Le destin avec ma famille
M'a traîné loin de cette ville
En ces lieux où je me déplais.
Hélas ! je suis à la campagne,
Où je ne sais ce que je fais,
Sinon des châteaux en Espagne.

J'y fuis celui qui s'embarrasse
Dans les fatigues de la chasse,
Où souvent la raison se perd.
Pour une bête on s'y rend bête,
Et la fête de saint Hubert
Me semble une brutale fête.

A mon avis cet exercice
Est moins un état qu'un supplice,
Car, au lieu d'y passer le temps,
On y meurt de mélancolie,
Et quand on court ainsi les champs,
On a quelques grains de folie.

Que ces gentilshommes à lièvre,
Dont le pauvre timbre a la fièvre,
Ont d'insipides entretiens !
Quelquefois j'en crève de rire,
Car, s'ils ne discouraient de chiens,
On ne les entendrait rien dire.

Ma tristesse serait finie
Si le ciel, aimable Uranie,
Vous attirait auprès de nous
En cette demeure sauvage ;
Paris alors, au gré de tous,
Vaudrait moins que notre village.

Ne croyez pas que je désire
Qu'en ce désert il vous attire :
Quoi qu'il aille en cela du mien,
Mes vœux ne tendent qu'à vous plaire,
Et mon cœur vous veut trop de bien
Pour vous souhaiter le contraire.

Dans la plus charmante campagne
Un profond chagrin m'accompagne,
Dès le premier jour j'en suis fou ;
Et les seuls villages que j'aime,
C'est Rueil, Boulogne ou Saint-Cloud ;
Vous êtes à peu près de même.

Je hais les champs comme la peste ;
Le soleil m'y paraît funeste,
Je ne saurais dire pourquoi.
Sans choquer votre modestie,
Pour cette haine, vous et moi,
Nous avons de la sympathie.

Que faire au pays où nous sommes ?
Après deux ou trois galants hommes,
Les autres ne sont pas polis ;
Toujours leur sot esprit se guinde ;
Et ce sont d'étranges Philis
Que des Philis à poulets d'Inde.

Je vous apprends que ces dryades
N'ont pour moi que des beautés fades ;
Je suis à l'abri de leurs coups ;
Un plus noble souci me ronge,
Devant elles je songe à vous,
Et c'est partant à quoi je songe.

Nos prés, nos bois et nos fontaines
Ont pour vous des preuves certaines
De mon inviolable foi,
Et, dans ce climat solitaire,
Malgré l'absence je vous voi,
Mais c'est un bien imaginaire.

Mon cœur y soupire à toute heure,
C'est peu que soupirer, j'y pleure ;
Et si par la grâce des dieux,
Qui rend la vôtre sans seconde,
Je ne quitte bientôt ces lieux,
Je quitterai bientôt ce monde.


François Payot de Linieres

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