Des fils de la rosée d'aurore,
Des rayons filés de la lune ;
On a dit encore
Qu'il y noua des plumes
Ravies aux feux de l'orage
Et des pennes de cygne qu'on trouve sur la plage ;
On dit qu'il s'envola un soir
Dans le vent du nord, à l'automne,
Et d'aucuns ont cru le voir
Passer dans les nuages noirs.
En avril, quand l'orage tonne ;
Je ne sais,
Car le conte est ancien et subtil,
Les feuillets sont fanés,
Or il y a de tout cela passé mille,
Mille longues années.
Mille avrils.
Mille automnes étonnés.
Je pense que le mantelet clair
De la fillette agile
Étant tombé à terre,
De la soie de son tissu fragile,
Wieland à su lier des plumes amassées en son île ;
Il en arma ses bras puissants
D'avoir brandi la masse
Et s'éleva ainsi, corps débile et meurtri,
Sur le grand vent qui passe…
Ainsi s'envole la chanson
Que je chante assis sur mon seuil ;
Et telle aussi, cette belle feuille
Quand reviendra la saison
Des grappes mûres et des cueilles,
Et que le grand vent d'ouest secouera la maison ;
Ainsi ma pensée qui s'élève
Sur la plaine, si loin qu'on peut voir.
Et porte avec elle mon rêve
Au pays de son espoir.
Wieland a surgi sur ses ailes.
Comme un cygne essoré des grèves :
Son idée l'a pris en elle.
Vêtu de la forme de son rêve ;
Car il n'est de repos pour une âme
Que l'immense désir enivre :
Ni l'épée qu'on brase à la flamme.
Ni l'amour sacré de la femme,
Ni l'Art que la gloire acclame,
N'étanchent la soif de vivre.
Plus loin, Wieland, plus avant vers la vie,
Plus haut que la Mort, plus profond que l'Amour !
Tu es le désir inassouvi.
Le soupir des nuits et le cri des jours ;
Il n'est pas d'âme qui ne t'ait suivi
Quand les cygnes passent et les nuages courent.
Tu ne mourras pas, car les ailes qui te portent
S'enflent du tourbillon de nos rêves ;
Le souffle des âmes frêles et fortes
Se mêle vers toi dans le vent des grèves ;
Car il n'est pas de fin pour le désir des hommes,
Nul zénith si haut que notre idée n'atteigne,
Wieland, et ton rêve est ce que nous sommes :
Une force sans but que d'être mieux soi-même.
O cygne ! immortel blessé qui chantes et saignes,
Essore-toi, désir, sur l'aile des poèmes !
Francis Vielé-Griffin
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