Quand le Cid fut entré dans le Généralife,
Il alla droit au but et tua le calife,
Le noir calife Ogrul, haï de ses sujets.
Le cid Campeador aux prunelles de jais,
Au poing de bronze, au cœur de flamme, à l'âme honnête,
Fit son devoir, frappa le calife à la tête,
Et sortit du palais seul, tranquille et rêveur.
Devant ce meurtrier et devant ce sauveur
Tout semblait s'écarter comme dans un prodige.
Soudain parut Médnat, le vieillard qui rédige
Le commentaire obscur et sacré du koran
Et regarde la nuit l'étoile Aldebaran.
Il dit au Cid, après le salut ordinaire :
— Cid, as-tu rencontré quelqu'un ?
— Oui, le tonnerre.
— Je le sais ; je l'ai vu, répondit le docteur.
Il m'a parlé. J'étais monté sur la hauteur,
Pour prier. Le tonnerre a dit à mon oreille :
Me voici, la douleur des peuples me réveille,
Et je descends du ciel quand un prince est mauvais ;
Mais je vois arriver le Cid et je m'en vais.
Victor Hugo
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Johann - Poetica Mundi