La fable est un genre littéraire très populaire et très ancien. Les premières fables remontent à la Grèce antique au VIe siècle avant J.-C. (Ésope) et à Rome au Ier siècle (Phèdre). Les fables d'Ésope influenceront d'ailleurs les fabulistes qui lui ont succédés jusqu'à nos jours.
Si vous souhaitez lire ou relire les fables les plus belles et les plus célèbres, vous êtes au bon endroit. Bien que l’art soit subjectif, j’ai tenté de sélectionner des fables incontournables en me basant sur mes préférences personnelles et leur présence dans plusieurs anthologies de la poésie française que j’ai pu lire.
Sur cette page, nous présenterons des œuvres de plusieurs poètes et fabulistes. Nous évoquerons aussi quelques faits intéressants sur les fables.
Comme vous le verrez, Jean de La Fontaine sera bien évidement mis à l'honneur sur cette page. Mais soyez sans crainte, il sera en très bonne compagnie avec Charles Perrault, Jean-Pierre Claris de Florian et bien d'autres.
Voici les plus belles fables françaises que vous retrouverez sur cette page :
- La cigale et la fourmi – Jean de La Fontaine
- Le lièvre et la tortue – Jean de La Fontaine
- Le corbeau et le renard – Jean de La Fontaine
- Le loup et l'agneau – Jean de La Fontaine
- Le renard et la cigogne – Jean de La Fontaine
- Le coche et la mouche – Jean de La Fontaine
- Le laboureur et ses enfants – Jean de La Fontaine
- Le lion et le rat – Jean de La Fontaine
- Le chêne et le roseau – Jean de La Fontaine
- Le loup et le chien – Jean de La Fontaine
- Le rat des villes et le rat des champs – Jean de La Fontaine
- La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf – Jean de La Fontaine
- Le pot de terre et le pot de fer – Jean de La Fontaine
- L'hirondelle et les petits oiseaux – Jean de La Fontaine
- La mort et le bûcheron – Jean de La Fontaine
- La poule aux œufs d'or – Jean de La Fontaine
- Le conseil des rats - Charles Perrault
- Les coqs et la perdrix - Charles Perrault
- Le singe juge - Charles Perrault
- Le paon et la pie - Charles Perrault
- Le lièvre qui fait le brave – Fénelon
- Le chat et les lapins – Fénelon
- L'abeille et la mouche – Fénelon
- Le loup et le jeune mouton – Fénelon
- Le grillon - Jean-Pierre Claris de Florian
- La guenon, le singe et la noix - Jean-Pierre Claris de Florian
- La carpe et les carpillons - Jean-Pierre Claris de Florian
- Pandore - Jean-Pierre Claris de Florian
- La taupe et les lapins - Jean-Pierre Claris de Florian
- L'aigle et le chapon - Antoine-Vincent Arnault
- Le lézard et la vipère - Antoine-Vincent Arnault
- La feuille - Antoine-Vincent Arnault
- Les éponges - Antoine-Vincent Arnault
- Le chat - Alphonse Allais
- Un général anglais - Alphonse Allais
- Le petit vient en mangeant - Alphonse Allais
- Tamerlan - Alphonse Allais
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Johann - Fondateur de Poetica Mundi
Les plus belles fables de Jean de La Fontaine (1621-1695)

Il est impossible de parler de fables sans dire quelques petits mots sur Jean de La Fontaine.
Jean de La Fontaine (1621-1695) est le fabuliste le plus célèbre de l'histoire. Les Fables de La Fontaine sont un des plus grands chefs-d’œuvre de la poésie. Ses fables, inspirées de l'antiquité grecque, sont à la fois didactiques, moralistes et divertissantes.
La fable de La Fontaine la plus belle et la plus connue est La Cigale et la Fourmi (1re fable des Fables de La Fontaine - 1668). C'est une adaptation d'une fable antique d'Ésope. Ce texte en heptasyllabes oppose le matérialisme et individualisme de la fourmi à l'âme artiste et bohème de la cigale.
La cigale et la fourmi
La Cigale, ayant chanté tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue :
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle.
« Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'Oût, foi d'animal,
Intérêt et principal. »
La Fourmi n'est pas prêteuse :
C'est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
- Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
- Vous chantiez ? j'en suis fort aise.
Eh bien! dansez maintenant.
Le lièvre et la tortue
Le Lièvre et la Tortue est une fable célèbre de Jean de La Fontaine inspirée des Fables d'Ésope (Grèce Antique). Il s'agit de la dixième fable du livre VI du premier recueil des Fables de La Fontaine (1668). Son premier vers, "Rien ne sert de courir ; il faut partir à point", est passé à l'histoire.
Le corbeau et le renard
Le loup et l'agneau
La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l'allons montrer tout à l'heure.
Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure.
Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
- Sire, répond l'Agneau, que votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d'Elle,
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne puis troubler sa boisson.
- Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
- Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?
Reprit l'Agneau, je tette encor ma mère.
- Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
- Je n'en ai point. - C'est donc quelqu'un des tiens :
Car vous ne m'épargnez guère,
Vous, vos bergers, et vos chiens.
On me l'a dit : il faut que je me venge.
Là-dessus, au fond des forêts
Le Loup l'emporte, et puis le mange,
Sans autre forme de procès.
Le renard et la cigogne
Compère le Renard se mit un jour en frais,
Et retint à dîner commère la Cigogne.
Le régal fut petit et sans beaucoup d'apprêts :
Le Galand, pour toute besogne
Avait un brouet clair (il vivait chichement).
Ce brouet fut par lui servi sur une assiette.
La Cigogne au long bec n'en put attraper miette ;
Et le Drôle eut lapé le tout en un moment.
Pour se venger de cette tromperie,
À quelque temps de là, la Cigogne le prie.
Volontiers, lui dit-il, car avec mes amis
Je ne fais point cérémonie.
À l'heure dite, il courut au logis
De la Cigogne son hôtesse ;
Loua très fort sa politesse,
Trouva le dîner cuit à point.
Bon appétit surtout ; Renards n'en manquent point.
Il se réjouissait à l'odeur de la viande
Mise en menus morceaux, et qu'il croyait friande.
On servit, pour l'embarrasser
En un vase à long col, et d'étroite embouchure.
Le bec de la Cigogne y pouvait bien passer,
Mais le museau du Sire était d'autre mesure.
Il lui fallut à jeun retourner au logis,
Honteux comme un Renard qu'une Poule aurait pris,
Serrant la queue, et portant bas l'oreille.
Trompeurs, c'est pour vous que j'écris :
Attendez-vous à la pareille.
Le coche et la mouche
Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,
Et de tous les côtés au Soleil exposé,
Six forts chevaux tiraient un Coche.
Femmes, Moine, vieillards, tout était descendu.
L'attelage suait, soufflait, était rendu.
Une Mouche survient, et des chevaux s'approche ;
Prétend les animer par son bourdonnement ;
Pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment
Qu'elle fait aller la machine,
S'assied sur le timon, sur le nez du Cocher ;
Aussitôt que le char chemine,
Et qu'elle voit les gens marcher,
Elle s'en attribue uniquement la gloire ;
Va, vient, fait l'empressée ; il semble que ce soit
Un Sergent de bataille allant en chaque endroit
Faire avancer ses gens, et hâter la victoire.
La Mouche en ce commun besoin
Se plaint qu'elle agit seule, et qu'elle a tout le soin ;
Qu'aucun n'aide aux chevaux à se tirer d'affaire.
Le Moine disait son Bréviaire ;
Il prenait bien son temps ! une femme chantait ;
C'était bien de chansons qu'alors il s'agissait !
Dame Mouche s'en va chanter à leurs oreilles,
Et fait cent sottises pareilles.
Après bien du travail le Coche arrive au haut.
Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt :
J'ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.
Ca, Messieurs les Chevaux, payez-moi de ma peine.
Ainsi certaines gens, faisant les empressés,
S'introduisent dans les affaires :
Ils font partout les nécessaires,
Et, partout importuns, devraient être chassés.
Le laboureur et ses enfants
Travaillez, prenez de la peine :
C'est le fonds qui manque le moins.
Un riche laboureur sentant sa mort prochaine
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
«Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l'endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'août.
Creusez, fouillez, bêchez, ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse.»
Le Père mort, les fils vous retournent le champ
Deçà, delà, partout ; si bien qu'au bout de l'an
Il en rapporta davantage.
D'argent, point de caché. Mais le Père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.
Le lion et le rat
Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde :
On a souvent besoin d'un plus petit que soi.
De cette vérité deux Fables feront foi,
Tant la chose en preuves abonde.
Entre les pattes d'un Lion,
Un Rat sortit de terre assez à l'étourdie :
Le Roi des animaux, en cette occasion,
Montra ce qu'il était, et lui donna la vie.
Ce bienfait ne fut pas perdu.
Quelqu'un aurait-il jamais cru
Qu'un Lion d'un Rat eût affaire ?
Cependant il avint qu'au sortir des forêts
Le Lion fut pris dans des rets,
Dont ses rugissements ne le purent défaire.
Sire Rat accourut, et fit tant par ses dents
Qu'une maille rongée emporta tout l'ouvrage.
Patience et longueur de temps
Font plus que force ni que rage.
Le chêne et le roseau
Le Chêne un jour dit au Roseau :
"Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.
Le moindre vent, qui d'aventure
Fait rider la face de l'eau,
Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d'arrêter les rayons du soleil,
Brave l'effort de la tempête.
Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr.
Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,
Vous n'auriez pas tant à souffrir :
Je vous défendrais de l'orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent.
La nature envers vous me semble bien injuste.
- Votre compassion, lui répondit l'Arbuste,
Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.
Les vents me sont moins qu'à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin. "Comme il disait ces mots,
Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.
L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au Ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l'Empire des Morts.
Le loup et le chien
Un Loup n'avait que les os et la peau ;
Tant les chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde.
L'attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l'eût fait volontiers.
Mais il fallait livrer bataille ;
Et le Mâtin était de taille
À se défendre hardiment.
Le Loup donc l'aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint qu'il admire.
« Il ne tiendra qu'à vous beau Sire,
D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, haires, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? Rien d'assuré ; point de franche lippée ;
Tout à la pointe de l'épée.
Suivez-moi ; vous aurez un bien meilleur destin. »
Le Loup reprit : « Que me faudra-t-il faire ?
- Presque rien, dit le Chien ; donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire :
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons ;
Os de poulets, os de pigeons ;
Sans parler de mainte caresse. »
Le Loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé :
« Qu'est-ce là ? lui dit-il. - Rien. - Quoi ? rien ? - Peu de chose.
- Mais encor ? - Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
- Attaché ? dit le Loup ; vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? - Pas toujours, mais qu'importe ?
- Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. »
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.
Le rat des villes et le rat des champs
Autrefois le rat des villes
Invita le rat des champs,
D'une façon fort civile,
A des reliefs d'ortolans. Sur un tapis de Turquie
Le couvert se trouva mis.
Je laisse à penser la vie
Que firent ces deux amis. Le régal fut fort honnête :
Rien ne manquait au festin;
Mais quelqu'un troubla la fête
Pendant qu'ils étaient en train. A la porte de la salle
Ils entendirent du bruit :
Le rat de ville détale,
Son camarade le suit. Le bruit cesse, on se retire :
Rats en campagne aussitôt ;
Et le citadin de dire :
«Achevons tout notre rôt. -C'est assez, dit le rustique;
Demain vous viendrez chez moi.
Ce n'est pas que je me pique
De tous vos festins de roi ; Mais rien ne vient m'interrompre :
Je mange tout à loisir.
Adieu donc. Fi du plaisir
Que la crainte peut corrompre !»
La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf
Une Grenouille vit un Bœuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant : "Regardez bien, ma sœur ;
Est-ce assez ? dites-moi ; n'y suis-je point encore ?
- Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout. - M'y voilà ?
- Vous n'en approchez point. "La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.
Le pot de terre et le pot de fer
Le Pot de fer proposa
Au Pot de terre un voyage.
Celui-ci s'en excusa,
Disant qu'il ferait que sage
De garder le coin du feu ;
Car il lui fallait si peu,
Si peu, que la moindre chose
De son débris serait cause.
Il n'en reviendrait morceau.
« Pour vous dit-il, dont la peau
Est plus dure que la mienne,
Je ne vois rien qui vous tienne.
- Nous vous mettrons à couvert,
Repartit le Pot de fer.
Si quelque matière dure
Vous menace d'aventure,
Entre deux je passerai,
Et du coup vous sauverai. »
Cette offre le persuade.
Pot de fer son camarade
Se met droit à ses côtés.
Mes gens s'en vont à trois pieds,
Clopin clopant comme ils peuvent,
L'un contre l'autre jetés
Au moindre hoquet qu'ils treuvent.
Le Pot de terre en souffre ; il n'eut pas fait cent pas
Que par son Compagnon il fut mis en éclats,
Sans qu'il eût lieu de se plaindre.
Ne nous associons qu'avecque nos égaux ;
Ou bien il nous faudra craindre
Le destin d'un de ces Pots.
L'hirondelle et les petits oiseaux
Une Hirondelle en ses voyages
Avait beaucoup appris.
Quiconque a beaucoup vu
Peut avoir beaucoup retenu.
Celle-ci prévoyait jusqu'aux moindres orages,
Et devant qu'ils fussent éclos,
Les annonçait aux Matelots.
Il arriva qu'au temps que le chanvre se sème,
Elle vit un manant en couvrir maints sillons.
"Ceci ne me plaît pas, dit-elle aux Oisillons :
Je vous plains ; car pour moi, dans ce péril extrême,
Je saurai m'éloigner, ou vivre en quelque coin.
Voyez-vous cette main qui par les airs chemine ?
Un jour viendra, qui n'est pas loin,
Que ce qu'elle répand sera votre ruine.
De là naîtront engins à vous envelopper,
Et lacets pour vous attraper,
Enfin mainte et mainte machine
Qui causera dans la saison
Votre mort ou votre prison :
Gare la cage ou le chaudron !
C'est pourquoi, leur dit l'Hirondelle,
Mangez ce grain ; et croyez-moi. "
Les Oiseaux se moquèrent d'elle :
Ils trouvaient aux champs trop de quoi.
Quand la chènevière fut verte,
L'Hirondelle leur dit : "Arrachez brin à brin
Ce qu'a produit ce maudit grain,
Ou soyez sûrs de votre perte.
- Prophète de malheur, babillarde, dit-on,
Le bel emploi que tu nous donnes !
Il nous faudrait mille personnes
Pour éplucher tout ce canton. "
La chanvre étant tout à fait crue,
L'Hirondelle ajouta : "Ceci ne va pas bien ;
Mauvaise graine est tôt venue.
Mais puisque jusqu'ici l'on ne m'a crue en rien,
Dès que vous verrez que la terre
Sera couverte, et qu'à leurs blés
Les gens n'étant plus occupés
Feront aux oisillons la guerre ;
Quand reginglettes et réseaux
Attraperont petits Oiseaux,
Ne volez plus de place en place,
Demeurez au logis, ou changez de climat :
Imitez le Canard, la Grue, et la Bécasse.
Mais vous n'êtes pas en état
De passer, comme nous, les déserts et les ondes,
Ni d'aller chercher d'autres mondes ;
C'est pourquoi vous n'avez qu'un parti qui soit sûr :
C'est de vous renfermer aux trous de quelque mur. "
Les Oisillons, las de l'entendre,
Se mirent à jaser aussi confusément
Que faisaient les Troyens quand la pauvre Cassandre
Ouvrait la bouche seulement.
Il en prit aux uns comme aux autres :
Maint oisillon se vit esclave retenu.
Nous n'écoutons d'instincts que ceux qui sont les nôtres,
Et ne croyons le mal que quand il est venu.
La mort et le bûcheron
Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier, et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la mort, elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu'il faut faire
C'est, dit-il, afin de m'aider
A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.
Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d'où nous sommes.
Plutôt souffrir que mourir,
C'est la devise des hommes.
La poule aux œufs d'or
L'avarice perd tout en voulant tout gagner.
Je ne veux, pour le témoigner,
Que celui dont la Poule, à ce que dit la Fable,
Pondait tous les jours un œuf d'or.
Il crut que dans son corps elle avait un trésor.
Il la tua, l'ouvrit, et la trouva semblable
A celles dont les œufs ne lui rapportaient rien,
S'étant lui-même ôté le plus beau de son bien.
Belle leçon pour les gens chiches :
Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus
Qui du soir au matin sont pauvres devenus
Pour vouloir trop tôt être riches ?
Vous trouverez plus de fables de La Fontaine sur la page qui lui est dédiée.
Les plus belles fables de Charles Perrault (1628-1703)
Charles Perrault, principalement célèbre pour ses contes, a aussi écrit de nombreuses fables. C'est un des très grands auteurs du XVIIe siècle. Voici ses fables les plus célèbres.
Le conseil des rats
Les Rats tinrent conseil pour se garantir d'un Chat qui les désolait. L'un d'eux proposa de lui pendre un grelot au cou ; l'avis fut loué, mais la difficulté se trouva grande à mettre le grelot.
Quand celle à qui l'on fait la cour,
Est rude, sauvage et sévère ;
Le moyen le plus salutaire,
Serait de lui pouvoir donner un peu d'amour,
Mais c'est là le point de l'affaire.
Les coqs et la perdrix
Une Perdrix s'affligeait fort d'être battue par des Coqs ; mais elle se consola, ayant vu qu'ils se battaient eux-mêmes.
Si d'une belle on se voit maltraiter
Les premiers jours qu'on entre à son service,
Il ne faut pas se rebuter :
Bien des Amants, quoiqu'Amour les unisse,
Ne laissent pas de s'entrepicoter.
Le singe juge
Un Loup et un Renard plaidaient l'un contre l'autre pour une affaire fort embrouillée. Le Singe qu'ils avaient pris pour Juge, les condamna tous deux à l'amende, disant qu'il ne pouvait faire mal de condamner deux aussi méchantes bêtes.
Quand deux amants en usent mal,
Ou que l'un et l'autre est brutal,
Quelques bonnes raisons que chacun puisse dire
Pour être préféré par l'objet de ses voeux
La Belle doit en rire
Et les chasser tous deux.
Le paon et la pie
Les Oiseaux élirent le Paon pour leur Roi à cause de sa beauté. Une Pie s'y opposa, et leur dit qu'il fallait moins regarder à la beauté qu'il avait qu'à la vertu qu'il n'avait pas.
Pour mériter le choix d'une jeune merveille,
N'en déplaise à maint jouvenceau
Dont le teint est plus frais qu'une rose vermeille,
Ce n'est pas tout que d'être beau.
Vous trouverez toutes les fables de Charles Perrault en cliquant sur le lien.
Les plus belles fables de Fénelon (1651-1715)
Fénelon était un homme d'Église, théologien et écrivain français. Il a écrit de nombreuses fables et romans. Voici certaines de ses fables les plus célèbres.
Le lièvre qui fait le brave
Un Lièvre, qui était honteux d’être poltron, cherchait
quelque occasion de s’aguerrir. Il allait quelquefois
par un trou d’une haie dans les choux du jardin d’un
paysan, pour s’accoutumer au bruit du village.
Souvent même il passait assez près de quelques
mâtins, qui se contentaient d’aboyer après lui. Au
retour de ces grandes expéditions, il se croyait plus
redoutable qu’Alcide après tous ses travaux. On dit
même qu’il ne rentrait dans son gîte qu’avec des
feuilles de laurier, et faisait l’ovation. Il vantait ses
prouesses à ses compères les Lièvres voisins.
Il représentait les dangers qu’il avait courus, les
alarmes qu’il avait données aux ennemis, les ruses
de guerre qu’il avait faites en expérimenté capitaine,
et surtout son intrépidité héroïque. Chaque matin, il
remerciait Mars et Bellone de lui avoir donné des
talents et un courage pour dompter toutes les nations
à longues oreilles. Jean Lapin, discourant un jour avec lui, lui dit d’un ton moqueur :
« Mon ami, je te voudrais voir avec cette belle fierté au milieu d’une meute de chiens
courants. Hercule fuirait bien vite, et ferait une laide contenance.
— Moi, répondit notre preux chevalier, je ne reculerais pas quand toute la gent chienne
viendrait m’attaquer. »
À peine eût-il parlé, qu’il entendit un petit tournebroche d’un fermier voisin, qui glapissait
dans les buissons assez loin de lui. Aussitôt il tremble, il frissonne. il a la fièvre, ses yeux se
troublent, comme ceux de Paris quand il vit Ménélas qui venait ardemment contre lui. Il se
précipite d’un rocher escarpé dans une profonde vallée, où il pensa se noyer dans un
ruisseau. Jean Lapin, le voyant faire le saut, s’écria de son terrier :
« Le voilà, ce foudre de guerre! Le voilà, cet Hercule qui doit purger la terre de tous les
monstres dont elle est pleine ! »
Le chat et les lapins
Un chat, qui faisait le modeste, était entré dans une garenne peuplée de lapins. Aussitôt toute la république alarmée ne songea qu’à s’enfoncer dans ses trous. Comme le nouveau venu était au guet auprès d’un terrier, les députés de la nation lapine, qui avaient vu ses terribles griffes, comparurent dans l’endroit le plus étroit de l’entrée du terrier, pour lui demander ce qu’il prétendait. Il protesta d’une voix douce qu’il voulait seulement étudier les mœurs de la nation, qu’en qualité de philosophe il allait dans tous les pays pour s’informer des coutumes de chaque espèce d’animaux. Les députés, simples et crédules, retournèrent dire à leurs frères que cet étranger, si vénérable par son maintien modeste et par sa majestueuse fourrure, était un philosophe, sobre, désintéressé, pacifique, qui voulait seulement rechercher la sagesse de pays en pays, qu’il venait de beaucoup d’autres lieux où il avait vu de grandes merveilles, qu’il y aurait bien du plaisir à l’entendre, et qu’il n’avait garde de croquer les lapins, puisqu’il croyait en bon Bramin la métempsycose, et ne mangeait d’aucun aliment qui eût eu vie. Ce beau discours toucha l’assemblée. En vain un vieux lapin rusé, qui était le docteur de la troupe, représenta combien ce grave philosophe lui était suspect : malgré lui on va saluer le Bramin, qui étrangla du premier salut sept ou huit de ces pauvres gens. Les autres regaignent leurs trous, bien effrayés et bien honteux de leur faute. Alors dom Mitis revint à l’entrée du terrier, protestant, d’un ton plein de cordialité, qu’il n’avait fait ce meurtre que malgré lui, pour son pressant besoin, que désormais il vivrait d’autres animaux et ferait avec eux une alliance éternelle. Aussitôt les lapins entrent en négociation avec lui, sans se mettre néanmoins à la portée de sa griffe. La négociation dure, on l’amuse. Cependant un lapin des plus agiles sort par les derrières du terrier, et va avertir un berger voisin, qui aimait à prendre dans un lacs de ces lapins nourris de genièvre. Le berger, irrité contre ce chat exterminateur d’un peuple si utile, accourt au terrier avec un arc et des flèches. Il aperçoit le chat qui n’était attentif qu’à sa proie. Il le perce d’une de ses flèches, et le chat expirant dit ces dernières paroles : « Quand on a une fois trompé, on ne peut plus être cru de personne ; on est haï, craint, détesté, et on est enfin attrapé par ses propres finesses. »
L'abeille et la mouche
Un jour une abeille aperçut une mouche auprès de sa ruche. « Que viens-tu faire
ici ? lui dit-elle d’un ton furieux. Vraiment, c’est bien à toi, vil animal, à te
mêler avec les reines de l’air!
— Tu as raison, répondit froidement la mouche, on a toujours tort de
s’approcher d’une nation aussi fougueuse que la vôtre.
— Rien n’est plus sage que nous, dit l’abeille ; nous seules avons des lois et une
république bien policée ; nous ne cueillons que des fleurs odoriférantes ; nous ne
faisons que du miel délicieux, qui égale le nectar. Ôte-toi de ma présence,
vilaine mouche importune, qui ne fait que bourdonner et chercher ta vie sur les
ordures.
— Nous vivons comme nous pouvons, répondit la mouche ; la pauvreté n’est
pas un vice, mais la colère en est un grand. Vous faites du miel qui est doux,
mais votre cœur est toujours amer : vous êtes sages dans vos lois, mais
emportées dans votre conduite. Votre colère, qui pique vos ennemis, vous donne
la mort, et votre folle cruauté vous fait plus de mal qu’à personne. Il vaut mieux
avoir des qualités moins écrasantes, avec plus de modération. »
Le loup et le jeune mouton
Des moutons étaient en sûreté dans leur parc ; les chiens dormaient, et le berger, à l’ombre d’un grand ormeau, jouait de la flûte avec d’autres bergers voisins. Un loup affamé vint, par les fentes de l’enceinte, reconnaître l’état du troupeau. Un jeune mouton, sans expérience, et qui n’avait jamais rien vu, entra en conversation avec lui :
« Que venez-vous chercher ici ? dit-il au glouton.
— L’herbe tendre et fleurie, lui répondit le loup. Vous savez que rien n’est plus doux que de paître dans une verte prairie émaillée de fleurs, pour apaiser sa faim, et d’aller éteindre sa soif dans un clair ruisseau : j’ai trouvé ici l’un et l’autre. Que faut-il davantage ? J’aime la philosophie qui enseigne à se contenter de peu.
— Il est donc vrai, repartit le jeune mouton, que vous ne mangez point la chair des animaux, et qu’un peu d’herbe vous suffit ? Si cela est, vivons comme frères, et paissons ensemble. »
Aussitôt le mouton sort du parc dans la prairie, où le sobre philosophe le mit en pièces et l’avala.
Défiez-vous des belles paroles des gens qui se vantent d’être vertueux. Jugez-les par leurs actions, et non par leurs discours.
Les plus belles fables de Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794)

Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794) est un célèbre romancier, poète et fabuliste français. Protégé de Voltaire, ce fabuliste contemporain des Lumières est souvent considéré comme l'égal La Fontaine. Certaines de ses morales comme "pour vivre heureux, vivons caché" sont passées à l'histoire.
Le grillon
Un pauvre petit grillon
Caché dans l'herbe fleurie
Regardait un papillon
Voltigeant dans la prairie.
L'insecte ailé brillait des plus vives couleurs ;
L'azur, la pourpre et l'or éclataient sur ses ailes ;
Jeune, beau, petit maître, il court de fleurs en fleurs,
Prenant et quittant les plus belles.
Ah! disait le grillon, que son sort et le mien
Sont différents ! Dame nature
Pour lui fit tout, et pour moi rien.
je n'ai point de talent, encor moins de figure.
Nul ne prend garde à moi, l'on m'ignore ici-bas :
Autant vaudrait n'exister pas.
Comme il parlait, dans la prairie
Arrive une troupe d'enfants :
Aussitôt les voilà courants
Après ce papillon dont ils ont tous envie.
Chapeaux, mouchoirs, bonnets, servent à l'attraper ;
L'insecte vainement cherche à leur échapper,
Il devient bientôt leur conquête.
L'un le saisit par l'aile, un autre par le corps ;
Un troisième survient, et le prend par la tête :
Il ne fallait pas tant d'efforts
Pour déchirer la pauvre bête.
Oh! oh! dit le grillon, je ne suis plus fâché ;
Il en coûte trop cher pour briller dans le monde.
Combien je vais aimer ma retraite profonde !
Pour vivre heureux, vivons caché.
La guenon, le singe et la noix
Une jeune guenon cueillit
Une noix dans sa coque verte ;
Elle y porte la dent, fait la grimace… « Ah ! Certes,
Dit-elle, ma mère mentit
Quand elle m'assura que les noix étaient bonnes.
Puis, croyez aux discours de ces vieilles personnes
Qui trompent la jeunesse ! Au diable soit le fruit ! »
Elle jette la noix. Un singe la ramasse,
Vite entre deux cailloux la casse,
L'épluche, la mange, et lui dit :
« Votre mère eut raison, ma mie :
Les noix ont fort bon goût, mais il faut les ouvrir.
Souvenez-vous que, dans la vie,
Sans un peu de travail on n'a point de plaisir ».
La carpe et les carpillons
Prenez garde, mes fils, côtoyez moins le bord,
Suivez le fond de la rivière ;
Craignez la ligne meurtrière,
Ou l'épervier plus dangereux encor.
C'est ainsi que parlait une carpe de Seine
A de jeunes poissons qui l'écoutaient à peine.
C'était au mois d'avril : les neiges, les glaçons,
Fondus par les zéphyrs, descendaient des montagnes.
Le fleuve, enflé par eux, s'élève à gros bouillons,
Et déborde dans les campagnes.
Ah ! ah ! criaient les carpillons,
Qu'en dis-tu, carpe radoteuse ?
Crains-tu pour nous les hameçons ?
Nous voilà citoyens de la mer orageuse ;
Regarde : on ne voit plus que les eaux et le ciel,
Les arbres sont cachés sous l'onde,
Nous sommes les maîtres du monde,
C'est le déluge universel.
Ne croyez pas cela, répond la vieille mère ;
Pour que l'eau se retire il ne faut qu'un instant :
Ne vous éloignez point, et, de peur d'accident,
Suivez, suivez toujours le fond de la rivière.
Bah ! disent les poissons, tu répètes toujours
Mêmes discours.
Adieu, nous allons voir notre nouveau domaine.
Parlant ainsi, nos étourdis
Sortent tous du lit de la Seine,
Et s'en vont dans les eaux qui couvrent le pays.
Qu'arriva-t-il ? Les eaux se retirèrent,
Et les carpillons demeurèrent ;
Bientôt ils furent pris,
Et frits.
Pourquoi quittaient-ils la rivière ?
Pourquoi ? je le sais trop, hélas !
C'est qu'on se croit toujours plus sage que sa mère
C'est qu'on veut sortir de sa sphère,
C'est, que... c'est que... je ne finirai pas.
Pandore
Quand Pandore eut reçu la vie,
Chaque dieu de ses dons s'empressa de l'orner.
Vénus, malgré sa jalousie,
Détacha sa ceinture et vint la lui donner.
Jupiter, admirant cette jeune merveille,
Craignait pour les humains ses attraits enchanteurs ;
Vénus rit de sa crainte, et lui dit à l’oreille :
Elle blessera bien des cœurs ;
Mais j'ai caché dans ma ceinture
Les caprices pour affaiblir
Le mal que fera sa blessure,
Et les faveurs pour en guérir.
La taupe et les lapins
Chacun de nous souvent connaît bien ses défauts ;
En convenir, c'est autre chose :
On aime mieux souffrir de véritables maux
Que d'avouer qu'ils en sont cause.
Je me souviens, à ce sujet,
D'avoir été témoin d'un fait
Fort étonnant et difficile à croire ;
Mais je l'ai vu : voici l'histoire.
Près d'un bois, le soir, à l'écart,
Dans une superbe prairie,
Des lapins s'amusaient, sur l'herbette fleurie,
A jouer au colin-maillard.
Des lapins ! direz-vous, la chose est impossible.
Rien n'est plus vrai pourtant : une feuille flexible
Sur les yeux de l'un d'eux en bandeau s'appliquait,
Et puis sous le cou se nouait :
Un instant en faisait l'affaire.
Celui que ce ruban privait de la lumière
Se plaçait au milieu ; les autres alentour
Sautaient, dansaient, faisaient merveilles,
S'éloignaient, venaient tour à tour
Tirer sa queue ou ses oreilles.
Le pauvre aveugle alors, se retournant soudain,
Sans craindre pot au noir, jette au hasard la patte,
Mais la troupe échappe à la hâte,
Il ne prend que du vent, il se tourmente en vain,
IL y sera jusqu'à demain.
Une taupe assez étourdie,
Qui sous terre entendit ce bruit,
Sort aussitôt de son réduit
Et se mêle dans la partie.
Vous jugez que, n'y voyant pas,
Elle fut prise au premier pas.
Messieurs, dit un lapin, ce serait conscience,
Et la justice veut qu'à notre pauvre sœur
Nous fassions un peu de faveur :
Elle est sans yeux et sans défense.
Ainsi je suis d'avis...--Non, répond avec feu
La taupe, je suis prise, et prise de bon jeu ;
Mettez moi le bandeau.--Très volontiers, ma chère ;
Le voici ; mais je crois qu'il n'est pas nécessaire
Que nous serions le nœud bien fort.
--Pardonnez-moi, Monsieur, reprit-elle en colère,
Serrez bien, car j'y vois... Serrez, j'y vois encor.
Les plus belles fables d'Antoine-Vincent Arnault (1766-1834)
Homme politique, poète et auteur dramatique, Antoine-Vincent Arnault a écrit de très belles fables dont voici une sélection.
L'aigle et le chapon
On admirait l'oiseau de Jupiter,
Qui déployant ses vastes ailes,
Aussi rapide que l'éclair,
Remontait vers son maître aux voûtes éternelles.
Toute la basse-cour avait les yeux en l'air.
Ce n'est pas sans raison qu'un grand dieu le préfère !
S'écriait un vieux coq ; parmi ses envieux,
Qui pourrait, comme lui, laissant bien loin la terre,
Voler en un clin-d'oeil au séjour du tonnerre,
Et d'un élan franchir l'immensité des cieux ?
Qui ? reprit un chapon ; vous et moi, mon confrère.
Moi, vous dis-je. Laissons les dindons s'étonner
De ce qui sort de leurs coutumes :
Osons, au lieu de raisonner.
D'aussi près qu'il voudra verra Jupin tonner
Quiconque a du cœur et des plumes.
Il dit, et de l'exemple appuyant la leçon,
Il a déjà pris vol vers la céleste plaine.
Mais c'était le vol du chapon.
L'enfant gâté du Mans s'élève, et, comme un plomb,
Va tomber sur le toit de l'étable prochaine.
On sait que l'indulgence, en un malheur pareil,
N'est pas le fort de la canaille :
On suit le pauvre hère, on le hue, on le raille,
Les plus petits exprès montaient sur la muraille.
Le vieux coq, plus sensé, lui donna ce conseil :
Que ceci te serve de règle ;
Raser la terre est ton vrai lot :
Renonce à prendre un vol plus haut,
Mon ami, tu n'es pas un aigle.
Le lézard et la vipère
Quoi ! je ne me vengerais pas
De cette maudite vipère !
Disait un lézard a son père.
Pourquoi fuirais-je les combats ?
Au triomphe je puis prétendre ;
N'ai-je pas des ongles, des dents ?
II est mal d'attaquer les gens ;
Mais il est bien de se défendre.
— Ce point est assez entendu,
Mon fils ; mais parlons avec ordre.
Pour faire la guerre, il faut mordre ;
Et qui mord peut être mordu.
D'après cela, si je raisonne,
À ta perte tu veux courir.
Un serpent mordu peut guérir,
Un serpent qui mord empoisonne.
La feuille - Antoine-Vincent Arnault
— De ta tige détachée,
Pauvre feuille desséchée,
Où vas-tu ? — Je n'en sais rien.
L'orage a frappé le chêne
Qui seul était mon soutien.
De son inconstante haleine,
Le zéphyr ou l'aquilon
Depuis ce jour me promène
De la forêt à la plaine,
De la montagne au vallon.
Je vais où le vent me mène.
Sans me plaindre ou m'effrayer,
Je vais où va toute chose,
Où va la feuille de rose
Et la feuille de laurier.
Les éponges
L'éponge boit, c'est son métier ;
Mais elle est aussi souvent pleine
De l'eau fangeuse du bourbier,
Que de celle de la fontaine.
Docteurs qui, dans votre cerveau,
Logez le vieux et le nouveau,
Les vérités et les mensonges,
J'en conviens, vous retenez tout ;
Mais aux yeux de l'homme de goût,
Ne seriez-vous pas des éponges ?
Les plus belles fables d'Alphonse Allais (1854-1905)
Pour terminer sur une note légère, voici quelques petites fables humoristiques d'Alphonse Allais, journaliste, écrivain et humoriste français.
Le chat
Lorsque tu vois un chat de sa patte légère,
Laver son nez rosé, lisser son poil si fin,
Bien fraternellement embrasse ce félin.
Moralité :
S'il se nettoie, c'est donc ton frère.
Un général anglais
Un général anglais, dans une bataille,
Eut les deux fesses emportées par la mitraille.
Il en fit faire une autre paire en bois,
mais jamais il ne les paya.
Moralité :
Fesses que dois !
Le petit vient en mangeant
Une femme dans l'espoir de son premier enfant,
Inquiète de garder ses rondeurs pour longtemps
Pendant neuf longs mois, de tout encas se passa.
A bout, ce fut le soir où son jeûne elle cessa
Que l'enfant décida qu'il était enfin temps.
Moralité :
Le petit vient en mangeant.
Tamerlan
Tamerlan, conquérant farouche,
Dans un combat fit vingt captifs.
Il les fit empaler tout vif.
On n'dit pas si c'est par la bouche.
Moralité:
Malheur aux vaincus !
Quelques faits intéressant sur les fables
Le rôle de la fable
La fable est un texte narratif en vers ou en prose, généralement court, ayant un but didactique (cherche à éduquer), une morale implicite ou explicite et visant aussi à divertir. La fable utilise souvent le symbolisme animalier (animaux dotés de la parole) et des personnages fictifs pour passer son message.
Les thèmes récurrents dans les fables
- Le pouvoir
- La tyrannie
- La société
- L’homme
- Les animaux
- Le monde politique
- Les relations familiales
- Les rivalités
- La solitude
- La vieillesse
- La mort
- Le rapport de l’homme avec la nature
13 fables célèbres courtes et faciles à apprendre
Voici quelques fables faciles à apprendre. Vous trouverez les textes plus haut sur cette page.
- La poule aux œufs d'or - Jean de La Fontaine
- La cigale et la fourmi - Jean de La Fontaine
- La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf - Jean de La Fontaine
- Le lion et le rat - Jean de La Fontaine
- Le laboureur et ses enfants - Jean de La Fontaine
- Le corbeau et le renard - Jean de La Fontaine
- Toutes les fables Charles Perrault
- Pandore - Jean-Pierre Claris de Florian
- La guenon, le singe et la noix - Jean-Pierre Claris de Florian
- La feuille - Antoine-Vincent Arnault
- Les éponges - Antoine-Vincent Arnault
- Le lézard et la vipère - Antoine-Vincent Arnault
- Toutes les fables humoristiques d'Alphonse Allais
Quelques faits intéressant sur les fables de La Fontaine
Les morales les plus célèbres des fables de La Fontaine
- "Rien ne sert de courir ; il faut partir à point." dans Le lièvre et la tortue de Jean de La Fontaine
- "Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute." dans Le corbeau et le renard de Jean de La Fontaine
- "La raison du plus fort est toujours la meilleure." dans Le loup et l'agneau de Jean de La Fontaine
- "Trompeurs, c'est pour vous que j'écris : Attendez-vous à la pareille." dans Le renard et la cigogne de Jean de La Fontaine
- "Le travail est un trésor." dans Le laboureur et ses enfants de Jean de La Fontaine
- "On a souvent besoin d'un plus petit que soi." dans Le lion et le rat de Jean de La Fontaine
- "Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage." dans Le lion et le rat de Jean de La Fontaine
- "Je plie, et ne romps pas." dans Le chêne et le roseau de Jean de La Fontaine
- "Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages." dans La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf de Jean de La Fontaine
- "Ne nous associons qu'avecque nos égaux." dans Le pot de terre et le pot de fer de Jean de La Fontaine
- "Nous n'écoutons d'instincts que ceux qui sont les nôtres, et ne croyons le mal que quand il est venu." dans L'hirondelle et les petits oiseaux de Jean de La Fontaine
- "Plutôt souffrir que mourir, c'est la devise des hommes." dans La mort et le bûcheron de Jean de La Fontaine
- "L'avarice perd tout en voulant tout gagner." - dans La poule aux œufs d'or de Jean de La Fontaine
- "Tel est pris qui croyait prendre." dans Le rat et l'huitre de Jean de La Fontaine
- "Il ne faut jamais vendre la peau de l'ours qu'on ne l'ait mis par terre." dans L'ours et les deux compagnons de Jean de La Fontaine
- "Il se faut s’entraider, c'est la loi de nature." dans L'ane et le chien de Jean de La Fontaine
- "La Méfiance est mère de la sûreté." dans Le chat et un vieux rat de Jean de La Fontaine
- "Selon que vous serez puissant ou misérable
- Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir." dans Les animaux malades de la peste de Jean de La Fontaine
- "Laissez dire les sots, le savoir a son prix." dans L'avantage de la science de Jean de La Fontaine
- "On se voit d'un autre œil qu'on ne voit son prochain." dans La besace de Jean de La Fontaine
6 fables de La Fontaine courtes et faciles à apprendre
Voici quelques fables de La Fontaine faciles à apprendre. Vous trouverez les textes plus haut sur cette page.
- La poule aux œufs d'or - Jean de La Fontaine (97 mots)
- La cigale et la fourmi - Jean de La Fontaine (107 mots)
- La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf - Jean de La Fontaine (111 mots)
- Le lion et le rat - Jean de La Fontaine (127 mots)
- Le laboureur et ses enfants - Jean de La Fontaine (131 mots)
- Le corbeau et le renard - Jean de La Fontaine (137 mots)
Les fables de Jean de La Fontaine les plus célèbres
Voici une liste des fables de Jean de La Fontaine les plus connues.
- La cigale et la fourmi
- Le lièvre et la tortue
- Le corbeau et le renard
- Le loup et l'agneau
- Le renard et la cigogne
- Le coche et la mouche
- Le laboureur et ses enfants
- Le lion et le rat
- Le chêne et le roseau
- Le loup et le chien
- Le rat des villes et le rat des champs
- La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf
- Le pot de terre et le pot de fer
- L'hirondelle et les petits oiseaux
- La mort et le bûcheron
- La poule aux œufs d'or
Les animaux dans les fables de La Fontaine
Dans les fables de La Fontaine (et les fables en général), le symbolisme animalier permet au lecteur de mieux saisir le message sans se sentir visé. Jean de La Fontaine a dit : « Je me sers d'animaux pour instruire les hommes ». Chaque animal a une personnalité distinctive qui permet de deviner qui il représente.
Les animaux les plus représentés dans les titres des 243 fables de La Fontaine sont les suivants :
- Renard : 20 fables
- Lion : 18 fables
- Loup : 15 fables
- Rat : 15 fables
- Âne : 13 fables
- Chat : 12 fables
- Chien : 10 fables
- Singe : 9 fables
- Grenouille : 6 fables
- Ours : 6 fables
- Souris : 6 fables
- Aigle : 5 fables
- Mouche : 5 fables
J’espère de cette sélection des plus belles fables vous a plu.
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