Parfum, grâce, front pur, bouche toujours ravie,
Ô vous, tout ce qu'on aime ! ô vous, tout ce qui part !
Non, rien ne meurt de vous pour l'âme inassouvie
Quand vous laissez la nuit refermer son rempart
Sur l'idéal perdu qui va luire autre part.
Beaux yeux, charmeurs savants, clairs flambeaux ! Dans nos veines,
Pour nous brûler toujours du mal des larmes vaines,
Vous versez à coup sûr tous vos philtres amers.
Nous puisons aux clartés des prunelles sereines,
Comme au bleu des beaux soirs, comme à l'azur des mers,
Le vertige du vide ou des gouffres ouverts.
Front pur, grâce, parfum, rire ! En nous tout se grave,
Plus enivrant, plus doux, plus ravi, plus suave.
Des flots noirs du passé le désir éternel
Les évoque ; et sur nous, comme autour d'une épave
Les monstres de l'écume et les rôdeurs du ciel,
S'acharnent tous les fils du souvenir cruel.
Tout ce qu'on aime et qui s'enfuit ! Mensonges, rêves,
Tout cela vit, palpite, et nous ronge sans trêves.
Vous creusez dans nos cœurs, extases d'autrefois,
D'incurables remords hurlant comme les grèves.
Dites, dans quel Léthé peut-on boire une fois
L'oubli, l'immense oubli ? Répondez cieux et bois !
Non, rien ne peut mourir pour l'âme insatiable ;
Mais dans quel paradis, dans quel monde ineffable,
La chimère jamais dira-t-elle à son tour :
" C'est moi que tu poursuis, et c'est moi l'impalpable ;
Regarde ! J'ai le rythme et le divin contour ;
C'est moi qui suis le beau, c'est moi qui suis l'amour ? "
Quand vous laissez la nuit se refermer plus noire
Sur nos sens, quel gardien au fond de la mémoire
Rallume les flambeaux, et, joyeux tourmenteur,
Nous montre les trésors oubliés dans leur gloire ?
Quand nous donnerez-vous le repos contempteur,
Astres toujours brillant d'un feu toujours menteur ?
Cet idéal perdu que le hasard promène,
Un jour, là-haut, bien loin de la douleur humaine,
L'étreindrons-nous enfin de nos bras, dans la paix
Du bonheur, dans l'oubli du doute et de la haine ?
Ou, comme ici, fuyant dans le brouillard épais,
Nous crîra-t-il encor : plus loin ! Plus tard ! Jamais !
Oui, nous brûlant toujours d'une flamme inféconde,
Rire enivré, doux front, parfum, grâce profonde,
Tout cela vit, palpite et nous ronge de pleurs.
Mais dans quelle oasis, en quels cieux, sur quel monde,
Au fond de la mémoire éclorez-vous ? ô fleurs
Du rêve où s'éteindra l'écho de nos douleurs !
Léon Dierx
Plus de Poésie Gratuite
- Coloriage et écriture créative : Activités.
- Livres numériques : Anthologies, recueils.
- Poésie à encadrer : Poèmes à imprimer.
- Newsletter : Poèmes par e-mail.
- Poetica Mundi sur YouTube et Instagram.
- Cliquez ci-dessous pour découvrir un poème.
Poetica Mundi c'est plus de 17000 poèmes, de la poésie sur YouTube et des activités de méditation créatrice. Blogueur et amateur de poésie, j'aime partager notre belle poésie française avec mes lecteurs. Qu'elle fasse partie de votre quotidien comme elle fait partie du miens et vous apporte de la détente et de la joie. Johann
Symphonie de Mots - Poème Personnalisé
Laissez-moi tisser vos sentiments et vos émotions en un poème personnalisé. Amour, amitié, joie, deuil… Partagez votre histoire et je la transformerai en une mélodie de mots. J'ai écrit des centaines de poèmes, le prochain pourrait être le vôtre. Vous verrez, c'est très simple et sans risque. Allez voir des exemples de poèmes faits par le passé.

Mes produits affiliés préférés présentés sur la photo ci-dessus:
- L'anthologie de poésie que je garde toujours sur ma table de chevet.
- Le magnifique livre de poésie pour enfants que j'ai offert à mon fils.
- La lampe de lecture super pratique que j'utilise pour lire dans le lit.
- Un coussin support pour lire confortablement dans toutes les positions.