans le coeur et dans l'oeil la lumière
Du glaive.

Et sa pensée, errante alors comme les proues
Dans l'onde et les drapeaux dans les noires mêlées,
Est un immense char d'aurore avec des roues
Ailées.

La naissance de mes amours - Anatole de Ségur

Soyez béni, mon Dieu, pour ma double famille,
Celle qui me précède et puis celle qui me suit !
Soyez béni, mon Dieu, pour mes fils et ma fille,
Qui montent vers le jour, quand je vais à la nuit !

Ma gaîté presque éteinte en eux renaît et brille :
Leur jeunesse me rend ma jeunesse qui fuit.
Tels les bourgeons naissants rendent à la charmille
L'honneur de ses rameaux, que l'hiver a détruit.

Comme je la donnai, je reçois l'allégresse :
Je bois les doux rayons que versait ma jeunesse.
C'est la loi de la vie et l'ordre même de l'amour !

L'homme, alourdi déjà par le fardeau de l'âge,
Se redresse en son fils, et revoit son image
Dans l'enfant qui bientôt sera père à son tour !

Le Cadeau Parfait dans notre Boutique

  • Poèmes personnalisés
  • Articles en cuir faits main : marque-pages, carnets de notes, porte-pages…
  • eBooks : anthologies, idées pour créer de la poésie, livres de coloriage...
Découvrez nos magnifiques marque-pages

À mon petit enfant - Auguste de Châtillon

Quand mon petit enfant dort,
Il dort comme un ange.
Son souffle est pour moi l'accord
D'un concert étrange...
Ses traits charmants sont si doux,
Sa bouche est si rose,
Que je l'admire à genoux
Sitôt qu'il se repose.

Mais je suis folle, au surplus...
Pendant qu'il sommeille,
J'ai peur qu'il n'existe plus,
Et je le réveille !
Lors, ce cher petit enfant
Me sourit encore...
Je le berce en l'embrassant
Jusques à l'aurore.

Il est aussi pomponné
Qu'un prince de France.
C'est mon petit nouveau-né,
C'est mon espérance !
Et s'il me perd à son tour,
Car tout est misère...
Je veux qu'il se dise un jour :
J'avais une mère !

Don du poème - Stéphane Mallarmé

Je t’apporte l’enfant d’une nuit d’Idumée !
Noire, à l’aile saignante et pâle, déplumée,
Par le verre brûlé d’aromates et d’or,
Par les carreaux glacés, hélas ! mornes encor,
L’aurore se jeta sur la lampe angélique,
Palmes ! et quand elle a montré cette relique
A ce père essayant un sourire ennemi,
La solitude bleue et stérile a frémi.
Ô la berceuse, avec ta fille et l’innocence
De vos pieds froids, accueille une horrible naissance :
Et ta voix rappelant viole et clavecin,
Avec le doigt fané presseras-tu le sein
Par qui coule en blancheur sibylline la femme
Pour des lèvres que l’air du vierge azur affame ?

À ma petite soeur qui vient de naitre - Auguste Clavareau

Bonjour ! te voilà dans la vie :
Bienvenue, compagne de mon cœur ;
Oh ! laissez-moi, je vous en prie,
Donner un baiser à ma petite sœur !

Veux-tu dormir ? comme elle crie !
Sois sage ; donne moi ta main :
C'est peut-être qu'elle s'ennuie…
Avec toi je jouerai demain.

Dors pour grandir, petite fille ;
Maman te berce sur ses genoux ;
Apprends à courir, sois gentille :
On t'achètera de beaux joujoux.

Oh ! notre Maman est si bonne :
Tu sauras bientôt, comme nous,
Tout ce que sa tendresse donne,
Lorsque ses enfants sont bien doux.

Les petits enfants - Anatole France

Tout dans l'immuable nature
Est miracle aux petits enfants ;
Ils naissent, et leur âme obscure
Eclôt dans des enchantements.
Le reflet de cette magie
Donne à leur regard un rayon.
Déjà la belle Illusion
Excite leur frêle énergie.
L'inconnu, l'inconnu divin,
Les baigne comme une eau profonde ;
On les presse, on leur parle en vain,
Ils habitent un autre monde ;
Leurs yeux purs, leurs yeux grands ouverts,
S'emplissent de rêves étranges.
Oh ! qu'ils sont beaux, ces petits anges
Perdus dans l'antique univers.
Leur tête légère et ravie
Songe tandis que nous pensons ;
Ils font de frissons en frissons
La découverte de la vie.

La berceuse - Émile Deschamps

Dors, bel enfant aussi beau que les anges !
Ta mère est là qui veille autour de toi,
Et qui, te berçant dans tes langes,
Croit bercer plus qu'un fils de roi !

Dors dans l'osier, gai semblant de la tombe ;
Mon bras jaloux t'y couve et garde encor :
Avec son aile la colombe
Protège ainsi son cher trésor.

Dors chaudement, dors dans la plume douce !
L'amour, plus doux, préserve ton sommeil :
Une rose est là dans sa mousse,
Qui fleurit pour ton frais réveil.

Bénédiction - Charles Baudelaire

Lorsque, par un décret des puissances suprêmes,
Le Poète apparaît en ce monde ennuyé,
Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes
Crispe ses poings vers Dieu, qui la prend en pitié :

- "Ah ! que n'ai-je mis bas tout un noeud de vipères,
Plutôt que de nourrir cette dérision !
Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémères
Où mon ventre a conçu mon expiation !

Puisque tu m'as choisie entre toutes les femmes
Pour être le dégoût de mon triste mari,
Et que je ne puis pas rejeter dans les flammes,
Comme un billet d'amour, ce monstre rabougri,

Je ferai rejaillir ta haine qui m'accable
Sur l'instrument maudit de tes méchancetés,
Et je tordrai si bien cet arbre misérable,
Qu'il ne pourra pousser ses boutons empestés !"

Elle ravale ainsi l'écume de sa haine,
Et, ne comprenant pas les desseins éternels,
Elle-même prépare au fond de la Géhenne
Les bûchers consacrés aux crimes maternels.

Pourtant, sous la tutelle invisible d'un Ange,
L'Enfant déshérité s'enivre de soleil,
Et dans tout ce qu'il boit et dans tout ce qu'il mange
Retrouve l'ambroisie et le nectar vermeil.

Il joue avec le vent, cause avec le nuage,
Et s'enivre en chantant du chemin de la croix ;
Et l'Esprit qui le suit dans son pèlerinage
Pleure de le voir gai comme un oiseau des bois.

Tous ceux qu'il veut aimer l'observent avec crainte,
Ou bien, s'enhardissant de sa tranquillité,
Cherchent à qui saura lui tirer une plainte,
Et font sur lui l'essai de leur férocité.

Dans le pain et le vin destinés à sa bouche
Ils mêlent de la cendre avec d'impurs crachats ;
Avec hypocrisie ils jettent ce qu'il touche,
Et s'accusent d'avoir mis leurs pieds dans ses pas.

Sa femme va criant sur les places publiques :
"Puisqu'il me trouve assez belle pour m'adorer,
Je ferai le métier des idoles antiques,
Et comme elles je veux me faire redorer ;

Et je me soûlerai de nard, d'encens, de myrrhe,
De génuflexions, de viandes et de vins,
Pour savoir si je puis dans un coeur qui m'admire
Usurper en riant les hommages divins !

Et, quand je m'ennuierai de ces farces impies,
Je poserai sur lui ma frêle et forte main ;
Et mes ongles, pareils aux ongles des harpies,
Sauront jusqu'à son coeur se frayer un chemin.

Comme un tout jeune oiseau qui tremble et qui palpite,
J'arracherai ce coeur tout rouge de son sein,
Et, pour rassasier ma bête favorite,
Je le lui jetterai par terre avec dédain !"

Vers le Ciel, où son oeil voit un trône splendide,
Le Poète serein lève ses bras pieux,
Et les vastes éclairs de son esprit lucide
Lui dérobent l'aspect des peuples furieux :

- "Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance
Comme un divin remède à nos impuretés
Et comme la meilleure et la plus pure essence
Qui prépare les forts aux saintes voluptés !

Je sais que vous gardez une place au Poète
Dans les rangs bienheureux des saintes Légions,
Et que vous l'invitez à l'éternelle fête,
Des Trônes, des Vertus, des Dominations.

Je sais que la douleur est la noblesse unique
Où ne mordront jamais la terre et les enfers,
Et qu'il faut pour tresser ma couronne mystique
Imposer tous les temps et tous les univers.

Mais les bijoux perdus de l'antique Palmyre,
Les métaux inconnus, les perles de la mer,
Par votre main montés, ne pourraient pas suffire
A ce beau diadème éblouissant et clair ;

Car il ne sera fait que de pure lumière,
Puisée au foyer saint des rayons primitifs,
Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur entière,
Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs !"

Dors en paix mon enfant - Eugène Lesage

Viens, mon enfant, viens, ma fille chérie,
Toi, dont la vie est vierge de tourments ;
Viens reposer ton coeur et ta tête si jolie
Sur ces genoux qui t'ont bercé longtemps.
Ferme tes yeux, et sans crainte sommeille ;
Comme autrefois je t'endors en chantant,
Et près de toi ta mère est là qui veille ;
Sur mes genoux dors en paix, mon enfant.

Tu dors déjà ! quel magique délire
Vient captiver ton sommeil innocent ?
J'ai vu glisser sur ta bouche un sourire ;
Ton cœur repose en des rêves charmants.
Ton front pâlit… Quelle crainte t'éveille ?
Dans tes beaux yeux l'effroi se peint ! pourtant,
Auprès de toi ta mère est là qui veille ;
Sur mes genoux dors en paix, mon enfant.

Le plus beau jour n'est jamais sans nuage ;
Et près du plaisir est placé le chagrin ;
Sur toi jamais si grondait quelque orage,
Viens déposer tes peines dans mon sein.
Bannissons, tous deux, une crainte pareille,
L'avenir pour toi doit être des plus brillants :
Puis, près de toi ta mère est là qui veille ;
Sur mes genoux dors en paix, mon enfant.

Berceuse - André Lemoyne

Sein maternel au pur contour,
Veiné d'azur, gonflé d'amour,
Ton lait s'échappe d'une fraise
Où la soif de vivre s'apaise,
Où l'enfant boit, souriant d'aise.

Sein maternel, doux oreiller,
Où, bienheureux de sommeiller,
Bouche ouverte, paupière close,
Le fortuné chérubin rose
Dans un calme divin repose.

Rêve-t-il de ciels inconnus,
L'enfant merveilleux qui vient d'elle ?
Sa voix a des cris d'hirondelle,
Et ses joyeux petits bras nus
Ont comme des battements d'aile.

Adieu à la Meuse - Charles Péguy

Adieu, Meuse endormeuse et douce à mon enfance,
Qui demeures aux prés, où tu coules tout bas.
Meuse, adieu : j'ai déjà commencé ma partance
En des pays nouveaux où tu ne coules pas.

Voici que je m'en vais en des pays nouveaux :
Je ferai la bataille et passerai les fleuves ;
Je m'en vais m'essayer à de nouveaux travaux,
Je m'en vais commencer là-bas les tâches neuves.

Et pendant ce temps-là, Meuse ignorante et douce,
Tu couleras toujours, passante accoutumée,
Dans la vallée heureuse où l'herbe vive pousse,

Ô Meuse inépuisable et que j'avais aimée.

Tu couleras toujours dans l'heureuse vallée ;
Où tu coulais hier, tu couleras demain.
Tu ne sauras jamais la bergère en allée,
Qui s'amusait, enfant, à creuser de sa main
Des canaux dans la terre, à jamais écroulés.

La bergère s'en va, délaissant les moutons,
Et la fileuse va, délaissant les fuseaux.
Voici que je m'en vais loin de tes bonnes eaux,
Voici que je m'en vais bien loin de nos maisons.

Meuse qui ne sais rien de la souffrance humaine,
Ô Meuse inaltérable et douce à toute enfance,
Ô toi qui ne sais pas l'émoi de la partance,
Toi qui passes toujours et qui ne pars jamais,
Ô toi qui ne sais rien de nos mensonges faux,

Ô Meuse inaltérable, ô Meuse que j'aimais,

Quand reviendrai-je ici filer encor la laine ?
Quand verrai-je tes flots qui passent par chez nous ?
Quand nous reverrons-nous ? Et nous reverrons-nous ?

Meuse que j'aime encore, ô ma Meuse que j'aime…

Dors enfant, dors - Loyse de Sanzier

Sous mes baisers j'ai pressé ta paupière,
Enfant, mon cœur bercera ton sommeil,
Dors, dors en paix sur le sein de ta mère ;
Dors, enfant, mes chants charmeront ton réveil.

J'ai vu l'Amour sourire à ta naissance ;
Son aile encore abrite ton berceau ;
Je ne crains point sa volage inconstance,
Dors, enfant, dors ; l'avenir sera beau.

L'amour, vois-tu, c'est le ciel sur la terre ;
De nos tristes jours il les sème de fleurs ;
C'est à tout mal un baume salutaire ;
Dors, enfant, l'amour saura sécher tes pleurs.

Vos premiers droits aux soins, à la tendresse,
Sont tous les maux que nous souffrons pour vous ;
Mais dors, mon fils, ta première caresse
De mes douleurs fut un prix assez doux.

Oh ! si parfois j'ai versé quelques larmes,
Durant les jours où mon sein te portait,
À mes soupirs l'espoir mêlait ses charmes ;
Dors, enfant, j'aimais l'émoi qui m'agitait.

Ange du ciel, ma vie était ta vie ;
Si je tremblais ce n'était que pour toi,
Pour ta jeune âme à mes maux asservie ;
Dors, de souffrir je n'ai plus tant d'effroi.

Sous mes baisers j'ai pressé ta paupière,
Enfant, mon cœur bercera ton sommeil,
Dors, dors en paix sur le sein de ta mère ;
Dors, enfant, mes chants charmeront ton réveil.

Le berceau d'un enfant - Pierre Dupont

Que Dieu, notre souverain maître,
Éloigne tout péril
Du bel enfant qui vient de naître
Parmi les fleurs d'avril !

Quand les nids sont encore vides,
Les nids où soupire l'oiseau,
Mère, je vois tes yeux avides
Rester fixés sur un berceau.
C'est que dans ce berceau repose
Le nouveau-né, le bien-aimé ;
Son œil est bleu, sa lèvre est rose,
Son petit souffle est embaumé.

Que Dieu, notre souverain maître,
Éloigne tout péril
Du bel enfant qui vient de naître
Parmi les fleurs d'avril !

Tout célèbre ta bienvenue,
Enfant éclos sous les baisers :
Le printemps empourpre la nue
Et verdit les sommets boisés ;
Il vide ses pleines corbeilles
Et ses trésors les plus secrets,
Sur les prés épand les abeilles
Et les oiseaux sur les forêts.

Que Dieu, notre souverain maître,
Éloigne tout péril
Du bel enfant qui vient de naître
Parmi les fleurs d'avril !

La main du Seigneur s'est ouverte
Et tous ses dons ont ruisselé ;
Sur les coteaux, la vigne est verte ;
La plaine voit fleurir le blé.
Enfant, que ton âme bénie
Reçoive ainsi les dons de Dieu !
Que ton front couve le génie,
Ton cœur l'amour, cet autre feu.

Que Dieu, notre souverain maître,
Éloigne tout péril
Du bel enfant qui vient de naître
Parmi les fleurs d'avril !

Fleurissez, rose et violette,
Où ses petits pieds marcheront ;
Qu'une fée, avec sa baguette,
Vienne toucher son petit front.
Ne t'écarte pas de la roule.
Qui conduit ton père au bonheur ;
Que ton ombre soit toujours toute
Sous le rayon droit de l'honneur !

Que Dieu, notre souverain maître,
Éloigne tout péril
Du bel enfant qui vient de naître
Parmi les fleurs d'avril !

Souris bébé souris - Adrien Le Mansois

Dans ton frêle berceau dors, ma charmante enfant,
Dors d'un profond sommeil, et souris en dormant.

Oiseau qui viens d'éclore, ô fille bien-aimée,
Perle à peine entrouverte aux rayons du soleil ;
Comme une tendre fleur au calice vermeil,
Je respire à genoux ton haleine embaumée.

Dans ton frêle berceau dors, ma charmante enfant.
Dors d'un profond sommeil, et souris en dormant.

Qu'il est pur ton sommeil, bel ange d'innocence,
Qui semble vers les cieux prêt à prendre l'essor,
Quand voltige en jouant l'essaim des songes d'or
Sur ton lit que ma main bien doucement balance !

Dans ton frêle berceau dors, ma charmante enfant,
Dors d'un profond sommeil, et souris en dormant.

Le sourire d'un enfant - Anatole de Ségur

Dans son berceau l'enfant sommeille,
D'un lys son front a la candeur ;
Près de lui sa mère qui veille,
Le couve des yeux et du coeur.

Il rêve : un sourire enchanteur
Erre sur sa lèvre vermeille,
Léger comme la jeune abeille
Qui se pose sur une fleur.

D'où vient à l'enfant ce sourire ?
S'il parlait, il le pourrait dire.
C'est sans doute un ange du ciel,

Qui plane au-dessus de sa couche,
Vers lui se penche, et sur sa bouche
Pose un rayon du divin miel.

Le charme de l'enfant - Anatole de Ségur

Ce qui fait de l'enfant le charme incomparable,
Ce n'est pas son visage où brille la candeur ;
Ce n'est pas son regard d'innocence ineffable,
Plus pur que la vertu, plus beau que la pudeur.

Ce n'est pas sa gaieté, ni son bonheur de vivre,
Ni les rires bruyants qui terminent ses pleurs,
Ni son cœur ingénu qui croit tout, et qui livre
À qui veut les cueillir ses plus aimables fleurs.

Ce n'est pas son élan qu'aucun souci n'accable,
Ni son âme étrangère aux choses d'ici-bas.
Ce qui fait de l'enfant le charme incomparable,
C'est qu'il a tous ces dons, et qu'il ne le sait pas !

Les soeurs jumelles - Anatole de Ségur

Je te vois grandissant près de ta sœur jumelle,
Comme deux frais épis sortis du même grain,
Si semblables en tout, en votre heureux matin,
Qu'on la prenait pour toi, qu'on te prenait pour elle.

Quelquefois, vous trouviez un plaisir innocent
À changer vos deux noms, aimable et doux manège,
Et, si quelqu'un de nous se laissait prendre au piège,
Votre rire éclatait, pur et retentissant !

Le Seigneur avait fait vos âmes si pareilles,
Que vous n'aviez besoin de lèvres ni d'oreilles
Pour vous interroger : un regard suffisait.

L'une de vous à peine ébauchait sa pensée,
D'un mot l'autre achevait la phrase commencée ;
Souvent pour mieux causer, chacune se taisait.

Comme deux astres d'or dont la lumière amie
Se lève à la même heure et brille à l'horizon,
Vous mes filles, astres charmants de ma vie,
Votre double sourire éclairait la maison.

Ce siècle avait deux ans - Victor Hugo

Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte,
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,
Et du premier consul, déjà, par maint endroit,
Le front de l'empereur brisait le masque étroit.
Alors dans Besançon, vieille ville espagnole,
Jeté comme la graine au gré de l'air qui vole,
Naquit d'un sang breton et lorrain à la fois
Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix ;
Si débile qu'il fut, ainsi qu'une chimère,
Abandonné de tous, excepté de sa mère,
Et que son cou ployé comme un frêle roseau
Fit faire en même temps sa bière et son berceau.
Cet enfant que la vie effaçait de son livre,
Et qui n'avait pas même un lendemain à vivre,
C'est moi. –

Je vous dirai peut-être quelque jour
Quel lait pur, que de soins, que de vœux, que d'amour,
Prodigués pour ma vie en naissant condamnée,
M'ont fait deux fois l'enfant de ma mère obstinée,
Ange qui sur trois fils attachés à ses pas
épandait son amour et ne mesurait pas !
Ô l'amour d'une mère ! amour que nul n'oublie !
Pain merveilleux qu'un dieu partage et multiplie !
Table toujours servie au paternel foyer !
Chacun en a sa part et tous l'ont tout entier !

Je pourrai dire un jour, lorsque la nuit douteuse
Fera parler les soirs ma vieillesse conteuse,
Comment ce haut destin de gloire et de terreur
Qui remuait le monde aux pas de l'empereur,
Dans son souffle orageux m'emportant sans défense,
À tous les vents de l'air fit flotter mon enfance.
Car, lorsque l'aquilon bat ses flots palpitants,
L'océan convulsif tourmente en même temps
Le navire à trois ponts qui tonne avec l'orage,
Et la feuille échappée aux arbres du rivage !

Maintenant, jeune encore et souvent éprouvé,
J'ai plus d'un souvenir profondément gravé,
Et l'on peut distinguer bien des choses passées
Dans ces plis de mon front que creusent mes pensées.
Certes, plus d'un vieillard sans flamme et sans cheveux,
Tombé de lassitude au bout de tous ses vœux,
Pâlirait s'il voyait, comme un gouffre dans l'onde,
Mon âme où ma pensée habite, comme un monde,
Tout ce que j'ai souffert, tout ce que j'ai tenté,
Tout ce qui m'a menti comme un fruit avorté,
Mon plus beau temps passé sans espoir qu'il renaisse,
Les amours, les travaux, les deuils de ma jeunesse,
Et quoiqu'encore à l'âge où l'avenir sourit,
Le livre de mon cœur à toute page écrit !

Si parfois de mon sein s'envolent mes pensées,
Mes chansons par le monde en lambeaux dispersées ;
S'il me plaît de cacher l'amour et la douleur
Dans le coin d'un roman ironique et railleur ;
Si j'ébranle la scène avec ma fantaisie,
Si j'entrechoque aux yeux d'une foule choisie
D'autres hommes comme eux, vivant tous à la fois
De mon souffle et parlant au peuple avec ma voix ;
Si ma tête, fournaise où mon esprit s'allume,
Jette le vers d'airain qui bouillonne et qui fume
Dans le rythme profond, moule mystérieux
D'où sort la strophe ouvrant ses ailes dans les cieux ;
C'est que l'amour, la tombe, et la gloire, et la vie,
L'onde qui fuit, par l'onde incessamment suivie,
Tout souffle, tout rayon, ou propice ou fatal,
Fait reluire et vibrer mon âme de cristal,
Mon âme aux mille voix, que le Dieu que j'adore
Mit au centre de tout comme un écho sonore !

D'ailleurs j'ai purement passé les jours mauvais,
Et je sais d'où je viens, si j'ignore où je vais.
L'orage des partis avec son vent de flamme
Sans en altérer l'onde a remué mon âme.
Rien d'immonde en mon cœur, pas de limon impur
Qui n'attendît qu'un vent pour en troubler l'azur !

Après avoir chanté, j'écoute et je contemple,
A l'empereur tombé dressant dans l'ombre un temple,
Aimant la liberté pour ses fruits, pour ses fleurs,
Le trône pour son droit, le roi pour ses malheurs ;
Fidèle enfin au sang qu'ont versé dans ma veine
Mon père vieux soldat, ma mère vendéenne !

Chant sur la naissance de Jean - Charles Fontaine

Mon petit fils qui n’as encor rien vu,
À ce matin ton père te salue;
Viens-t’en, viens voir ce monde bien pourvu
D’honneurs et biens, qui sont de grand value;
Viens voir la paix en France descendue;
Viens voir François, notre roi, et le tien,
Qui a la France ornée, et défendue;
Viens voir le monde où y a tant de bien.
 
Viens voir le monde, où y a tant de maux,
Viens voir ton père en procès, et en peine;
Viens voir ta mère en douleurs, et travaux
Plus grands que quand elle était de toi pleine;
Viens voir ta mère, à qui n’as laissé veine
En bon repos; viens voir ton père aussi,
Qui a passé sa jeunesse soudaine,
Et à trente ans est en peine et souci.
 
Jean, petit Jean, viens voir ce tant beau monde,
Ce ciel d’azur, ces étoiles luisantes,
Ce Soleil d’or, cette grand terre ronde,
Cette ample mer, ces rivières bruyantes,
Ce bel air vague, et ces nues courantes,
Ces beaux oiseaux qui chantent à plaisir,
Ces poissons frais, et ces bêtes paissantes;
Viens voir le tout à souhait, et désir.
 
Viens voir le tout sans désir, et souhait,
Viens voir le monde en divers troublements,
Viens voir le ciel, qui jà la terre hait,
Viens voir combat entre les éléments,
Viens voir l’air plein de rudes soufflements,
De dure grêle et d’horribles tonnerres;
Viens voir la terre en peine et tremblements;
Viens voir la mer noyant villes, et terres.
 
Enfant petit, petit et bel enfant,
Mâle bien fait, chef-d’œuvre de ton père,
Enfant petit en beauté triomphant,
La grand liesse, et joie de ta mère,
Le ris, l’ébat de ma jeune commère,
Et de ton père aussi certainement
Le grand espoir, et l’attente prospère,
Tu sois venu au monde heureusement.
 
Petit enfant, peux-tu le bienvenu
Être sur terre, où tu n’apportes rien,
Mais où tu viens comme un petit ver nu?
Tu n’as ni drap, ni linge qui soit tien,
Or, ni argent, n’aucun bien terrien;
À père et mère apportes seulement
Peine et souci; et voilà tout ton bien.
Petit enfant tu viens bien pauvrement.
 
De ton honneur ne veuil plus être chiche
Petit enfant de grand bien jouissant,
Tu viens au monde aussi grand, aussi riche
Comme le Roi, et aussi florissant.
Ton Trésorier c’est Dieu le tout puissant,
Grâce Divine est ta mère nourrice;
Ton héritage est le ciel splendissant;
Tes serviteurs sont les Anges sans vice

Le berceau - Alain Samain

Dans la chambre paisible où tout bas la veilleuse
Palpite comme une âme humble et mystérieuse,
Le père, en étouffant ses pas, s’est approché
Du petit lit candide où l’enfant est couché ;
Et sur cette faiblesse et ces douceurs de neige
Pose un regard profond qui couve et qui protège.
Un souffle imperceptible aux lèvres l’enfant dort,
Penchant la tête ainsi qu’un petit oiseau mort,
Et, les doigts repliés au creux de ses mains closes,
Laisse à travers le lit traîner ses bras de roses.
D’un fin poudroiement d’or ses cheveux l’ont nimbé ;
Un peu de moiteur perle à son beau front bombé,
Ses pieds ont repoussé les draps, la couverture,
Et, libre maintenant, nu jusqu’à la ceinture,
Il laisse voir, ainsi qu’un lys éblouissant,
La pure nudité de sa chair d’innocent.
Le père le contemple, ému jusqu’aux entrailles…
La veilleuse agrandit les ombres aux murailles ;
Et soudain, dans le calme immense de la nuit,
Sous un souffle venu des siècles jusqu’à lui,
Il sent, plein d’un bonheur que nul verbe ne nomme,
Le grand frisson du sang passer dans son coeur d’homme.

Le jour d'une naissance - Robert Derom

Ce poème étant toujours protégé par les droits d'auteur, nous avons décidé de ne pas partager son texte ici par respect pour l'auteur.

Un alphabet - Alain Boudet

Ce poème étant toujours protégé par les droits d'auteur, nous avons décidé de ne pas partager son texte ici par respect pour l'auteur.

J’espère de cette sélection des poèmes les plus beaux et les plus connus sur la naissance vous a plu.

Autres pages qui pourraient vous intéresser :

Pour l'Amoureux de Littérature en Vous

Je suis Johann, fondateur de Poetica Mundi, poète et artisan du cuir. Je vous invite à visiter notre boutique dédiée aux amateurs de lecture et d'écriture :

  • eBooks : anthologies, idées pour créer de la poésie, livres de coloriage...
  • Articles en cuir faits main : marque-pages, carnets de notes, porte-pages…
  • Poèmes personnalisés.
Découvrez nos magnifiques marque-pages

Plus de Poésie Gratuite

- Activités, Livres, Poésie à imprimer, Poèmes par e-mail.
- Poetica Mundi sur YouTube et Instagram.
- Cliquez ci-dessous pour découvrir un poème.


Poetica Mundi c'est plus de 17000 poèmes, de la poésie sur YouTube et des activités de méditation créatrice. Blogueur et amateur de poésie, j'aime partager notre belle poésie française avec mes lecteurs. Qu'elle fasse partie de votre quotidien comme elle fait partie du miens et vous apporte de la détente et de la joie. Johann